Coronavirus – Journal d’un médecin : les assistantes sociales de l’hôpital, héroïnes de l’ombre
Une fois n’est pas coutume, un médecin hospitalier vient de rendre un hommage appuyé aux assistantes sociales sur France Bleu. Le professeur Louis Bernard est infectiologue, chef du service des maladies infectieuses au CHU de Tours, ancien chef de clinique à Paris. Il livre tous les matins à la radio ses pensées sur la crise sanitaire due au coronavirus, à laquelle il est confronté dans son hôpital.
… »Nous appelons les services sociaux. Ce sont les grands oubliés des discours politiques. Marie, l’assistante sociale est directe, simple, efficace : non, vous ne pouvez pas, vous ne devez pas faire sortir Madame P. Marie, attentive, est un rempart humain. Elle oppose toujours la fraternité à nos exigences techniques, matérielles. ../.. Le service social hospitalier vit dans la discrétion : « Sans bruit, elles tendent la main aux hommes et femmes pour qui la vie est une bataille permanente ». (lire ce témoignage publié par France Bleu)
Covid-19 : « Les établissements pour handicapés sont la cinquième roue du carrosse »
Caroline Wodli, aide-soignante en Alsace, n’a pas hésité à prendre la parole. Elle travaille au Mont des Oiseaux, un établissement pour enfants et adultes handicapés situé dans l’une des régions les plus touchées par le Covid19, personnel et direction travaillent depuis le début de l’épidémie avec des « bouts de ficelle ». …/… « Depuis une dizaine de jours on commence à parler des EHPADS et du drame qui s’y passe, mais ils sont la partie émergée de l’iceberg. Nous, on est juste derrière ». Nous, c’est le milieu du handicap et plus précisément ses établissements spécialisés restés ouverts pendant la crise sanitaire explique la journaliste Clara Hesse.
« Entre les discours officiels et le terrain il y a parfois un monde ». Dans l’établissement alsacien, les visites aux résidents ont été interdites le week-end du 14-15 mars et ceux qui avaient pour habitude de rentrer dans leurs familles ont vu leur séjour annulé. « Ces dernières ont eu moins de vingt-quatre heures pour se retourner : les parents qui ont fait le choix de récupérer leur enfant durant ce week-end ont été prévenus qu’il n’y aurait plus de retour possible dans l’établissement jusqu’à nouvel ordre »,
«Si le Covid-19 réapparait dans nos murs, on n’est toujours pas équipés. Ce n’est pas avec un seul extracteur pour l’ensemble de l’établissement qu’on va s’en sortir, on n’a même pas de respirateur ! La situation pourrait s’enflammer rapidement et dans ce cas j’ai peur que les personnes malades ne soient pas prises en charge comme il se doit. Il ne faut pas se leurrer, si l’hôpital est saturé, il faudra faire des choix.» Au Centre Hospitalier Intercommunal situé à 3 kilomètres de l’établissment, un infirmier a déjà prévenu : « Vos résidents vous pouvez les oublier, ils ne sont pas hospitalisables.» (lire l’article de Beaview)
«Les agents ne comptent pas leurs heures, mais la direction, elle, compte nos minutes»
La colère monte à Saint Girons : le 9 avril, la direction de l’hôpital a informé que la pause méridienne de 20 minutes serait désormais décomptée du temps de travail de tous les agents travaillant huit heures par jour. Un courriel envoyé à l’encadrement, indique que « les codes affectation d’une durée de huit heures seront tous modifiés, leur durée passe à 7 heures 40 ». Au moment même où les soignants accomplissent des exploits pour faire face à l’épidémie, des plans d’économies venant dégrader les conditions de travail continuent à être appliqués. Cette directive spécifique à cet hôpital est particulièrement malvenue.
Est-ce là la concrétisation de la « reconnaissance de la Nation à ces héros en blouses blanches », « ces milliers de femmes et d’hommes admirables qui n’ont d’autre boussole que le soin » et qui ont « tous répondu présents » qu’exprima Emmanuel Macron lors de son discours du 16 avril ? Une soignante d’EHPAD lui a en tout cas répondu avec franchise : elle refuse la prime promise. Voici son message :
https://www.youtube.com/watch?v=dtPiwo_bcOs
et aussi
Ne pas oublier le le milieu de la prostitution
« Un fonds d’urgence doit être créé afin de permettre un revenu de remplacement le temps du confinement, sans condition de régularité de séjour ». Cet extrait est tiré d’une lettre écrite il y a plusieurs jours par la Fédération Parapluie Rouge et transmise au chef de l’État.
Pour Lionel Arsiquaud, éducateur spécialisé pour l’Amicale du Nid, il n’y a pas de doute le confinement n’est pas synonyme de l’arrêt de la prostitution. » Il y a eu une baisse énorme de l’activité traditionnelle, sauf dans deux secteurs marseillais toujours actifs avec un minimum de présence sur place « .
Plus généralement, ce milieu comme beaucoup d’autres, payent inévitablement le prix économique de la situation actuelle. En outre, pas de gestes barrières, pas de distanciation sociale, pas de masques. Les personnes en activité prostitutionnelle sont actuellement ultra exposées et le seront toujours après le confinement. Plusieurs associations, qui ont dû cesser leurs maraudes, rapportent des cas d’expulsions de travailleuses du sexe dans l’incapacité de régler leur chambre d’hôtel (qui ont parfois décider de fermer) ou leurs loyers. (lire l’article de maritima médias)
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Cette revue de presse a été rédigée en partie par mon collègue Tom Léducspé… Merci à lui pour ce coup de main. Cette sélection des articles a été réalisée avec l’aide de Michelle Verrier Flandre