Insécurité des familles d’accueil : des négociations pour « rénover » le métier d’assistant familial
Fin 2017, quelque 76.000 mineurs et jeunes majeurs – soit plus de la moitié des enfants placés – étaient hébergés en famille d’accueil. Pourtant, cette profession est confrontée à une précarisation statutaire et financière, aggravée encore par un sentiment de solitude du fait des carences d’accompagnement face à un mal-être de plus en plus importants de certains enfants protégés.
« Il y a pour moi urgence à agir« , a déclaré Adrien Taquet, secrétaire d’État chargé de la Protection de l’enfance, en ouverture d’une première réunion de travail, faisant état « de tensions et de fragilités importantes » dans cette profession. Une négociation collective réunissant les représentants des professionnels concernés, les conseils départementaux et les employeurs, doit aboutir à une « feuille de route » à la rentrée prochaine .La question de la sécurité des enfants au sein de certaines familles devrait également être abordée avec la création d’un fichier national…
Les sujets sont nombreux : manque d’attractivité du métier, problèmes de répartition géographique, pyramide des âges défavorable – les assistants familiaux, en majorité des femmes, ont 53 ans en moyenne -, rémunération inégale selon les employeurs (associations ou départements).
De jeunes majeurs sans-papiers occupent une église à Grenoble
Cela fait une semaine qu’ils occupent l’église Saint-Paul à Grenoble. En formation dans la journée, ils dorment dehors la nuit. Pris en charge jusqu’à leurs 18 ans par le Conseil départemental de l’Isère, au-delà c’est la rue.
La demande de cette vingtaine de jeunes ? Un contrat jeune majeur qui leur permettrait de poursuivre leurs études jusqu’à 21 ans. Cette action a été initiée par l’association Droit Au Logement (DAL) et est soutenue par une vingtaine d’autres associations comme La Ligue des Droits de l’Homme, Médecins Sans Frontières ou Migrants en Isère, certains syndicats et des partis politiques (EELV et France Insoumise).
« Cette année je devrais finir mon CAP » explique l’un des jeunes interrogé par France Bleue. « Je vais aller à l’école mais mes profs me demandent ce qu’il y a… De plus en plus, tout ceux qui ont une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français), ils ont déjà leur contrat, un patron et la Préfecture refuse de renouveler leurs cartes. » «
En 2019, 563 jeunes de l’aide sociale à l’enfance sont arrivés à majorité. Sur ces 563 jeunes, 367 d’entre eux sont d’anciens mineurs non accompagnés et parmi eux 76% ont bénéficié de ce contrat jeune majeur.
(lire l’article de France Bleue)
Chloé, étudiante tétraplégique, lance une cagnotte pour financer son Assistante de Vie Scolaire
Claudine Colozzi journaliste du magazine « faire-face » nous alerte sur la situation de Chloé, âgée de 21 ans. Elle a suivi une scolarité exemplaire, décrochant le concours d’entrée à Sciences Po Grenoble en 2019.
Mais voilà, à sa naissance, son cerveau a manqué d’oxygène. Elle vit une situation de tétraplégie. Ce qui la rend totalement dépendante pour tous les gestes quotidiens ainsi que pour sa communication orale. Elle a besoin d’une auxiliaire de vie scolaire pour continuer sa scolarité et l’accompagner au quotidien.
Mais, les plans d’accompagnement prévus par les universités ne concernent que les aides à l’apprentissage (assistant de communication, aide à la prise de note, aide au travail en bibliothèque…) … pas les aides humaines nécessaires à l’accomplissement d’actes de la vie quotidienne (aide pour manger, boire, aller aux toilettes …)
Cette AVS coûte 25 000 euros par an. La fondation de Sciences Po a apporté une aide à hauteur 10 000 euros. Elle vient de lancer une cagnotte pour financer le reste.
Quel ton adopter pour commenter une telle information : indignation, colère, ressentiment ? Il revient au lecteur de faire son propre choix.
(lire l’article de fraire-face) (soutenir Chloé avec sa cagnotte qui a déjà recueilli près de 15.000 euros)
et aussi
Baisse des effectifs de formation dans l’aide à la personne
Le nombre de postulants à l’aide à domicile a été divisé par quatre, passant de 6 000 à 1 500, celui du travail en institution se réduisant de 8 100 à 7 600.En 2018, 9 500 élèves sont inscrits en première année de formation pour obtenir le diplôme d’État d’accompagnant éducatif et social (DEAES) créé en 2016, en remplacement de celui d’auxiliaire de vie sociale [DEAVS])et d’aide médico-psychologique (DEAMP). Ils étaient 14 100 en 2010 !
Peu valorisées et faiblement rémunérées ces professions justifient pleinement que l’on porte attention à elle. Ce sont les plus fragiles et notamment les personnes dépendantes qui bénéficient de leur accompagnement. C’est-à-dire chacune et chacun d’entre nous … à terme !
Cette revue de presse a été rédigée par mon collègue Tom Léducspé qui comme son nom l’indique est travailleur social… Merci à lui !
photo : MMarsolais Familiale Certains droits réservés