Comment traduire cette peine immense… #jesuischarlie

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Comme vous sans doute, je suis submergé par l’émotion face à la froide exécution des journalistes de Charlie Hebdo. Comment trouver les mots après la disparition violente de Wolinski, Cabu, Charb, Tignous, Bernard Maris et de leurs collègues ? La barbarie d’un autre temps est de retour. Elle frappe de plein fouet non plus par les mots, mais par les actes les plus horribles qui soient. On ne discute pas,  on tue. Le fanatisme religieux est là poussé à son extrème et nous met face à nous même.

Comment réagir, que faire, que dire ? Certes nous allons manifester notre dégout de cette violence qui nous renvoie aux profondeurs du moyens âge et des guerres de religions.  Ces 2 ou 3 fous furieux gagnent sur beaucoup de plans. Déjà leur acte est vénéré par les islamistes radicaux dans tous les pays où ils agissent en toute impunité. Ils vont obliger  à renforcer les mesures de sécurité et les logiques policières. Ils nous conduisent à  à la défiance vis à vis des étrangers et des musulmans qui pourtant sont majoritairement des hommes et des femmes de paix qui ne souhaitent qu’à vivre en harmonie dans notre pays.

C’est l’idée même de République qui est attaquée de la façon la plus abjecte qui soit. Quel courage, d’aller avec des armes de guerre tirer sur des personnes sans défense. La volonté de tuer froidement nous rappelle que l’inhumanité existe aussi et que nous sommes  désarmés face à cela. J’imagine déjà avec tristesse comment les « va-t-en guerre » vont pouvoir utiliser ce drame pour défendre les thèses les plus réactionnaires qui soient.

Si vous lisez régulièrement Charlie Hebdo, vous savez combien les idées et les journalistes de ce journal défendent la laïcité, le droit des femmes et s’opposent à tous les intégrismes. L’humour et la dérision sont des armes encore suffisamment dangereuses pour que des extrémistes utilisent la pire des violences qui existe : donner la mort.

Les travailleurs sociaux sont des hommes et des femmes de paix. Ils croient dans la parole réparatrice des maux les plus durs à supporter. Ils ont fait le choix dans leur grande majorité de se mettre au service des plus fragiles, des victimes, de celles et de ceux qui souffrent, souvent en silence. Ils défendent l’esprit républicain. Ils sont des républicains car ils respectent les valeurs de la Constitution : Liberté pour les hommes et les femmes de s’exprimer, d’aller et venir, de vivre dans le pays en paix. Egalité entre les hommes et les femmes dans le respect des différences. Fraternité : ce qui nous anime car notre éthique est celle de Paul Ricoeur « agir avec l’autre comme s’il était un autre nous même ». La Fraternité c’est la main gauche de l’Etat celle de la protection sociale, de l’hôpital, des services publics tels l’aide sociale qui se déploie aussi bien dans les CCAS que dans les associations ou collectivités territoriales. La fraternité c’est la solidarité entre tous. Ce qui fait que nous sommes frères tout en étant différents les uns des autres. C’est ce qui fait que nous agissons face aux violences conjugales, contre les enfants et les personnes vulnérables. C’est ce qui nous conduit à aider et à protéger.

La montée des intégrismes ne doit pas nous faire peur. Nous devons résister fermement face à cette barbarie même si aujourd’hui elle nous accable. Tenir bon dans nos convictions, ne pas être envahi ni par la peur ni par la haine. Il nous faut nous rassembler et faire corps commun et promouvoir encore plus aujourd’hui et demain les valeurs portées par nos amis disparus : les droits de l’homme, le respect du droit issu de la démocratie, l’art du vivre ensemble, de pouvoir rire de tout même si aujourd’hui nous avons envie de pleurer.

Photo : Les dessinateurs (de gauche à droite) Charb (47 ans), Wolinski (80 ans), Cabu (76 ans),  Tignous (57 ans) décédés dans la fusillade de « Charlie Hebdo ». 

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