La solidarité ne se décrète pas, elle se construit. Pas à pas, territoire par territoire, contre vents et marées politiques. C’est la leçon que nous pourrions retenir de cette histoire que l’on pourrait croire administrative, mais qui est en réalité profondément humaine.
Les comités locaux du travail social et du développement social (CLTSDS) ne sont pas nés d’un coup de baguette magique dans un bureau parisien. Ils sont le fruit d’une lente maturation. Ils sont la traduction d’une exigence citoyenne exprimée par ceux qui, sur le terrain, voient chaque jour ce que la précarité fait aux gens. Comme souvent dans notre République sociale, les idées germent d’abord sur le terrain, dans nos institutions et associations confrontées au monde réel, avant de finir par éclore dans les textes officiels.
Cette histoire-là mérite d’être racontée, non comme une success story formatée pour LinkedIn, mais comme une aventure collective. Une aventure où des femmes et des hommes ont décidé de ne plus laisser le travail social être le parent pauvre des politiques publiques. Seul problème aujourd’hui, leurs travaux continuent d’être ignorés (tout comme ceux du Haut Conseil du Travail Social), par nos gouvernements successifs. Mais tout cela mérite quelques explications…
Des États généraux pour dire l’urgence
Tout commence en mai 2013. Les plus anciens d’entre vous se rappellent peut-être cet appel dans les Départements et régions. Le gouvernement lance les États généraux du travail social dans le cadre du Plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale. Le processus se veut décentralisé. Au final, plus de 4000 personnes se mobilisent à travers des assises territoriales et nationales. Ce sont des professionnel(le)s qui ne demandent pas la lune, mais simplement de pouvoir travailler dignement et plus efficacement.
Cinq thématiques structurent alors les débats : la coordination des acteurs, la formation initiale et continue, les métiers et complémentarités, la place des usagers, ainsi que le développement social et le travail social collectif. Ces thématiques ne sont pas anodines. Elles traduisent une prise de conscience collective : le travail social est devenu un chantier sous-équipé. Il lui est reproché un trop grand cloisonnement.
Lors des rencontres, les professionnels présents expriment ce qu’ils vivent au quotidien. C’est d’abord l’impossibilité de coordonner certaines actions, puis la formation à qui il est une nouvelle fois reproché de ne pas ne suit pas suffisamment suivre les évolutions du terrain. Autre reproche, celui des métiers qui se côtoient sans se reconnaître avec des usagers placés sur la touche des décisions qui les concernent. À l’époque, j’avais tenté d’expliquer que certains de ces reproches étaient caricaturaux. Avec les collègues de l’ANAS, nous avions apporté plusieurs contributions écrites.
Ces assises n’ont pas été une simple consultation de façade même s’il y a eu beaucoup à dire sur ce sujet. Elles ont constitué un moment de rencontre où chacun a pu prendre la parole même si nous estimions que le terrain était trop peu représenté. (Il y avait une sureprésentation des encadrements.) Pourtant, dès cette époque, une évidence émerge : il faut renouveler la gouvernance du travail social, non pas pour en rabattre les ambitions, mais pour les porter plus collectivement.
Un plan d’action pour traduire les promesses
À l’issue de ces États généraux, le 21 octobre 2015, Marisol Touraine et Ségolène Neuville présentent en Conseil des ministres un Plan d’action interministériel en faveur du travail social et du développement social. Vingt-six mesures s’articulent autour de quatre axes, dont celui de la rénovation de la gouvernance du travail social. La mesure n°24 prévoit spécifiquement la création d’une nouvelle instance nationale de gouvernance. Ce plan sera pour beaucoup d’entre nous perçu comme une déclaration d’intention. Il représentait toutefois une promesse politique qui n’a pas été tenue : le travail social sera reconnu, structuré, doté d’instances à la hauteur de ses enjeux.
Pourtant, comme chacun sait, les plans ne se réalisent pas tout seuls. Il faut des acteurs déterminés pour les traduire en réalité. Et c’est là qu’entre en scène une figure particulière du travail social, passée sans aucun doute trop inaperçue : Marie-Paule Cols qui sera l’architecte de la préfiguration des futurs comités locaux du travail social et du travail social (CLTSDS). Cette ancienne directrice territoriale des services sociaux, vice-présidente du Haut Conseil du travail social (HCTS), va porter le projet d’ancrage territorial avec une ténacité remarquable. Son expertise de terrain, sa connaissance des rouages administratifs et son exigence éthique vont donner corps à ce qui n’était encore qu’une intention.
Marie-Paule Cols : un engagement pour le travail social
Marie-Paule Cols n’est pas une bureaucrate de cabinet ministériel. Ancienne assistante sociale investie en Gironde, elle connaît les réalités du terrain, les difficultés des travailleurs sociaux, mais aussi les attentes des personnes accompagnées. Sa trajectoire illustre cette articulation nécessaire entre hauteur de vue et réalités locales. Vice-présidente du HCTS dès sa création, elle est chargée de copiloter le groupe de travail sur l’ancrage territorial des comités locaux. Son rôle est décisif : elle ne se contente pas de valider des orientations, elle anime et accompagne la création de 12 comités locaux.
En 2020, lorsque le gouvernement saisit le HCTS pour analyser l’impact de la crise sanitaire sur le travail social, c’est elle qui coordonne le rapport « Le travail social au défi de la crise sanitaire ». Ce document, fruit d’une enquête approfondie et de nombreuses auditions, fait le constat sans concession d’une vision « hospitalo-centrée » de la crise qui a occulté les conséquences sociales des mesures sanitaires. Le rapport pointe que les services sociaux et éducatifs n’étaient « pas dans les radars ». Cette analyse lucide dérange peut-être, mais elle témoigne de l’indépendance de pensée que Marie-Paule Cols a su insuffler lors de ce travail réalisé dans des délais « serrés ».
Son engagement ne s’est pas limité à la production de rapports. Elle a participé activement à l’animation du réseau des CLTSDS, comme en témoignent ses interventions régulières lors de séminaires nationaux. Sa présence n’est pas symbolique : elle interroge, confronte les expériences, pousse au questionnement. Elle a incarné cette fonction de vigie dont le travail social a tant besoin. Celle qui veille à ce que les politiques publiques ne dévient pas de leur ambition première : protéger les plus vulnérables et reconnaître ceux qui les accompagnent.
Une enquête qui fait émerger les attentes
Avant de créer des instances, il faut comprendre les besoins. C’est pourquoi le HCTS, toujours sous l’impulsion de Marie-Paule Cols, lance avec l’agence des Solidarités Nouvelles (ANSA) une enquête exploratoire qui se déroulera entre du 1er décembre 2017 au 6 janvier 2018. En un mois à peine, 2.351 réponses sont recueillies. Parmi elles, 72% des répondants font de la coordination des acteurs leur objectif prioritaire. Ce chiffre est révélateur. Il traduit une volonté forte des professionnels, celle de plus travailler dans des silos où chacun gère son affaire sans regarder ce que fait le voisin. Cela vaut aussi pour les différents ministères qui produisent des lois et des textes règlementaires qui impactent les pratiques professionnelles sans se concerter entre eux.
Les répondants demandent aussi des réflexions sur l’évolution du travail social et le décloisonnement des dispositifs. Ils ne veulent pas d’une instance de plus qui produirait des notes de cadrage ou de simples listes de « bonnes pratiques ». Ils réclament un espace où penser collectivement les transformations du métier, où expériences et innovations pourraient être partagées sans filtre hiérarchique. Cette enquête constitue le socle démocratique sur lequel vont reposer les futurs CLTSDS. Elle démontre que la demande ne vient pas d’en haut, mais bien du terrain. Et c’est cette légitimité-là qui donne sa force au projet.
De l’appel à manifestation à la préfiguration
Le 15 mai 2018, le HCTS publie un appel à manifestation d’intérêt pour impulser la création de comités locaux dès septembre 2018. L’objectif initial est modeste : sélectionner quatre territoires préfigurateurs qui bénéficieraient d’un accompagnement méthodologique par l’ANSA (Agence nouvelle des solidarités actives). La date limite est fixée au 13 juillet 2018. La réponse dépasse toutes les attentes : pas quatre, mais quatorze territoires proposent un projet. Quatorze territoires où des professionnels, des élus, des usagers ont décidé de se saisir de cette opportunité pour inventer un nouveau mode de gouvernance.
Un séminaire de lancement est organisé le 21 septembre 2018. Parmi ces territoires, quatre reçoivent un accompagnement renforcé : le Nord, le Centre-Val de Loire (Indre-et-Loire et Loir-et-Cher), La Réunion et l’Auvergne-Rhône-Alpes. Cette phase de préfiguration est essentielle. Elle permettra de tester les hypothèses, d’affiner les principes, de démontrer que l’idée n’est pas utopique. Les retours d’expérience alimentent un guide d’appui publié en juin 2019, qui deviendra en quelque sorte un mode d’emploi des futurs comités.

Cinq principes fondateurs qui font la différence
Ce guide d’appui pose cinq principes incontournables qui distinguent radicalement les CLTSDS des multiples instances existantes.
- Le premier est la composition partenariale. L’instance doit représenter la diversité des acteurs du travail social, sans exclusive. L’objectif affiché est de favoriser le décloisonnement et de dépasser les corporatismes. Cette exigence est révolutionnaire dans un univers où chaque profession tend à se replier sur ses acquis. Elle impose de mettre autour de la même table des directeurs d’associations, des cadres de collectivités, des travailleurs sociaux de terrain et des usagers.
- Le deuxième principe est la conception ascendante et descendante. Le CLTSDS est invité à être le relais du HCTS sur le territoire, mais aussi à contribuer aux réflexions nationales sur l’évolution du travail social. Cette double fonction évite le piège de la communication descendante où les territoires seraient de simples exécutants. Elle crée une boucle d’aller-retour permanente entre le local et le national.
- Le troisième principe est la dimension participative, avec la présence obligatoire de trois acteurs incontournables : le conseil départemental (chef de file de l’action sociale), des travailleurs sociaux de terrain et des personnes accompagnées. Cette tripartition garantit que les décisions ne seront pas prises sans ceux qui les subissent ou les mettent en œuvre. C’est une forme de démocratie sociale concrète.
- Le quatrième principe est la démarche de coconstruction. Il s’agit de favoriser le dialogue interinstitutionnel et la construction partagée. Ce n’est pas une addition de compétences, mais une multiplication des intelligences. L’enjeu est de créer une culture commune du travail social, au-delà des appartenances et des statuts.
- Enfin, le cinquième principe est le programme de travail centré sur le travail social et son évolution. L’instance ne doit pas se disperser dans les problématiques sociales au sens large, mais se concentrer sur les questions spécifiques au travail social. Cette focalisation est essentielle pour éviter l’éparpillement et maintenir une expertise pointue.
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Des objectifs qui redonnent du sens
Ces principes traduisent des ambitions claires. Les CLTSDS poursuivent plusieurs objectifs qui, lus aujourd’hui, sont tout à fait d’actualité.
- Ils visent d’abord à conduire des réflexions stratégiques dans une démarche partenariale et décloisonnée. Cette gouvernance renouvelée se veut un antidote aux silos et aux logiques de vase clos qui paralysent l’action publique. Pour autant, on ne peut pas dire que ces pratiques ont disparu.
- Ils cherchent à mieux reconnaître et valoriser les métiers du travail social. La question de la reconnaissance n’est pas seulement symbolique. Elle passe par des rémunérations décences, des conditions de travail acceptables, une formation de qualité. Les CLTSDS sont un espace dans lequel ces revendications furent souvent formulées collectivement, avec le poids de l’expérience terrain. Mais voilà, ce ne sont pas les comités locaux qui tiennent les cordons de la bourse ! À l’heure des restrictions budgétaires, les moyens mis sur le social sont littéralement sacrifiés par l’administration centrale et notamment du Ministère des Finances. La Direction Générale de la Cohésion Sociale n’est pas entendue alors que l’on continue de lui demander de faire des économies.
- Ils ambitionnent d’accompagner les évolutions des pratiques professionnelles. La modernisation ne signifie pas technocratisation ou financiarisation. Elle signifie adaptation aux évolutions sociales, intégration du numérique avec discernement, développement de nouvelles coopérations. C’est une modernisation au service de l’humain, pas contre lui.
- Ils entendent diffuser largement les travaux du HCTS en s’appuyant sur des relais locaux, dans une démarche à la fois ascendante et descendante. Cette diffusion n’est pas une simple communication. C’est un processus d’appropriation collective des enjeux éthiques et déontologiques du travail social.
- Ils visent à favoriser l’interconnaissance des acteurs, de leurs actions et de leurs objectifs. Dans un univers où chacun ignore ce que fait son voisin, cette interconnaissance est le préalable à toute action coordonnée.
- Enfin, ils constituent un espace de dialogue et d’échanges libres sur le travail social. Libre, c’est-à-dire non formaté par les injonctions politiques ou administratives, ouvert à la controverse et à la divergence des points de vue, mais ancré dans une éthique commune pour la promotion et la défense du service public.
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Le réseau aujourd’hui : une réalité en construction
En janvier 2024, le réseau des CLTSDS compte 19 comités locaux. Quatre sont régionaux (Bretagne, Grand Est, Occitanie, PACA) et quinze sont départementaux. Le HCTS est devenu le premier haut conseil à avoir développé ce type de réseau territorial.
Les CLTSDS constituent des instances partenariales qui favorisent la transversalité et la confiance entre les partenaires. Ils représentent souvent un espace nouveau de dialogue pour les acteurs locaux. Chaque comité invente sa propre dynamique.

En Loire-Atlantique, par exemple, Nadège Godefroy, chargée d’étude et éducatrice spécialisée de formation, expliquait en juillet 2021 au Média Social que le CLTSDS s’efforçait de « valoriser le travail social mené en Loire-Atlantique, ainsi que les réflexions de ses acteurs ». L’instance diffuse ses travaux sur l’éthique, sur l’« aller vers » et sur les coopérations, à travers une page internet et une lettre d’information.
Mais le réseau ne se limite pas à la diffusion. Il alimente aussi les réflexions du HCTS pour éclairer les décideurs politiques et les formations. Cette fonction de remontée d’expérience est précieuse. Elle évite que les décisions nationales soient prises sans tenir compte des réalités territoriales. Enfin, ce n’est pas si simple. A ma connaissance, il demeure une certaine déconnexion entre les instances dirigeantes au sein du ministère et les remontées du Haut Conseil.
Les tensions et les résistances
Pourtant, cette belle histoire n’est pas un long fleuve tranquille. Les CLTSDS vivent dans un contexte de restrictions budgétaires constantes et de remise en cause des politiques sociales. Les tentatives de fragmentation et le manque de reconnaissance du service public. Le rapport coordonné par Marie-Paule Cols en 2021 sur la crise sanitaire le rappelait déjà sans ambiguïté. La vision « hospitalo-centrée » de la crise sanitaire a occulté les conséquences sociales des mesures prises. Les services sociaux n’étaient « pas dans les radars ». Cela semble malheureusement être toujours le cas aujourd’hui.
Cette invisibilisation du travail social est un phénomène structurel. Elle se traduit par des charges de travail importantes, de trop faibles salaires, et finalement une reconnaissance sociale plutôt faible. Les CLTSDS se voulaient une réponse à cette invisibilisation. Mais ils ne peuvent pas tout. Ils ne remplacent pas une politique de revalorisation salariale ambitieuse, comme celle que réclamait Mathieu Klein, président du HCTS, en 2022. Ils ne compensent pas le manque de moyens, les suppressions de postes, les réorganisations permanentes.
Le risque existe que ces instances deviennent des alibis ou du moins des espaces de parole sans pouvoir de décision. On ne peut se satisfaire que les comités locaux en soient réduits à être des soupapes de sécurité pour apaiser les tensions. Plusieurs témoignages soulignent cette tension dans le livre vert du travail social de 2022. Les comités locaux peuvent-ils vraiment influencer les politiques publiques ou se contentent-ils de constater les dysfonctionnements ? La question reste ouverte.
Une ambition à porter collectivement
L’histoire des CLTSDS est donc une histoire inachevée. Elle est belle parce qu’elle témoigne d’une capacité du monde du social à s’organiser, à produire de la pensée collective, à inventer de nouvelles formes de démocratie sociale. Elle est exigeante, car elle ne peut pas se réaliser sans un engagement politique fort, sans des moyens à la hauteur des ambitions.
Le HCTS (auquel je participais) a souvent insisté sur cette nécessité de faire réseau. L’idée était aussi de renforcer les liens entre les comités en vue de mettre à profit les expériences de chacun. Nous savons que la force d’un réseau ne réside pas dans sa taille, mais dans sa potentialité à faire circuler les savoirs et à créer des solidarités actives entre territoires. C’est une façon de résister aux tendances centrifuges.
Le HCTS a créé un collège dédié aux CLTSDS, avec deux représentants des comités locaux au sein de son assemblée plénière. Cette ouverture institutionnelle est toute aussi importante. Elle donne une voix aux territoires au cœur de l’instance nationale. Mais elle ne suffit pas. Il faut aussi que les décideurs politiques écoutent cette voix, qu’ils traduisent les recommandations en actes concrets.
Le défi de la reconnaissance
Le travail social est la clé de voûte de la cohésion sociale. Il est « indissociable de la République sociale que nous devons conforter ». Pourtant, il souffre d’un déficit d’attractivité et de reconnaissance. Les revalorisations salariales du Ségur de la santé ont été une étape, mais elles sont insuffisantes. La question des conditions de travail, du temps passé sur les procédures administratives, de la montée des exclusions, et de législations qui excluent et contrôlent (RSA) reste entière.
Les CLTSDS sont un espace où ces questions peuvent être posées, débattues et portées. Elles le sont au sein des instances départementales qui ont un grand pouvoir sur la vie de nos concitoyens les plus fragiles. Ils ne sont pas une solution miracle, mais un outil démocratique. Un outil qui suppose que les professionnels prennent leur place, qu’ils ne se contentent pas de subir les réformes. C’est une exigence de citoyenneté active, appliquée au monde du travail.
Conclusion : une histoire à continuer
La belle histoire des comités locaux du travail social est donc une histoire de résistance et d’invention. Elle est le produit d’une crise de la gouvernance du social, vécue comme intenable par ceux qui la font fonctionner. Elle est née d’une volonté politique initiale, mais elle a été portée par de multiples acteurs qui ont su donner corps à une ambition. Elle se déploie aujourd’hui sur 19 territoires, avec des réussites, des difficultés, des questionnements.
Mais cette histoire n’a de sens que si elle s’inscrit dans une perspective plus large. Celle d’une reconnaissance véritable des métiers du social, d’une revalorisation salariale et sociale, d’un investissement dans la formation et la recherche. Celle d’une volonté de ne pas laisser le travail social devenir une variable d’ajustement des politiques budgétaires. Celle de refuser la fragmentation des solidarités.
Le modèle des CLTSDS pourrait inspirer d’autres domaines de l’action publique. Il démontre qu’une gouvernance partenariale n’est pas une utopie, mais une possibilité concrète. Il montre que les professionnels de terrain ont des choses à dire, à condition de leur donner les moyens de le faire. Il prouve que la démocratie sociale, ce n’est pas seulement consulter, c’est aussi co-construire.
L’avenir dira si cette belle histoire restera une parenthèse ou deviendra une rupture. Tout dépendra de la capacité des pouvoirs publics à entendre ce que disent ces comités, à leur donner les moyens de leur ambition, à reconnaître enfin le travail social comme ce qu’il est : un pilier de notre pacte républicain. L’histoire est entre vos mains. Et elle mérite d’être écrite, collectivement, territoire par territoire, sans oublier aucune des voix qui la constituent.

Note : cet article est issu d’un temps d’intervention à l’invitation du Comité Local du Travail Social et du Développement Social (CLTSDS) de Loire-Atlantique. Il a organisé dans les locaux du centre de formation ARIFTS une conférence inversée sur le thème de « L’engagement au service d’une intervention sociale porteuse de sens ». Merci à Antoine Pillet, Thibault Le Pogam et Anne Mathieu qui m’ont donné l’occasion de présenter cette histoire trop peu connue qu’est la naissance des CLTSDS
Photo : Marie Paule Cols ancienne vice présidente du Haut Conseil du Travail Social



