Violences conjugales : de nouveaux dispositifs face à la hausse des signalements
Les pharmacies et les centres commerciaux sont devenus des postes d’alerte pour les femmes en détresse.
Le journal Le Figaro fait état de multiples décès et notamment des féminicides : à Amiens, dans la Somme, une femme d’une vingtaine d’années a été retrouvée morte chez elle, poignardée par son compagnon. A Verneuil-sur-Avre, dans l’Eure, une infirmière à domicile a découvert deux corps en venant faire ses soins à un couple de nonagénaires: le mari avait tué sa femme, avant de retourner l’arme contre lui. à Saint-Quentin, dans l’Aisne, une quadragénaire a été étranglée par son conjoint. Une mère et deux de ses enfants ont été poignardés à mort dimanche dans le Pas-de-Calais…
La hausse du nombre de signalements semble bien réelle : » «Le fait d’être confiné chez soi génère des tensions ; les signalements liés aux violences sexistes et sexuelles sont en forte augmentation», indique à l’AFP le capitaine Patrice Georget, commandant de la brigade numérique de la gendarmerie, qui comptabilise une vingtaine de signalements par jour, contre cinq ou six auparavant. En Haute-Garonne, les violences intrafamiliales sont en hausse de 83 % sur la zone gendarmerie, par rapport à la même période en 2019. (lire l’article du Figaro)
Crise sanitaire et 115 à Toulouse : les sans-abri en danger
Yves Faucoup dans son blog « le social en question » publie les propos de personnes à la rue mais aussi des travailleurs sociaux du groupement pour la défense du travail social (GPS) situé à Toulouse. Ce collectif dénonce les atteintes portées sur les droits des personnes accompagnées du secteur social et notamment les personnes qui sont à la rue. Leurs témoignages ne s’appuient pas sur des opinions mais sur des faits qu’ils ont constatés. Voici un extrait de ce que disent les travailleurs sociaux sur les conditions de vie actuelle des personnes « SDF » à Toulouse :
« Ces appels [reçus par le 115] sont déprimants, plus envie de répondre pour ne faire que des refus. Au dernier appel, j’entendais les policiers derrière qui disaient au mec de dégager. Il répond « j’appelle le 115, pas de place ». Les policiers s’énervent, lui disent d’appeler ailleurs, plus loin. Le ton monte, j’entends des cris. Le gars me dit « la nuit dernière j’ai rêvé que je dormais dans un lit ». Nouvelle menace policière , l’appel se coupe… »
« De mon côté, je constate beaucoup de nouveaux appels de personnes qui nous ont jamais sollicité ou avaient arrêté de nous solliciter, car ils ont peur de rester dehors. »
« Beaucoup de personnes qui nous parlent de ce qui est mis en place au national et qui pense qu’on leur ment et qu’on refuse de leur donner des places, ce qui crée pas mal de tension. »
« Le confinement rend de fait très visibles les personnes SDF qui restent les seules dehors, elles sont littéralement abandonnées à la rue. »
« {les personnes] nous ont interpellé pour récupérer des attestations de déplacement mais ont souvent bien été embêtées pour savoir quel motif indiquer. L’attestation fournie par le SIAO ou les associations a permis d’apporter une réponse temporaire et a suscité l’espoir de ne plus se faire verbaliser par la police municipale ».
Ils sont coupés du reste du monde. L’offre d’accès à l’alimentation et à l’hygiène s’est considérablement réduite. La distribution de duvets s’est également arrêtée avec l’arrêt des tournées de maraudes.
« Depuis le 16 mars, toutes les sanisettes en France sont fermées. Comme la quasi-totalité des lieux d’accueil publics ou associatifs sont clos également, il reste très peu de solutions pour les personnes sans abris pour faire leurs besoins et accéder à un point d’eau. »
(lire l’ensemble des témoignages sur le blog d’Yves Faucoup)
Secours Catholique: « des gens vont sortir fracassés de cette crise »
De plus en plus de Français risquent de basculer dans la « grande précarité » alerte Véronique Fayet présidente du Secours Catholique.
Elle cite en exemple les étudiants « qui n’ont plus les petits boulots qui leur permettaient de compléter leurs bourses et de vivre correctement ». Elle cite aussi les travailleurs, des personnes qui avaient un peu d’intérim, un CDD, des travaux à droite à gauche déclarés ou non, mais qui s’en sortaient tant bien que mal et qui tout d’un coup basculent dans la pauvreté ».
La présidente du Secours Catholique va plus loin et interroge notre mode de vie : « Pendant cette période nous avons goûté à autre chose, à la sobriété, à la solidarité, nous avons vu que nous pouvions vivre sans se déplacer de manière frénétique, moins de pollution, peut-être le moment est-il venu de se poser tous ensemble, citoyens, gouvernement, entreprises pour se demander quelle société nous voulons ? » (lire l’article de l’AFP)
et aussi
Le confinement si difficile des centres d’accueil pour handicapés
« On en parle beaucoup moins » explique le magazine indépendant StreetPress. le journaliste Christophe-Cécil Garnier est allé au plus près des foyers de vie. Il y en a 4.480 en France. Ils accueillent à l’année environ 144.000 personnes handicapées, majoritairement avec des déficiences mentales, cognitives ou psychiques du coté des établissements qui accueillent
« C’est une population qui comprend peu l’abstrait, comme un virus. Il y a des choses qu’on arrive difficilement à expliquer… », témoigne Pierre, aide médico-psychologique dans un Foyer d’Accueil médicalisé. « Ce sont des personnes avec une compréhension différente. On a aussi des personnes malentendantes et qui s’expriment très peu. D’autres n’ont pas la notion du temps. Pour certaines, on se demande si elles ont bien compris ce qu’il se passe. »
Certes « On n’est pas l’hôpital et on n’est pas dans la même situation que ceux en réanimation. Mais il ne faut pas oublier qu’on a aussi des personnes vulnérables et fragiles. On doit tout mettre en œuvre dans nos établissements pour les protéger, nous protéger et pouvoir assurer le meilleur accompagnement possible.» (lire l’article de StreetPress)
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photo : freepik.com @Dragana_Gordic
Sélection des articles réalisée avec l’aide de Michelle Verrier Flandre