Point de vue : L’ETSUP ou l’urgence de dire…

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Dans ce point de vue, Stéphanie Fare, ancienne étudiante puis formatrice occasionnelle à l’École Supérieur de Travail Social ETSUP, nous rappelle l’importance pour elle de dire…

« Dire sans tarder toute l’injustice ressentie face à la fermeture annoncée le lundi 28 avril 2025 via Linkedln de ce centre de formation émérite et historique qu’est l’ETSUP, ouvert en 1917, grâce à un mouvement de femmes militantes de l’action sociale et du mouvement pour le vote des femmes. L’École Supérieure de Travail Social, de son nom, domiciliée longtemps et joliment Villa du Parc Montsouris, dans le 14ème arrondissement de Paris.

Dire que je connais l’ETSUP…

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Manifestation des étudiants de l’ETSUP devant la préfecture de Région

Je suis, pour la première fois, sur les bancs de cette école en septembre 1995, au milieu d’un climat social houleux en France. Entre attentats et grèves, je me projette sans certitude du haut de mes 22 ans, assistante sociale… J’ai quitté ma région natale pour me former. L’ETSUP, à taille humaine, m’apporte aussi la sécurité, le cadre dont j’ai besoin pour devenir adulte, apprenante en travail social et choisir une profession. La formation initiale, mêlant la théorie à la pratique et dispensée par de nombreux formateurs passionnés, me conforte dans le souhait que je peux penser et agir ma contribution sociale et professionnelle, auprès des personnes en difficultés, dans l’Hexagone.

Dire que j’aime sa façon de transmettre ses savoirs… Les connaissances et la passion des formateurs, la qualité des enseignements, la transmission des savoirs (savoirs, savoir-être, savoir-faire), ce qui n’est pas rien ! Il y a aussi les témoignages des professionnels engagés qui ont su, sans peine, m’emporter. Ils ont su me convaincre, durant les trois années de formation, que j’étais alors à la bonne place, dans ce monde, et que je la trouverais dans le secteur du social et du médico-social.

Dire que je n’ai pas quitté l’ETSUP depuis mon entrée en F.I…

manif etsup prefecture 3Deux décennies de pratique de service social se sont écoulées, sans quitter vraiment l’ETSUP.  J’y venais alors dispenser quelques cours, participer à divers jurys pour aussi me ressourcer. J’y venais aussi m’aligner sur ce que je voulais mettre en service, au quotidien, dans ma pratique professionnelle. Cela me permettait de rencontrer, de m’inspirer des professionnels de demain, des formateurs, anciens et nouveaux, toujours passionnés par ce qu’ils proposent/dispensent, aux nombreux étudiants, avec lesquels ils coconstruisent également leurs modalités d’intervention.

J’y retourne en septembre 2016, et sur les bancs de nouveau, souhaitant me réinventer professionnellement. Cette fois-ci en cadre de proximité, je rejoins une promotion de CAFERUIS. J’éprouve alors, durant 18 mois de formation, beaucoup de plaisir à apprendre, à explorer, à décortiquer mes savoirs expérientiels, à confronter mes idées avec mes collègues de promotion et les professionnels intervenants.

J’y vis aussi, certes, quelques désillusions. J’ai pu mesurer que la Réduction des coûts est toute aussi importante que la Qualité que l’on attend dans les prises en charge des personnes accompagnées. Cela vaut aussi dans le management que je dois appliquer auprès des équipes. J’ai choisi ainsi, et en toute connaissance de cause, l’ETSUP pour cette nouvelle formation supérieure, me légitimant alors, intimement, à postuler en tant que Cheffe de service, dans le secteur sanitaire, puis médico-social.

Dire que l’ETSUP est centenaire !

J’ai eu l’opportunité également d’être présente à la célébration des 100 ans de l’Association des surintendantes d’usine et de services sociaux. Une manifestation s’intitulant « Travailleurs social au XXIème siècle », dans les Salons de l’Hôtel de Ville de Paris les 6 et 7 février 2018, il y a donc seulement sept ans. Une belle fête, un hommage réussi et des retrouvailles chaleureuses.

Mais surtout un rappel de l’Histoire, de combats et de victoires, à poing levé. Qu’il nous faudrait oublier aujourd’hui ?

Dire que je veux soutenir, sinon défendre l’ETSUP, comme une amie

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Manifestation des étudiants de l’ETSUP le siège de la Région IDF.

Je savais, comme beaucoup de personnes s’y intéressant, que l’ETSUP traversait une période difficile depuis quelques années. Mais m’ayant « élevée » professionnellement parlant, l’ETSUP me semblait indestructible, de par tout ce qu’elle a apporté et représente, encore aujourd’hui dans le champ de la formation en travail social !

Cette annonce de fermeture prochaine de l’ETSUP m’a littéralement coupé l’herbe sous le pied, pour ne pas dire percutée en plein envol, lundi. L’ETSUP, ce sont de riches enseignements, un partenariat de longue date avec Paris X-Nanterre et le domaine des Sciences de l’éducation. Ce sont  aussi des emplois, des parcours de formation, des étudiants, des stagiaires, des professionnels engagés sur des sites qualifiants. Ils reprsentent une partie de la main d’œuvre dont on a tant besoin dans nos secteurs, tournés vers la relation d’aide, l’humain, ses vulnérabilités et ses forces.

Dire que la société ne favoriserait plus l’humain aujourd’hui mais la monnaie…

C’est peu de dire que j’éprouve de la colère, pour ne pas dire du dégoût, sans oublier la tristesse face à la réduction des moyens financiers, matériels, humains que nous devons encore supporter. Comment ne pas subir, dans nos secteurs d’intervention, qu’ils soient sociaux, médico-sociaux, sanitaires et de la formation en faveur du travail social ? N’oublions pas que nous agissons à destination de personnes dites en difficultés. Elles aussi sont au premier chef concernées.

DIRE qu’il est URGENT DE RÉSISTER, c’est assurément croire à des jours meilleurs et peut-être les faciliter, non ?

 

Stéphanie Fare est coach certifiée professionnelle, spécialisation Coaching d’équipe. Animatrice de G.A.P.P. (Groupe d’analyse des pratiques professionnelles), formatrice en Travail social et consultante en bilans de compétences.

 


La photo en une a été fournie par l’autrice de ce point de vue.

Les photos dans le texte sont issues de la mobilisation des étudiant(e)s de l’ETSUP devant la Préfecture de Région. Merci à Fanny Nlandu Mbongo.

Si comme Stéphanie, vous souhaitez publier une tribune sur un sujet de votre choix dans ma case intitulée « point de vue », n’hésitez pas à me contacter. didier[@]dubasque.org (retirez les crochets « [ » et « ] » mis là pour éviter que des robots s’en emparent). J’étudierai votre proposition de texte. Merci à vous.

 

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