Bonjour et bienvenue à cette revue de presse ! Cette semaine, nous vous proposons un tour d’horizon des sujets qui font l’actualité sociale et économique en France et en Europe. En effet, la Commission européenne vient d’exprimer ses préoccupations face à la montée de la pauvreté et des inégalités territoriales dans notre pays. De leur côté, les départements se retrouvent à financer seuls la solidarité nationale, c’est ce qu’en dit l’ADF qui lance une campagne sur ce sujet. Par ailleurs, revenons sur l’essor des intelligences artificielles conversationnelles. Elles soulèvent des questions importantes. Leur impact sur la santé mentale, notamment chez les jeunes n’est plus à démontrer. Sans oublier les multiples liens susceptibles de vous intéresser, installez-vous confortablement et… Bonne lecture !
Depuis le 18 juin, les Départements financent seuls la solidarité nationale envers les plus fragiles
C’est un communiqué publié sur le site Départements de France qui a de quoi surprendre. Relayé par l’AFP, il annonce que depuis le 18 juin, les départements assument seuls, sans compensation de l’État, le financement des principales prestations sociales nationales. C’est en quelque sorte le jour du dépassement en solidarité nationale.
Ce parallèle avec le Jour du dépassement écologique permet de mieux comprendre la métaphore : tout comme l’humanité consomme aujourd’hui plus que la Terre ne peut régénérer, les départements montrent ainsi qu’ils prennent en charge, depuis mercredi dernier plus que ce qu’ils peuvent réellement assumer en matière de solidarité. Ce constat révèle d’une forme d’épuisement des ressources financières et humaines, mais aussi d’un déséquilibre dans la répartition des efforts collectifs.
En dix ans, la part des dépenses sociales dans les budgets départementaux est passée de 55% à 70%, soit plus de 23 milliards d’euros financés sur fonds propres : 12 milliards pour l’aide sociale à l’enfance, 5 milliards pour le RSA, 4 milliards pour l’aide aux personnes âgées et 2,3 milliards pour le handicap. Cette évolution met en péril la capacité des exécutifs départementaux à remplir leurs autres missions, telles que l’entretien des collèges, des routes ou le soutien aux communes.
Un tiers des départements se trouve désormais au bord de la rupture budgétaire, leur épargne nette ayant chuté de 8,5 milliards d’euros en 2022 à moins de 200 millions d’euros fin 2025. l’ADF dénonce le désengagement progressif de l’État, qui continue de fixer le montant et le nombre de bénéficiaires de ces aides sans en assurer le financement. Cette situation les oblige à réduire leurs investissements dans d’autres domaines essentiels et à alerter sur les conséquences sociales et territoriales de cette nouvelle donne. Ils appellent à une révision du mode de financement de la solidarité nationale afin de garantir la pérennité de leurs missions de proximité et la cohésion sociale. [ commentaire : ne soyez pas étonné(e) que dans certains départements de nombreux allocataires du RSA soient exclus du dispositif : c’est tout bénéfice pour les finances départementales qui font par ce biais de belles économies. ] (lire le communiqué de l’ADF)
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La Commission européenne inquiète du creusement des inégalités territoriales et de la pauvreté en France
Un article de la Banque des Territoires, signé Michel Tendil, nous détaille la récente décision de la Commission européenne de suspendre la procédure pour déficits excessifs à l’encontre de la France. Elle reconnaît les efforts réalisés par la France pour redresser ses finances publiques, notamment à travers des revues de dépenses et des réformes touchant la retraite des agents des collectivités locales. Sans surprise, elle demande aussi la baisse des cotisations sur le Smic. Pour autant, elle s’inquiète aussi de la précarité persistante des finances publiques françaises. Ça, c’est pour la doxa néolibérale qui demande toujours plus de sacrifices
Mais au-delà les aspects budgétaires, l’inquiétude de la Commission concernant le creusement des inégalités territoriales et la pauvreté. Cinq régions françaises se situent désormais sous les 75% de la moyenne européenne du PIB par habitant (Corse, Limousin, Franche-Comté, Lorraine et Picardie) et deux autres s’en approchent (Auvergne et Languedoc-Roussillon). Les entreprises françaises font également face à des délais de paiement supérieurs à la moyenne européenne et à une charge administrative jugée excessive.
Par ailleurs, la commission insiste aussi sur pauvreté qui s’est aggravée, particulièrement chez les enfants. On compte dorénavant plus d’un million de personnes supplémentaires en risque d’exclusion sociale, ce qui éloigne le pays de ses objectifs de réduction de la pauvreté.
Enfin, parmi cinq séries de recommandations à la France, la Commission insiste sur le volet précarité. Il est pour elle nécessaire que notre pays remédie aux pénuries de compétences et d’améliorer l’accès à l’éducation et à l’accueil de la petite enfance pour les ménages les plus défavorisés. Ces recommandations s’inscrivent dans une perspective de réformes structurelles profondes, conditionnant le retour à l’équilibre budgétaire et la cohésion sociale du pays. (lire l’article de Localtis)
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Les IA, nos nouvelles confidentes : quels risques pour la santé mentale ?

Dans son article publié sur The Conversation, Antoine Pelissolo analyse l’essor des intelligences artificielles conversationnelles, telles que ChatGPT, Claude ou Perplexity. Il nous rappelle les risques pour la santé mentale des utilisateurs. Depuis leur lancement, ces outils sont de plus en plus utilisés comme compagnons de conversation, notamment par les jeunes. Ils leur confient parfois des pensées intimes. Cette tendance soulève des inquiétudes quant à la banalisation des échanges avec des IA, qui peuvent donner l’illusion d’une relation humaine authentique sans en avoir la substance.
L’auteur liste plusieurs dangers associés à cette pratique : le risque d’isolement social, la dépendance émotionnelle et la diminution des interactions sociales réelles. Il cite le cas tragique d’un adolescent dont le suicide a été attribué à l’influence d’une IA conversationnelle, ce qui a conduit à la mise en place de nouvelles mesures de sécurité par la plateforme concernée. Une étude récente, impliquant plus de 900 participants, a montré que de longues conversations avec un chatbot vocal étaient associées à des sentiments de solitude accrus et à une dépendance émotionnelle, au détriment des relations humaines authentiques.
L’article souligne enfin que, si les IA peuvent apporter un soutien émotionnel ponctuel, leurs effets bénéfiques sur l’humeur sont généralement moins durables que ceux des interactions sociales réelles. Les personnes les plus fragiles, qui utilisent ces outils de manière excessive, sont particulièrement exposées à ces risques. Antoine Pelissolo appelle à une vigilance accrue et à la nécessité de développer des études scientifiques pour mieux comprendre l’impact de ces nouvelles pratiques sur la santé mentale. Toutefois, il encourage un usage raisonné et encadré des IA conversationnelles. (lire l’article de The Conversation)
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Dans votre agenda :
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Vous êtes allé(e) au bout de cette revue de presse ? Bravo et merci ! Merci aussi à Michelle Flandre qui m’a aidé à la réaliser. Michelle assure une veille sociale indispensable !
Photo : Pixabay « rien dans les poches »


