Marseille : L’avocat contre les juges pour enfants… et les services sociaux
Après le tribunal réel voici venir le tribunal médiatique. Dans une vidéo qu’il a diffusé sur Facebook, un avocat du barreau de Marseille dénonce ce qu’il appelle les « dérives du système de placement d’enfants en foyer ou famille d’accueil ». Il s’en prend assez vivement aux magistrats « ils peuvent faire ce qu’ils veulent et surtout n’importe quoi ». Il s’en prend aussi aux services sociaux estimant qu’ils sont dans la « toute puissance ». Le journal La Marseillaise estime que dans cette vidéo vue 711 000 fois, « l’ancien membre du conseil de l’ordre paraît sincère mais parfois excessif ». C’est le moins que l’on puisse dire.
« S’emparant d’un contentieux qui n’était pas sa spécialité », ce pénaliste n’y va pas de main morte : « Dans les 92 dossiers que j’ai, je vois toute la violence d’un système qui dénie la souffrance des parents et des enfants.» Sans compter, ajoute-il, que «ce système qui prétend protéger l’enfance l’abandonne à la rue le lendemain de ses 18 ans. Les enfants sont posés dehors alors que même en prison, on prépare les sorties !». (La plaidoirie est aussi l’art de passer de situations individuelle à des sujets d’actualité).
« Les dérives, il ne les compte plus, comme cette « petite maman » dont on place le nouveau-né pour une petite déprime un temps durant la grossesse, ou ces mots surinterprétés d’un enfant sur son grand-père ». Effectivement c’est un avocat qui s’exprime, pour lui, ce que dit l’enfant est excessif… Rien sur les éléments qui conduisent les juges à se prononcer. Mais où va-t-on avec ces pratiques ? J’avais cru comprendre qu’il était reproché aux travailleurs sociaux de ne pas assez protéger les enfants en les maintenant dans leurs familles. Mais là c’est l’inverse… Personne ne sait apparemment que le placement est un dernier recours quand tout le reste a échoué. (lire l’article de David Coquille pour le journal la Marseillaise)
Radicalisation: le travail discret et patient des cellules de prévention
C’est un reportage de l’AFP diffusé par l’Obs mais aussi le Point : « Les cellules de prévention de la radicalisation et d’accompagnement des familles (CPRAF), « chevilles ouvrières » de la lutte contre l’extrémisme, œuvrent souvent dans l’ombre, mais surtout le plus loin possible des polémiques sur ce sujet inflammable. « En matière d’accompagnement social, nous faisons de la dentelle », explique à l’AFP la préfète du Cher, Catherine Ferrier. Autour de la table, des travailleurs sociaux et médico-sociaux, de l’Education nationale, du conseil départemental, de la CAF, de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) ou encore du service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip). On y évoque le cas anonyme d’un jeune homme d’une vingtaine d’années qui fait l’objet d’un suivi approfondi sur l’accès à une formation et son chemin vers l’emploi… (lire l’article AFP sur l’Obs ou sur le Point)
Enfance en danger : les écoutants du 119 réclament des moyens
Le numéro téléphonique 119, dédié à l’enfance en danger, pourrait répondre à tous les appels s’il obtenait des renforts, ont souligné des cadres et écoutants du centre où s’est rendu ce vendredi dernier Adrien Taquet, secrétaire d’Etat en charge de ce dossier. «Il faut qu’on réussisse à dégager davantage de moyens pour permettre au 119 d’être plus efficace», a reconnu le secrétaire d’Etat à la protection de l’enfance. Actuellement, «neuf appels sur dix sont pris» par les opérateurs de l’accueil, mais «six fois sur dix, on doit demander à l’interlocuteur de rappeler» car aucun écoutant n’est disponible pour poursuivre la conversation, a regretté Violaine Blain directrice générale du groupement d’intérêt public (GIP) Enfance en danger (lire l’article du Figaro)
et aussi
Faut-il interdire les Ehpad privés à but lucratif ?
C’est la question pour le moins surprenante posée par Télérama suite à plusieurs reportages (Envoyé Spécial, il y a une dizaine de jours, et Zone interdite plus récemment) qui montre un état de « la situation scandaleuse qui s’est installée en France dans ces établissements que l’on intègre désormais malgré soi… » Cet article donne la parole à Monique Iborra et Caroline Fiat 2 députées (LRM et FI) qui ont coordonné un rapport faisant suite aux travaux de la mission sur les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. « Avant notre rapport » indiquent-elles « personne ne disait les choses aussi clairement. Le problème du vieillissement était examiné sous le prisme financier, jamais sous les angles démographique, sociétal, ou humain. Par ailleurs, il y a une dizaine d’années, « ont fermé des lits d’hôpitaux de longue durée, alors qu’en parallèle, les progrès de la médecine permettaient d’allonger la durée de vie — celle des femmes, surtout. Or on n’a pas cherché à adapter l’organisation de ces établissements à leur fréquentation toujours plus grande… » …/… Les gouvernements précédents ont « encouragé le secteur privé à investir et construire des maisons de retraite, souvent des établissements quatre étoiles. Que les investissements aient été principalement consentis par les privés commerciaux, tous les gouvernements l’ont admis. Or aujourd’hui, la qualité d’accueil de ces établissements n’est pas supérieure à celle que l’on trouve ailleurs ! » (lire l’article de Télérama)
Photo : OhLizz Prise le 16 avril 2012 Certains droits réservés
Une réponse
Un peu démago, quand même, cet avocat marsellais qui nous fait une mauvaise plaidoierie, en ne disant que ce qui l’arrange et en passant sous silence ce qui pourrait gêner sa démonstration. Ainsi, on ne sait rien des raisons ayant amené le juge à ordonner le placement. On apprend juste que les quatre enfants on été placés après qu’ils soient arrivés en retar à l’école !!! S’il fallait placer tous les enfants arrivant en retard à l’école, il faudrait décupler les capacités d’accueil de la protection de l’enfance. Pas étonnant que les travailleurs sociaux présents à l’audience aient souri à entendre un argumentaire d’aussi mauvaise foi. Cet avocat l’interprète comme de la morgue. Il ferait mieux de réécouter ses propos. Son enregistrement le lui permet. Rien que pour rire, notons quelques perles : le père a un accident, la mère décède. Et notre maître du barreau habitué aux envolées lyriques des assises de scander « il la tue » moment de pause. On est surpris. Puis, après une légère respiration, il rajoute « par accident ». S’agit-il d’un effet de manche ou s’est-il rendu compte de l’énormité de ce qu’il venait de dire ? On ne le saura jamais. Autre propos plutôt cocasse : « on n’a pas le droit d’attoucher sexuellement les enfants des autres… il faut le savoir ». C’est vrai qu’il faudrait informer plus largement les populations qui ne le savent pas assez : on n’a pas droit d’attoucher sexuellement les enfants… enfin ceux des autres, les siens, c’est différent. Maladresse langagière bien sûr, mais c’est plutôt marrant.
Pour autant, l’éparpillement des quatre enfants constitue une vraie question : choix ou manque de place pour les réunir ? Nous ne demandons que cela de dispose de MECS ayant la place nécessaire pour accueillir une fratrie de quatre d’un seul coup ! Tout comme, d’ailleurs, le mélange de tant de problématiques au sein d’un même établissement, provoquant parfois une promiscuité compliquée à gérer.
Mais, comme cela se passe traditionnellement, la protection de l’enfance se taiera, n’étalant pas sur la place publique des éléments du dossier dont seul le magistrat a connaissance, ainsi que cet avocat qui, lui , s’exprime publiquement en triant ceux qui l’arrange et taisant ceux qui poseraient problème dans sa démonstration.