C’est en relisant un article de Marianne paru en janvier 2013 que j’ai commencé à comprendre ce que représente l’imposture, ou du moins la pratique de celles et de ceux qui dans notre travail, nous font croire qu’ils sont indispensables alors que finalement tout irait mieux sans eux. Mais – problème – les imposteurs, ont souvent la fâcheuse tendance à tenter de développer leur influence au sein de nos institutions et quand ils y arrivent, cela peut vous compliquer de façon importante votre quotidien professionnel. Essayons d’y voir un peu plus clair sur ce concept d’imposture qui a été étudié par des chercheurs en sciences sociales
Voici donc un court extrait de cet article accompagné quelques commentaires et annotations. Ce sujet vous concerne-t-il aussi ? Vous êtes peut-être une potentielles future victime de cette nouvelle dynastie susceptible de vous mettre en difficulté…
« Ils se sont faufilés et imposés dans tous les recoins de la société, tels des envahisseurs d’un nouveau genre : les imposteurs sont parmi nous. On les croise chaque jour au travail. On les subit »…/… »Ces caméléons nous abusent volontiers par leur apparence «normale». A en croire le psychanalyste Roland Gori, qui a publié un essai sur ce sujet, la Fabrique des imposteurs, c’est dans cette «normalité» que se cache leur vice. A la fois conformiste et opportuniste, l’imposteur se coule toujours dans le moule pour mieux duper
Au travail, ce n’est pas celui ou celle qui travaille le plus, même si vous le croyez parfois, non, c’est celui ou celle qui vous le fait croire. « L’imposteur sait qu’il est inutile de perdre son temps à réfléchir, à créer, à prendre des risques ». Ça c’est pour les « petites mains ». Il sait se poser les questions essentielles qui lui seront utiles pour répondre à ce qui est attendu : « Sur quels critères va-t-on m’évaluer ? Comment séduire ceux qui peuvent œuvrer à mon ascension ? Comment me mettre en scène ? Voilà les seules questions dont il se préoccupe ».
Cela vous parait caricatural ? Sans doute mais n’avez-vous jamais connu autour de vous d’anciens collègues ou des salariés à l’ascension fulgurante ? Vous êtes persuadée de leurs valeurs, mais en êtes vous si certain(e) ? La réelle discrétion des travailleurs sociaux souvent bien modestes qui ont parfois tendance à se dévaloriser permettent aux imposteurs d’évoluer facilement dans ce milieu. Mais ils n’y restent pas car ils peuvent être vite démasqués. Les usagers des services sociaux sont exigeants et si vous ne faites rien, ils se plaignent. C’est pourquoi les vrais dissimulateurs sont souvent de passage. En effet ces imposteurs là ne sont pas intéressés à continuer de perdre leur temps dans des permanences sociales où il faut se débattre avec la misère du monde et les méandres de l’administration. « L’imposteur » ne restera donc pas longtemps parmi vous qui êtes restées sur le terrain.
Cela se confirme avec ceux qui acceptent de témoigner : » Sonia, 37 ans, confesse que son ascension professionnelle a essentiellement reposé sur son talent pour la mise en scène : «Je dirais que 70 % de mon temps est consacré à préparer les réunions. Je suis devenue une pro du logiciel PowerPoint, je passe des heures à peaufiner mes présentations !» Dédier plus de temps à soigner le « reporting » qu’à bosser ses dossiers est le meilleur moyen de booster une carrière, les imposteurs de bureau l’ont bien compris ». D’abord répondre au « N+1 » (le supérieur hiérarchique direct) le reste est finalement secondaire…
Certains « imposteurs » se retrouvent souvent dans le domaine du management et du conseil en entreprise. Il est bien plus facile de s’y loger que dans des métiers à haute technicité où là ils seraient vite démasqués. Non, une fois qu’ils ont quitté le terrain auquel ils se sont confrontés le moins longtemps possible, ils deviennent souvent « des managers qui coachent leurs équipes » en se plaignant généralement du manque d’enthousiasme de leurs « collaborateurs » face à des plans d’action qu’ils ont si bien élaborés seuls dans leurs bureaux.
« Quand l’intérêt individuel supplante le souci général, quand les apparences l’emportent sur le fond, la performance sur le sens, la réputation sur le travail, la popularité sur le mérite, l’opinion sur les valeurs, alors le terreau est prêt pour que les imposteurs nous gouvernent » précise Roland Gori.
Mais si imposture il y a, c’est aussi parce que nous le voulons bien. Nous ne voulons pas de ces postes dits « à responsabilité » (comme si par ailleurs assumer le quotidien et les risques professionnels qui en découlent ne seraient pas faire preuve de responsabilité). Les « responsables » ne sont pas toujours ceux que l’on croit. Ils vous ont convaincu qu’ils possèdent une forme de supériorité qui n’en n’est pas une. Maîtriser le langage, rester calme, lisse et souriant, ne pas laisser paraître ses émotions. Ils ne diffusent les informations qu’ils possèdent qu’à celles et ceux qui entrent dans leurs stratégies. C’est une véritable habileté que l’art de convaincre que l’on est irremplaçable. Une fois qu’ils sont partis ou absents, vous pouvez « reprendre en main votre pensée » et revenir à des réflexions qui s’appuient sur vos connaissances et votre expérience.
Les peurs des imposteurs sont réelles. Ils ont besoin de reconnaissance et craignent d’être mal perçus notamment par les professionnels de terrain qui sont expérimentés et se mettent souvent en alliance avec ceux qui pourraient les disqualifier. Ils ne savent pas toujours non plus comment agir face à une équipe soudée. Mais par contre ils sont souvent maîtres dans l’art de diviser les uns et les autres afin de mieux les contrôler… Enfin, ils sont plutôt à l’aise pour présenter des chiffres et des tableaux, les outils du management qui donne crédit à leurs décisions et qui renforcent leur position.
les différentes définitions de l’imposteur :
1- Celui qui trompe, qui abuse autrui par des mensonges, de fausses promesses, dans le but d’en tirer un profit matériel ou moral.
2- Celui qui cherche à abuser autrui sur sa propre personne, en feignant les apparences de la vertu, de la sagesse, de l’intégrité, du savoir.
Enfin vous remarquerez au passage que ce mot n’a pas de féminin. Il ne se décline qu’au masculin, mais n’allez pas pour autant en tirer une conclusion rapide. 😉
Pour être complet cette vidéo d’une conférence à Nantes en 2014 du psychanaliste Roland Gori. Elle est passionnante à suivre si vous en avez le temps
note : Les parties entre parenthèse de ce texte font partie de l’article (non signé) publié par Marianne. La photo est extraite de la conférence de Roland GORI à l’université de Nantes (issu de la vidéo)
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