La « réingénierie » du Diplôme d’Etat des Assistant(e)s de service social s’est achevée en ce début d’année. C’est l’occasion de voir avec Annie Pasquereau, qui a participé au « groupe formation » de l’ANAS, ce qui change véritablement pour la profession et la formation. Ce groupe de travail auquel elle a participé a élaboré des propositions, à travers un processus de réunions qui s’est tenu au ministère depuis novembre 2016, en vue de la reforme des études des professions du travail social.
Le référentiel 2018 des assistant(e)s de service social passe de six fonctions en 2004 à cinq aujourd’hui : Il s’agit d’une réorganisation. Mais celle-ci abandonne plusieurs concepts avec la disparition de la médiation, du travail en réseau, du travail avec les groupes, de l’expertise, de la conduite de projets, mais aussi de l’information et de la formation en tant que fonctions. Cela fait beaucoup d’autant qu’une seule et même fonction, l’accompagnement social, a été séparée en deux : avec l’accompagnement social individuel et l’accompagnement social collectif. Néanmoins, cette dernière fonction est, de ce fait, davantage mis en évidence qu’auparavant.
Le récapitulatif suivant peut vous permettre de mieux mesurer ce qui change avec en gras pour 2004 ce qui disparaît :
En 2004, les 6 fonctions étaient : 1. Accueil/Evaluation/Information/Orientation 2. Accompagnement social 3. Médiation 4. Veille sociale/Expertise/Formation 5. Conduite de projets/Travail avec les groupes 6. Travail en réseau.
et en 2018 en gras ce qui apparaît :
En 2018, les 5 fonctions : 1. Accueil et écoute des personnes 2. Evaluation / Conseil / Orientation 3.Accompagnement social individuel 4.Accompagnement social collectif 5. Conseil au développement des politiques sociales et territoriales.
Certaines fonctions disparues peuvent se retrouver plus loin dans la définition de la profession. Pour autant, il n’est pas banal de voir disparaître la fonction d’expertise en tant que fonction, comme l’a vivement regretté l’ANAS. La formation également quand on connait l’investissement important que représente l’accueil de stagiaires par les « formateurs de terrain ». L’accompagnement qui est un terme « valise » (tout le monde ou presque déclare faire de l’accompagnement) est fortement réaffirmé puisqu’il occupe désormais deux fonctions. Mais bon, cela ne veut pas dire pour autant que l’assistant(e) de service social ne travaillera plus en réseau ou encore ne conduira plus de projets. Les éléments disparus peuvent aussi être considérés comme des moyens pour parvenir à assumer des fonctions. Par exemple imagine-t-on aujourd’hui que les assistants sociaux ne fasse plus de médiation quand on connait sa réalité sur le terrain ? Non sans aucun doute. La reconnaissance de l’écoute, en tant que fonction, est aussi une bonne chose à mon avis, même si il est possible de considérer que c’est un moyen préalable à la construction d’une évaluation.
La définition de la profession n’aura été traitée qu’en une seule séance du groupe de travail du ministère, tant la pression sur les différents « groupes métiers », pour tenir les délais, a été forte.
Laissons Annie Pasquereau nous préciser ce qui change du coté des assistant(e) de service social :
« Il y a eu très peu de modifications par rapport à la définition de 2004. Des passages entiers sont repris, mais ils sont agencés de façon différente dans la chronologie du texte, qui lui-même est davantage structuré. Certains autres passages sont reformulés. La notion de profession d’aide n’est plus mentionnée en tant que telle. Par contre, est affirmé d’emblée le fait que l’ASS est un professionnel du travail social (il en est de même pour les autres référentiels professionnels). Le concept de « service social » passe à la trappe et disparaît alors que le terme de service est dans le titre même de la profession.
Ce qui est nouveau :
Une réaffirmation de l’accompagnement social individuel et collectif précisés séparément. Cela aura sans doute un impact sur les épreuves de certification.
Le partenariat est davantage cité, pas uniquement pour le travail social collectif, comme dans le précédent référentiel, mais aussi pour l’accompagnement individuel.
L’idée « d’aller vers » et de « sortir des bureaux » se traduit par une précision est apportée dans la partie « rôle et fonction » concernant les visites à domicile et les accompagnements extérieurs.
La veille professionnelle est mentionnée dans ce référentiel, alors qu’elle n’est plus nommée dans le référentiel Fonctions/activités
La notion « d’expertise » non retenue comme intitulé d’une fonction, malgré de longs débats, ni dans le référentiel fonctions/activités, ni dans le référentiel de compétences et de certification (DC2), apparaît néanmoins dans la définition, en matière de politiques sociales, lutte contre les exclusions et les discriminations.
L’apparition de la formation continue pour les professionnels Assistant(e)s de service social.
La formation des futurs professionnels a été l’enjeu de vives discussions au sein du groupe de travail animé par le ministère, avec tout d’abord, une version très vague de participation («participe à la professionnalisation des étudiants») puis avec la réintroduction du terme « tutorat » en formation initiale et continue. »
Nous verrons dans un prochain article certains effets du référentiel de compétence, de formation et de certification (les épreuves pour obtenir le Diplôme d’Etat) toujours avec Annie Pasquereau que je remercie ici pour son éclairage « avisé ».
photo : « pexels »
Une réponse
Je suis pourtant étonné que personne ne réagisse quant à la disparition de la mention concernant l »exercice libéral. Le texte de 2004 en faisait clairement référence! Elle s’évapore dans la nouvelle version?! Qu’en pensent les professionnels indépendants?