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La CMU n’est pas une maladie ! : lorsque les allocataires du RSA prennent la parole…

La semaine dernière avait lieu la rencontre annuelle des allocataires du RSA réunis au sein de « groupes ressources » du Département où je travaille. Ces groupes  sont composés d’allocataires et de travailleurs sociaux (en majorité des assistantes sociales) qui prennent des initiatives et initient des actions qui visent à améliorer la situation de celles et ceux qui ne disposent que de ce minima social pour vivre. Réunis en groupes de travail sur une matinée, les personnes ont établi des constats et formulé des propositions dans les domaines du transport, de la santé et plus largement dans la gouvernance du dispositif RSA… Voici ce qu’ils ont dit 

La santé : « La CMU n’est pas une maladie » dira fort justement un des participants à ce groupe. Il est constaté une véritable discrimination à la CMU par des professionnels de santé, notamment les spécialistes : dentistes, ophtalmo…  Certains se sont vus refuser des rendez-vous. Les allocataires dénoncent aussi des dépassements d’honoraires. Il est proposé qu’une campagne de sensibilisation traite de ce sujet. Autre sujet d’incompréhension : « pourquoi à l’heure de l’informatique, faut il ré-instruire des demandes de CMU de a à z lorsque qu’une personne touche à nouveau le RSA ? Cela devrait être automatique. Les incidents à l’accès à la CMU semblent se multiplier… Certains ont regretté que les médecines « douces » ne soient pas reconnues. Proposition a aussi été faite de saisir l’ordre des médecins pour les situations de refus systématiques de prise en compte de la CMU.

Le transport : Les allocataires constatent que s’il existe bien des transports en commun permettant de se rendre dans les centres villes et les zones commerciales pour aller dépenser ses sous, les dessertes des zones où se situent les entreprises n’existent souvent pas. Lorsque c’est le cas, elles sont mal desservies ou ne prennent pas en compte les horaires décalés. Les tarifs sont différents selon les communes et les sociétés de transports. Il et proposé d’instaurer un tarif social unique sur tout le territoire  que ce soit en zone urbaine qu’en zone rurale. A la campagne, le besoin d’une voiture est essentiel. Les allocataires souhaitent la mise en place de garages solidaires. Des lieux permettant de réparer sa voiture et de l’entretenir en étant conseillé avec un tarif supportable pour les personnes qui vivent avec des minimas sociaux.

Relations avec les administrations : Rien ne va plus avec la CAF. Le 1er reproche exprimé par les allocataires porte sur l’absence de confidentialité lors de l’utilisation des bornes Internet mise à disposition du public dans les espaces de la CAF. La proximité entre usagers  autour de ces bornes qui sont animées par des jeunes en contrat précaire agace un peu (beaucoup pour certains).  Le second reproche porte sur un manque de coordination entre les différentes  institutions sociales qui font un « mauvais maillage » et font que les allocataires perdent leurs droits. Il est exprimé le souhait qu’il y ait un professionnel référent de l’allocataire quelle que soit l’institution qui accompagne ( pôle emploi, unité emploi ou les assistantes sociales des centres médico-sociaux) et dans ce trio ce sont les assistantes sociales qui sont, selon les allocataires, les mieux placées pour coordonner les projets d’insertion qu’ils soient sociaux ou professionnels. « On ferait comme du temps du RMI ce serait mieux » me dira en aparté une dame d’un groupe ressource qui visiblement avait par le passé bénéficié de cette allocation…

La numérisation et l’obligation pour les allocataires de passer par internet pour accéder à leurs droits et aux informations qui les concernent pose aussi problème. C’est un point qui est revenu plusieurs fois dans les échanges avec comme exemple, la CAF (encore) mais aussi pôle emploi, 2 institutions qui n’étaient pas présentes lors des échanges et qui auraient eu intérêt à entendre cette parole assez spontanée. Les allocataires estiment que finalement, s’il y avait un logiciel unique entre pôle emploi, caap emploi (une structure qui accompagne) et les unités emploi, ce serait bien plus simple. Certains ne voient pas non plus ce que pôle emploi peut leur apporter de plus q’ils ont déjà avec les associations d’insertion et les unités emploi du Département… Ils ont ensuite exprimé un certain nombre de propositions :

  • « Que les gens qui les accueillent à la CAF soient formés et connaissent le RSA » (!) 
  • « Qu’il y ait un référent unique pour arrêter d’être « ballottés » entre plusieurs professionnels »
  • « Que le dossier informatisé soit le même pour tous pour qu’on s’y retrouve et éviter de répéter les mêmes informations »
  • « Que se développent des réseaux solidaires pour permettre d’apprendre à gérer ses droits par internet »
  • « Qu’il y ait des aides pour s’équiper d’un ordinateur et d’une connexion ».

Il est intéressant de remarquer que les constats avaient déjà été posés par les assistants sociaux qui accompagnent les allocataires. Ceux ci nous avaient déjà alerté sur la fracture numérique qui se met en place actuellement. Le fait que ces constats soient aussi exprimés par les personnes concernées permettra-t-il  de prendre des disposition en vue de résoudre les difficultés ? C’est encore à vérifier. En tout cas nous avons tous à gagner en prenant en compte la parole de celles et de ceux qui sont accompagnés par les services sociaux. Leurs idées et propositions sont pleines de bons sens, valeur qui parfois manque un peu au sein de nos institutions qui ont souvent une fâcheuse tendance à complexifier les dispositifs plutôt que de les simplifier….

 Photo credit: Elizabeth Haslam via Visualhunt / CC BY-NC

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