Revue de presse | « Notre état de la pauvreté » / Nord : le RSA sous contrôle / Un guide pour l’accueil de SDF avec animaux

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Bonjour et bienvenue dans cette revue de presse ! Cette semaine, les signaux d’alerte se multiplient dans le champ social : le Secours Catholique publie un rapport édifiant sur 30 ans de pauvreté en France, tandis que certaines pratiques de contrôle des allocataires du RSA atteignent des sommets inquiétants. La FAS du Nord a publié de son côté un guide intéressant alors que le collectif « Changer de Cap »s’inquiète de la future « allocation sociale unique ». N’oublions pas non plus les multiples liens qui nous offrent un panorama dense de l’actualité sociale. Bonne lecture !

 


Notre état de la pauvreté en France : 30 ans de regards sur les pauvretés

etat pauvrete secours cathoLe Secours Catholique a publié le 20 novembre son rapport statistique annuel intitulé « 30 ans de regard sur les pauvretés ». Cette édition 2025 revient sur trois décennies d’observation des situations de pauvreté en France. L’association alerte notamment sur un accroissement de la part des femmes et des familles ainsi que des personnes en situation de longue maladie ou de handicap parmi les personnes accueillies.

Les chiffres sont éloquents : le taux d’extrême pauvreté parmi les ménages rencontrés a augmenté de 11 points entre 2017 et 2023 pour atteindre 74%. L’Insee a révélé en juillet 2025 un taux de pauvreté record de 15,4% de la population, soit près de 10 millions de personnes, avec une hausse de 650.000 personnes en un an, une augmentation inédite depuis 30 ans. En 2024, ce sont 58 000 bénévoles répartis dans près de 2 500 lieux d’accueil qui ont apporté un soutien à plus d’un million de personnes, dont 235 000 familles avec enfants.

L’historienne Axelle Brodiez-Dolino, directrice de recherche au CNRS, apporte son regard sur l’évolution de la perception de la pauvreté dans la société. Face à cette situation, le collectif Alerte dénonce « un manque de cohérence » entre le discours et les mesures politiques. (Lire le rapport sur le site du Secours Catholique)

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Référents RSA dans le Nord : « du travail social au flicage brutal »

logo la briqueLe journal La Brique a enquêté sur les pratiques de sanction des allocataires du RSA dans le département du Nord. On y apprend qu’en mars 2023, le Département a présenté aux agents contractuels des Maisons Nord Emploi un « Vademecum » mettant clairement en avant le renforcement des sanctions. Désormais, celles-ci peuvent être notifiées pour « absence de mobilisation dans les démarches », un critère laissé au bon vouloir de chacun.

Le logiciel « Parcours » donne accès à de nombreuses informations personnelles à l’ensemble des acteurs : chargés d’orientation, conseillers France Travail, entreprises d’accompagnement, associations sous-traitantes. Comme le souligne un travailleur social interrogé : « S’il y a un réel intérêt dans le suivi croisé entre les différents acteurs, l’outil encourage surtout le flicage. » La sanction ne tient dorénavant qu’à un clic sur un bouton « équipe pluridisciplinaire », sans l’aspect collectif qui existait auparavant.

L’ampleur du phénomène est considérable : environ 12.000 foyers, selon un agent de la Caf, sont en situation de sanction à gérer par mois, avec 90% des décisions automatisées. Les agents précaires, recrutés en CDD et formés sur le tas, peinent à défendre les allocataires dans des conditions de travail dégradées. Le président du Département, Christian Poiret, aurait martelé lors de ses vœux : « J’ai besoin de résultats ! » et « Ils sont pas là : boum, ça tombe ! », faisant même du chantage à l’emploi aux agents en attente de renouvellement de contrat. (Lire l’article sur La Brique « journal local de critique sociale »)

 


FAS : Hébergement et animaux de compagnie : des bonnes pratiques pour réussir

guide bonnes pratique animaux FASSympa et utile : la Fédération des acteurs de la Solidarité Hauts-de-France a publié un guide pour mieux accueillir les personnes en situation de précarité accompagnées d’animaux. Cette initiative répond à un constat : pour une personne sans abri, avoir un animal de compagnie est à la fois une aide et un lien du quotidien, mais aussi souvent un motif d’exclusion des structures d’hébergement.

Le centre « Un toit ensemble » de la Croix-Rouge illustre cette démarche innovante : il héberge 8 personnes en situation d’exclusion et leurs 12 animaux, essentiellement des chiens et des chats. « Entre dormir dans un foyer et vivre avec leurs animaux, ils choisissent leurs animaux », explique Malik, éducateur. L’équipe aide les résidents à s’occuper de leur animal tout en les accompagnant dans leurs démarches de réinsertion. « En prenant soin de soi et de son animal, on se reconstruit », résume l’équipe.

Les règles sont simples et reproductibles : vaccination antirabique, port de la muselière dans l’enceinte des établissements, identification d’une personne ressource pour l’animal en cas de problème. L’animal devient un véritable outil dans l’accompagnement au quotidien, facilitant le lien de confiance entre professionnels et personnes hébergées. (Lire l’article de la FAS)


Et aussi

Allocation Sociale Unique : les dangers d’une réforme à hauts risques pour les plus précaires

Logo Changer de capL’annonce par le Premier ministre, le 14 novembre dernier, d’une Allocation Sociale Unique a immédiatement fait réagir l’association Changer de Cap. Ce projet, qui promet d’harmoniser les bases de calcul du RSA, de la prime d’activité et des aides au logement, est présenté comme une mesure de simplification. Pourtant, derrière cette apparente volonté de clarifier le système de protection sociale, se dessinent des risques majeurs pour les plus fragiles. Le doute est permis quand on sait que le gouvernement nie vouloir faire des économies sur le dos des allocataires, alors même que toute réorganisation à budget constant crée inévitablement des perdants. La question qui se pose avec acuité est simple : qui paiera le prix de cette réforme ?

Cette réforme ne tient pas compte de la complexité des parcours de vie. Comment unifier des prestations aux objets, bases de calcul et contrôles différents, versées par des administrations distinctes ? Cette prétendue simplification nie les réalités individuelles qui justifient des allocations adaptées aux besoins spécifiques. Les agents administratifs, déjà soumis à des fonctions de contrôle de plus en plus lourdes, redoutent un nouveau recul de leur rôle d’accompagnement au profit d’un guichet numérique unique. Les questions se multiplient sur la masse de données à centraliser, leur sécurité, quand les administrations subissent déjà des fuites massives. L’agenda législatif précipité, annoncé lors des Assises des Départements, interroge sur les véritables motivations politiques. (Lire le communiqué de changer de CAP sur Mediapart)

 


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ecom CNFPTCette semaine sur l’ e-communauté « inclusion sociale » du CNFPT (inscrivez-vous, c’est entièrement gratuit pour tous, sans pub ni captation de vos données).

 


Vous êtes allé(e) au bout de cette revue de presse ? Bravo et merci ! Merci beaucoup à Michelle Flandre qui m’aide à la réaliser. 

 

Photo :  lucidwaters lucidwaters sur depsitphotos

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