La colère, un affect idéologiquement compatible / Suppressions de postes à l’Éducation Nationale / Protection de l’enfance : tout a été bousculé

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« La colère, affect idéologiquement compatible »

Dans son numéro de juillet, le « pas de côté » publie un article de Saül Karsz sur la colère.  Elle est devenue un signifiant universel, un passe-partout, capable de désigner des situations fort disparates, tout en étant vécue par des gens bien différents. Saül prend exemple sur celle policiers en colère contre leur ministre, celle exprimée par le Président à son tour en colère contre les «milieux universitaires» (?) qui ont «ethnicisé la question sociale»

Des colères, il y en a plein ; celles contre le traitement infligé à des enfants (violences parentales) et des femmes (violences conjugales), que le confinement a exacerbé. Sur leur feuille de salaire, des salariés découvrent avec colère qu’ils ont travaillé à temps partiel pendant le confinement, même si en réalité ils ont travaillé à temps complet (le salaire différentiel étant payé par une subvention de l’Etat, c’est-à-dire les impôts des citoyens, à leur tour en colère)….

Les colères se nourrissent d’idéologies dont elles sont les porte-parole et d’orientations politiques qu’elles confortent ou au contraire refoulent. Elles en constituent un condensé plus ou moins saisissant nous précise Saül Karsz. Et il va bien plus loin « Faire de la colère le signifiant-maître des gilets jaunes, des policiers, des personnels sanitaires, des enseignants, c’est prétendre qu’idéologies et politiques brillent par leur absence -absence qui brille si ostensiblement qu’elle rend aveugle. ../… Appliquée à toute situation, conflit et polémique, elle excelle à noyer le poisson (lire le texte de Saül Karsz sur le nouveau site de Pratiques sociales)

Suppression de postes d’AS scolaires dans les lycées : une mesure opaque et innaceptable

Une vingtaine de professeurs et des représentants syndicaux ont manifesté le 8 juillet devant le rectorat de Strasbourg, contre la suppression des assistants de service social (ASS) dans les lycées. Cette suppression est directement liée à la circulaire du 22 mars 2017 qui privilégie les collèges des réseaux d’éducation prioritaire (REP) et du secteur rural, les établissements avec internat et les lycées professionnels, mais pas les lycées d’enseignement général et technologique. Concrètement, cela signifie que Les assistants sociaux en poste dans ces établissements sont redéployés vers certains collèges, sans être remplacés.

Le 6 avril 2020, Jean-Michel Blanquer rendait hommage à cette profession, leur affirmant : « votre rôle est donc complet vis à vis du système scolaire» ou encore « votre rôle est crucial pour permettre d’affronter cette épreuve pour les enfants et leurs familles ». Le ministre ne se contente pas de remercier les assistants de service social en leur marquant se reconnaissance. Il les remercie, en supprimant le poste de certains d’entre eux dont le rôle s’avère pour le coup bien moins « crucial » ! (lire l’article de rue89)

Suppression de postes d’éducateurs spécialisés dans la lutte contre le décrochage scolaire

Décidément, il ne fait pas bon être travailleur social au sein de l’Education nationale, ces temps-ci. Après la suppression des postes d’assistants de service social scolaires qui vient d’être évoqué, c’est aussi le tour des éducateur spécialisés.

Une quinzaine d’entre eux qui étaient affectés aux treize dispositifs relais de l’éducation nationale dans les collèges des Yvelines, vont être licenciés, début août. Leurs postes seront remplacés par des assistants d’éducation. Cela fait une douzaine d’années que ces suivis de grands décrocheurs étaient assurés avec succès concernant jusqu’à 250 élèves de 4ème et 3ème chaque année.

A l’heure où la lutte contre le décrochage lié à la pandémie apparaît comme prioritaire dans les discours officiels, on mesure à travers cette décision combien de la le monde d’après ressemble de plus en plus au monde d’avant. (lire l’article du Parisien)

Protection de l’enfance : «Tout a été bousculé, on a fait comme on a pu»

Retour en urgence d’enfants dans leur famille, suivis et évaluations plus difficiles, disparités entre départements… La pandémie a bouleversé le fonctionnement de l’Aide sociale à l’enfance explique Thémïs Laporte auteur de cet article paru dans Libération.

Il fait référence à une enquête réalisée par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) à la demande d’Adrien Taquet. Publiée début mai, elle permet de se faire une idée de la mobilité des mineurs pendant cette crise. Sur la seule semaine du 30 mars au 5 avril, dans 30 % des établissements de l’ASE, une partie des enfants suivis ont dû quitter leur lieu de vie principal (foyer d’accueil ou domicile) ; pour les trois quarts des établissements concernés, l’objectif principal était de privilégier un retour en famille pour le confinement.
Plusieurs juges des enfants donnent leurs avis car les situations n’ont pas été juridiquement très claires :  « Juge des enfants à Nantes, Kim Reuflet découvre des situations depuis la réouverture du tribunal, le 18 mai : « L’ASE a incité les maisons d’enfants à caractère social (MECS) à faire baisser le niveau des groupes. Alors elles ont sélectionné, avec leurs critères. Parfois, c’était complètement hors des clous juridiquement. Mais dans l’ensemble, ils ont choisi avec discernement. » …/… A Lille, la juge Judith Haziza refuse cependant tout emballement : «Ces huit semaines ne représentent pas les conditions réelles d’exercice de prise en charge. Il n’y avait pas d’école, de sortie possible ». (lire l’article de Libération)
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La sélection des articles a été réalisée avec l’aide de Michelle Verrier Flandre et de Tom Léducspé qui a aussi rédigé 2 articles de cette revue de presse. Merci à eux

 

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