Emmanuel Macron veut « responsabiliser les gens en difficulté » car « il y en a qui font bien et il y en a qui déconnent »
BFMTV nous apprend que le président de la République s’est exprimé hier mardi à la mi-journée devant le Conseil municipal de Gasny, dans l’Eure au sujet de celles et ceux qui sont pauvres. « Il a alors dit vouloir « responsabiliser » les personnes en difficulté car, selon lui, certaines d’entre elles déconnent ». Mais il faut replacer ce propos choc dans son contexte : « Une partie du traitement de la pauvreté est dans la personne en situation de pauvreté, en les considérant, en les responsabilisant, en les aidant à s’en sortir. Ils sont tous acteurs. » a-t-il aussi dit. Il a ensuite affirmé que la solution ne résidait « pas dans le face à face à face entre ceux qui profiteraient d’un coté et ceux qui seraient les vache à lait de l’autre, comme j’entends parfois », ponctuant ici « ce n’est pas vrai ». Il a ensuite lancé au sujet de cette solution: « Elle est dans un travail collectif très fin où il faut des travailleurs sociaux, où il faut des gens qui sont en situation de difficulté mais qu’on va davantage les responsabiliser car il y en a qui font bien et il y en a qui déconnent. Mais ils sont tous acteurs.«
Dit ainsi c’est différent, mais comment cela peut-il être reçu ? Faut-il mettre en avant cette « responsabilisation » chère aux élus de droite (Laurent Wauquiez en tête) ? Personnellement je n’apprécie pas du tout les petites phrases clivantes et parfois un peu vulgaires. Sous couvert de langage populaire, elles sont reprises par les médias hors contexte. Ne serait-il pas plus simple de dire que certaines personnes pauvres en raison de leur état psychique ou psychologiques ne font pas les bons choix pour elles ? Monsieur Macron ne sait-il pas que quand une personne connait des échecs à répétition, elle ne sait plus ce que réussir veut dire et s’engage souvent dans des choix qui se retournent contre elle ? Parfois même elles abandonnent leurs démarches. faut-il pour autant les responsabiliser (en langage clair : les sanctionner) C’est aux travailleurs sociaux d’agir et ils le font plus souvent qu’on ne le croit. Même ces personnes là, les « mauvais pauvres » ont elles aussi besoin de bienveillance.
Le Québec, un eldorado pour les assistantes sociales ?
C’est la question que pose Aude Mallaury qui, dans un article pour le Guide Familial, nous apprend que non sans raison, le Québec attire les assistants sociaux français. 2 assistantes sociales interviewées font état des avantages et des inconvénients. Les avantages sont multiples : reconnaissance simple et facile du diplôme d’Etat, plus de moyens et de reconnaissances, management moins rigide qu’en France, salaires nettement plus élevés… Au titre des inconvénients, outre le froid l’hiver et la distance, «Il faut avoir à l’esprit qu’on est dans un système libéral, à l’américaine, avec un marché du travail flexible, moins de congés et de protection sociale.» Eh oui, notre modèle social garde certains intérêts. En tout cas précise Marie-Eve Chartré, responsable du service des admissions à l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec (OTSTCFQ) « Si nous ne sommes pas en pénurie de main d’œuvre, il y a en tout cas de nombreux postes à pourvoir, particulièrement en région, où les demandes sont les plus criantes. » (pour plus de détails, lire cet article sur le site du Guide Familial)
La lettre ouverte à ses concitoyens d’Yves Faucoup, ancien travailleur social : « Dans les cahiers de doléances, votez pour une hausse des minima sociaux ».
« Emmanuel Macron, dans sa lettre aux Français, fixe le cadre de la consultation, mais n’a pas un mot envers les habitants de ce pays qui galèrent le plus » écrit Yves Faucoup « il n’évoque les inégalités que pour dire que la France à un système social qui les réduit, mais il ne dit rien des « gens de rien », de ceux qui vivent des minima sociaux, en particulier du RSA et de l’ASS (allocation spécifique de solidarité), dont le montant pour une personne seule est inférieur de moitié au seuil de pauvreté. » …/…
Ainsi, la revendication première et d’urgence, au cours de la consultation nationale, devraient être : faciliter l’accès au revenu minimum et en augmenter le montant. S’il est considéré qu’une personne invalide ou retraité a besoin au moins de 900 € pour vivre, il n’y a aucune raison pour qu’un individu, qui ne trouve pas d’activité et qui n’a plus d’indemnités chômage, soit contraint à vivre avec moins de 500 € mensuels. Je fais un rêve : que les citoyens se rendent en masse dans les mairies, ne serait-ce que pour inscrire cette revendication essentielle dans les cahiers de doléances. (Lire la lettre à ses concitoyens sur Médiapart)
et aussi
Les travailleurs sociaux prennent de l’âge mais pas les éducs ni les as…
Le secteur social et médico-social vieillit, observe Unifaf, l’OPCA de la branche sanitaire, sociale et médico-sociale privée à but non lucratif. mais les chiffres apportés dans cet article du média social ne paraissent pas si inquiétants mais quand même : « la tranche d’âge la plus importante reste celle des 30-44 ans (37 %) », « seulement 16 % des salariés du secteur ont moins de 30 ans alors qu’ils sont 23 % dans l’emploi salarié en général en France » Mais mais mais…. » Cette tendance ne se confirme pas chez les éducateurs spécialisés ou les assistants de service social, qui restent des professions « jeunes ». (Yesss !) Idem pour les moniteurs éducateurs et les aides médico-psychologiques : plus de 60 % des salariés ont moins de 45 ans dans ces métiers. C’est presque autant chez les aides-soignants où ils sont 58 % ». (lire l’article du média social)
Photo : Emmanuel Macron hier au conseil municipal de Gasny (capture d’écran de la vidéo sur le site facebook de l’Elysee)
sélection des articles réalisée avec l’aide de Michelle Verrier Flandre