Allons enfants ! L’heure est grave, faites entendre votre voix

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La situation des enfants se détériore dans notre pays à une vitesse inquiétante. Pauvreté, exclusion, troubles psychiques, manque d’accès aux services essentiels : la liste des problèmes s’allonge, tandis que la réponse publique semble bien en deçà des besoins. Il est temps de sonner l’alarme et de réagir avec force pour protéger notre avenir : nos enfants.

Un sombre tableau

Les chiffres sont implacables. Plus de trois millions d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté, un chiffre qui donne froid dans le dos. Des milliers d’enfants sont sans-abri, des dizaines de milliers sont logés dans des hébergements d’urgence, et un nombre inacceptable d’entre eux ne sont pas scolarisés, en particulier les enfants en situation de handicap. L’accès à la culture et aux loisirs, pourtant essentiels à leur développement, se réduit comme peau de chagrin.

L’impact des technologies numériques, souvent présenté comme une opportunité, pose également des problèmes croissants. Les parents font face à de réelles difficultés à réguler les effets des réseaux sociaux sur les jeunes esprits. Et que dire de la santé mentale ? Un million six cent mille enfants et d’adolescents souffrent de troubles psychiques, un chiffre qui témoigne d’une souffrance profonde et silencieuse. Enfin, n’oublions pas les mineurs isolés, ces enfants fréquemment livrés à eux-mêmes, sans soutien siffisant.

Une action publique à la dérive

La réponse des pouvoirs publics est loin d’être à la hauteur. Les services publics sont en crise, avec une protection de l’enfance en très grande difficulté malgré les efforts des professionnels. Des milliers de mesures de protection ordonnées par les juges ne sont pas exécutées, faute de moyens. L’offre de soins et de prévention s’amenuise sans oublier la justice pénale des mineurs qui prend un virage répressif. La logique de rentabilité gagne du terrain dans l’accueil des jeunes enfants, tandis que l’accès à l’hébergement et au logement devient de plus en plus difficile.

La précarisation et la pénurie de professionnels affectent tous les secteurs de l’enfance, y compris celui de l’éducation. Les conséquences sont désastreuses : il y a cette augmentation de la mortalité infantile. Il y a aussi cette hausse de la pauvreté des enfants et de leurs parents. Cela se traduit par un recours croissant à l’aide alimentaire. N’oublions pas non plus la multiplication des expulsions locatives. Sans parler des passages aux urgences d’adolescents, notamment les jeunes filles victimes de troubles psychiques. Les constats sont amers.

Pour un ministère de l’Enfance doté de moyens d’action

La nomination de Sarah El Haïry au poste de Haut-Commissaire à l’Enfance est un signal positif. Il est une forme de reconnaissance de l’importance de la cause des enfants. Cependant, il est essentiel de ne pas céder à l’illusion que cette nomination, à elle seule, suffira à résoudre les problèmes profonds auxquels sont confrontés les enfants. Un Haut-Commissariat, même animé des meilleures intentions, ne saurait remplacer un ministère de plein exercice, doté des pouvoirs et des moyens nécessaires pour impulser une véritable politique de l’enfance.

Si ces missions sont louables, elles se heurtent à une réalité implacable. Un Haut-Commissariat ne dispose pas des mêmes leviers d’action qu’un ministère. Il ne dispose pas de budget propre, ni de services déconcentrés, ni du pouvoir réglementaire nécessaire pour imposer ses orientations aux autres ministères. Son action se limite à la coordination et à la persuasion, ce qui s’avère insuffisant face à des enjeux aussi complexes et transversaux que ceux de l’enfance.

Pourtant, il est impératif que la cause et les droits de l’enfant deviennent une priorité absolue pour les décideurs. Les enfants devraient être les premiers protégés par l’action publique. C’est pourquoi le collectif CEP-Enfance qui regroupe depuis 2014 une centaine d’organismes œuvrant dans tous les champs de l’enfance, s’adresse à vous qui lisez cet article. L’absence d’une politique publique globale favorable à l’enfance  associée aux effets délétères de nombreuses mesures gouvernementales mettent toute tentative d’amélioration de la situation en échec.

C’est pourquoi d’ailleurs l’UNICEF et le CEP-Enfance défend 10 exigences d’urgence pour la cause des enfants.

dix exigences pour les enfants

Le collectif appelle toujours à la création d’un grand ministère de l’Enfance de plein exercice. Ce ministère pourrait alors devenir un véritable chef d’orchestre d’une stratégie globale, interministérielle et décloisonnée pour l’enfance en métropole et dans les territoires ultramarins. C’est la condition sine qua non pour faire de l’enfance une priorité politique dotée de moyens suffisants.

Pour une mobilisation citoyenne : Ensemble, nous pouvons changer la donne

La cause des enfants ne peut être portée uniquement par les institutions. Elle a besoin d’un élan collectif, d’une mobilisation de la société dans son ensemble. Les enfants eux-mêmes doivent être acteurs de ce changement, en faisant entendre leur voix et en participant aux décisions qui les concernent.

Une Convention citoyenne, visible et rassembleuse, pourrait être le point de départ d’une nouvelle dynamique. Le collectif formule des demandes fortes : respect intégral de la Convention internationale des droits de l’enfant, éradication de la pauvreté infantile, lutte contre les violences faites aux enfants, revitalisation des services publics, et sauvegarde de l’environnement pour les générations futures.

Un appel à l’action : Signez la pétition et faites entendre votre voix !

Il est temps de passer à l’action. L’UNICEF France, aux côtés de nombreuses organisations et personnalités engagées, appelle le gouvernement à lancer une convention citoyenne en faveur de l’enfance et des générations futures.

femme haut parleurChaque citoyen est invité à se joindre à cet appel en signant une pétition. Il faudrait que nous soyons des centaines de milliers à la signer, ce qui est loin d’être le cas actuellement.

C’est pourtant un moyen, un levier qui permet de proposer des orientations ambitieuses. pour lever les obstacles au développement des enfants, éradiquer les insécurités qui les affectent, et leur offrir toutes les conditions pour grandir et s’épanouir.

Valorisons aussi le travail social : ses professionnels essentiels au service de l’enfance

Dans cette mobilisation générale, il est nécessaire de saluer et de valoriser le rôle des travailleurs sociaux. Certains sont mis à l’index. Il leur est désormais reproché des écrits professionnels qui permettraient des placements abusifs d’enfants. Ces opinions fortement portées par des « experts » d’associations engagées sont à présent validées sans que l’on ait entendu réellement les auteurs de rapports incriminés, ce qui est pour le moins dérangeant.

Les professionnels de l’aide, souvent en première ligne, accompagnent les enfants et leurs familles dans les moments difficiles. Il leur est reproché d’un côté d’être excessivement protecteurs et influenceraient les juges dans un mauvais sens en provoquant trop de placements au détriment des familles. De l’autre, il leur est aussi reproché de ne pas agir suffisamment pour protéger les enfants dès lors que les enfants sont maintenus dans les familles et qu’un drame survient. Ces mises en cause ne sont pas nouvelles, mais leur caractère systémique devraient interroger les parlementaires.

L’expertise des professionnels de l’enfance, leur engagement et leur humanité sont des atouts précieux. Ne pas les reconnaitre et s’appuyer sur des situations isolées pour les accuser d’incompétence a des conséquences. Bien évidemment, de meilleures formations aux écrits et à la prise de distance sont toujours nécessaires.

Mais ces reproches ont un autre effet. Ils permettent d’éviter de se poser la question des moyens à mettre en œuvre pour que les services de protection fonctionnent correctement. Savez-vous que 522 juges des enfants sont chargé·es de suivre les 254.673 enfants en danger faisant l’objet d’une mesure judiciaire de protection de l’enfance ? soit un juge pour une moyenne de 487 enfants. De plus, ces juges se plaignent de ne pas recevoir tous les rapports de la part des services de l’ASE. Ces services n’ont pas les moyens leur permettant de rendre compte très régulièrement de l’évolution des situations.

Il est impératif d’apporter aux professionnels les moyens de mener à bien leur mission. Comment ? Tout simplement en renforçant les effectifs, en améliorant les conditions de travail, et en reconnaissant leur rôle dans la protection de l’enfance. C’est sans aucun doute le prix à payer, mais nos élus souhaitent-ils vraiment que l’on y prenne les moyens ?

En tout cas n’hésitez pas à signer ici l’appel sous forme de pétition d’UNICEF France, du CEP enfance et de plusieurs autres collectifs. 

logos collectif

Sources :

 


Photo : freepik.com

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