Vendredi dernier s’est tenu à Paris le premier séminaire sur « l’ancrage territorial » du Haut Conseil du Travail Social (HCTS). L’idée est simple et ambitieuse. Il s’agit d’initier sur tout le territoire des comité locaux du travail social. Ce seront des espaces de réflexion sur les enjeux, les évolutions des pratiques et les priorités à engager entre partenaires qui mettent en oeuvre le travail social au plus près des besoins.
Un appel à manifestation d’intérêt
Il y a quelques mois, la commission du HCTS en charge de ce sujet avait lancé un appel à manifestation d’intérêt pour la création des premiers comités locaux. Quatre d’entre eux pourront bénéficier d’un accompagnement de la part de l’ANSA, l’Agence Nouvelle des Solidarités Actives Il était fort utile que l’agence (qui est en fait une association) soit là pour aider à la mise en place de ce séminaire. Le public allait-il venir ? Ce n’était pas gagné d’avance.
Un séminaire porté par des questions de fond
Une dizaine de projets de comités locaux du travail social avaient fait le déplacement. Ils sont soit en projet soit en cours de construction et c’est un bon début. Il y avait même des collègues des services sociaux de la Réunion.
Le séminaire a débuté après les introductions d’usage par une intervention d’Alexandre Moine qui est professeur de géographie à l’université de Franche-Comté. Il était accompagné de Nathalie Sorita Formatrice et chercheuse à l’IRTESS de Bourgogne qui, finalement, s’est peu exprimée. Tous 2 sont auteurs d’un ouvrage paru aux presses de l’EHESP « travail social et territoire ». Ils nous ont rappelé des aspects que nous savons déjà mais dont il est toujours utile d’évoquer : » l’extrême complexité administrative des territoires », « Le Développement Local qui oublie parfois la dimension sociale ». « L’expertise des travailleurs sociaux trop peu reconnue » alors qu’ils sont au plus près des réalités de la population, « les dernières mètres » c’est à dire vraiment proches des problématiques de territoire. Je ne vous fais pas le compte rendu de cette intervention, ce serait trop long. J’y reviendrai peut-être un peu plus tard.
Cela était fort intéressant même si certaines analyses et point de vue sont apparus assez discutables à mes yeux et à ceux de plusieurs participants.
Les 12 points « incontournables » caractéristiques des futurs comités locaux
Il faut pour cela revenir sur les propos de Marie Paule Cols, vice Présidente du HCTS qui a beaucoup œuvré avec la DGCS pour que cette journée puisse exister. C’est elle qui anime le groupe de travail national sur ce sujet. Marie Paule Cols a insisté en début d’après midi sur plusieurs points qui sont à mon avis aussi assez essentiels si nous voulons que les comités locaux du travail social soient utiles.
J’ai particulièrement apprécié cet inventaire sur ce que peuvent être ces comités locaux du travail social et sur ce qu’ils ne doivent pas être :
- Ils doivent concerner tous les métiers du travail social et n’oublier personne des niveaux I à V. (Les 13 métiers référencés)
- Ils doivent être généralistes et ne pas s’enfermer sur un seul sujet. Il s’agit de penser le travail social comme un tout et non, comme parfois c’est le cas , »une somme d’actions selon des catégories de population ».
- Ils ont pour mission de traiter les questions qui concernent le travail social et non les politiques d’action sociale qui sont généralement traitées dans d’autres instances. Il ne s’agit pas de créer une structure supplémentaire mais bien de s’intéresser à ce qui n’existe pas vraiment sur les territoires : une structure transversale qui s’intéresse aux questions qui traversent le travail social au plus près des réalités
- Pour cela il faut impérativement que des travailleurs sociaux de terrain puissent y participer et s’exprimer. Ces comités locaux ne peuvent se limiter à la parole des encadrements et des directions. Même s’il y a des tensions, il est toujours important que ceux qui sont les premiers concernés puissent s’exprimer
- C’est pourquoi les personnes accompagnées et aidées y ont aussi toute leur place. Leurs savoirs d’expériences faites de galères mais aussi de réussites sont nécessaires et utiles
- Travailleurs sociaux, encadrements, directions, personnes accompagnées doivent tous dépasser des défiances souvent légitimes et qui souvent s’expliquent bien. Mais il faut lutter contre les idées reçues et les représentations qui ne font avancer personne.
- Ces comités locaux doivent s’ouvrir à l’ensemble des acteurs du travail social et ne pas se limiter à ceux que l’on connait déjà et avec qui on travaille depuis longtemps. Une place doit être faite à ceux qui innovent, prennent des initiatives même si celles-ci « ne plaisent pas à tout le monde ».
- Les comités seront là pour aussi pour « monter des projets » comme c’est le cas par exemple en Bretagne avec le CRTS
- Différents modèles peuvent co-exister : ce n’est pas un problème. Ils sont divers et leurs organisations différentes selon les régions. Certains seront très institutionnalisé, d’autres fonctionneront, comme c’est déjà le cas, en réseau avec une mutualisation des moyens.
- Les relations des comités locaux avec le HCTS seront à définir non pas dans une relation verticale mais dans une logique de réseau et de mutualisation des connaissances et compétences. Les comités locaux seront aussi indépendants dans leurs prises de position et orientations
- Il sera nécessaire d’engager une évaluation de ce que produisent les comités locaux mais aussi le HCTS dans ses relations avec eux
- Il est d’ores et déjà prévu d’organiser plusieurs séminaires par an pour des rencontres des échanges d’expériences et des sujets abordé
L’après midi de cette journée était réservée aux « préfigurateurs » des comités locaux du travail social. Nous avons travaillé en atelier (4 sous-groupes) qui ont permis à certains promoteurs de présenter leurs propres projets. Puis en fin de journée après avoir entendu les démarches engagés par plusieurs structures, (dont la Loire Atlantique 😉 les rapporteurs de chaque groupe ont précisé les priorités et les sujets qui feront l’objet des futurs séminaires. Mais d’ici là il y a un gros travail de synthèse à réaliser. Une certitude : ces comités locaux partis d’une idée du plan d’action du travail social commencent à devenir une belle réalité.
Photo : Marie Paule Cols vice-présidente du HCTS