bonjour et bienvenue à cette revue de presse qui vous propose un tour d’horizon un peu étonnant mais engagé de notre société : entre le phénomène de la location d’amis pour répondre à la solitude grandissante, les secousses qui traversent l’accompagnement psy, et le manque d’attraction du secteur social, l’actualité regorge d’initiatives, d’interrogations et de témoignages authentiques. Sans oublier les multiples liens susceptibles de vous intéresser… Bonne lecture .
Des amis à louer pour contrer la solitude
Voilà un phénomène révélateur de notre époque qui fait l’actualité. La location d’amis sur Internet est désormais possible dans une société où la solitude n’a jamais été aussi présente. À travers des plateformes comme UrFriendly ou RentAFriend, des personnes paient pour vivre un moment convivial, partager une sortie ou simplement discuter. L’expérience souvent teintée de gêne chez les utilisateurs traduit un embarras plus profond : celle d’une difficulté croissante à constituer de vrais liens sociaux, alors même que l’hyperconnexion numérique favorise en apparence les rencontres.
Les chiffres sont sans appel : 35% des 25-39 ans se disent seuls, et un quart des Français, tous âges confondus, affirment vivre la solitude. Ces indicateurs sont en hausse constante selon la Fondation de France. Si certains jeunes trouvent dans la location d’amis une manière de reprendre confiance et d’apaiser leur isolement, d’autres s’interrogent sur la marchandisation du lien social, sur la frontière ténue entre amitié authentique et prestation tarifée.
Mais derrière ce marché de la solitude, se pose la question des enjeux collectifs. La France n’est pas la seule concernée, le Japon ayant érigé la lutte contre la solitude en priorité nationale avec la création d’un ministère dédié en 2021. À la croisée des domaines, ce phénomène ouvre un débat sur la transformation des relations humaines à l’heure où l’individu est sommé d’afficher une « vie sociale » riche sur les réseaux, sous peine d’exclusion ou de malaise existentiel.
Heureusement, face à cette détresse sociale, des initiatives de proximité tentent de réhumaniser le lien. L’article de La Nouvelle République signé Aurélien Germain en présente quelques unes. Il n’empêche que ce constat appelle à une réflexion plus profonde sur nos modèles de société. La question n’est pas tant celle de louer une présence que de redonner sens et dignité à la rencontre. (lire l’article de La Nouvelle République)
Depuis Mon soutien psy, d’autres dispositifs plus « pertinents et efficaces » perdent leurs financements, alertent des psychologues
Le dispositif « Mon soutien psy » devait ouvrir plus largement l’accès à la prise en charge psychologique dans notre pays, mais c’était sans compter des dommages collatéraux. Pour rappel, il propose douze séances remboursées chez des psychologues libéraux pour des troubles anxieux ou dépressifs légers. Pourtant, un constat s’impose : ce dispositif, généralisé en 2022, rate sa cible et met en péril des initiatives locales bien plus adaptées aux réalités du terrain et aux besoins des publics les plus fragiles.
Dans une lettre ouverte, la Convergence des psychologues en lutte, fédérant 21 collectifs, dénonce le désengagement massif des pouvoirs publics. Les anciennes structures, implantées pour accompagner la parentalité, la périnatalité, l’oncologie ou le handicap, voient leurs financements disparaître sous le prétexte que « Mon soutien psy » couvre désormais la prise en charge psychologique. Le résultat ? Rupture de soin dramatique, disparition de dynamiques d’équipes spécialisées et remise en cause de l’expertise des psychologues investis de longue date auprès des publics vulnérables.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la majorité des usagers quittent le dispositif « Mon soutien psy » avant la huitième séance ; seuls 10% des bénéficiaires sont en situation de précarité, loin des ambitions annoncées. Un quart des dispositifs locaux ont déjà fermé ou prévoient de le faire, menaçant la poursuite même du soin psychologique dans des territoires entiers.
Car derrière l’affichage d’une politique volontariste, c’est toute une logique de rationalisation économique qui guide les choix. Cela se fait au détriment de la qualité, de la continuité des parcours de soin. Un montant de 170 millions d’euros consacré au dispositif national pourrait financer la création de milliers de postes dans le secteur public, saturé de demandes, et encourager le travail en équipe, la pluridisciplinarité, la transversalité que rend impossible le modèle individualisé des consultations du dispositif.
Face à ce constat, la voix des psychologues de terrain s’élève pour rappeler qu’une politique de santé mentale ne saurait se résumer à la mise en concurrence de dispositifs. Encore moins )
à l’application mécanique d’un forfait national. Elle requiert une capacité d’écoute, de soutien et de coopération, et une mobilisation collective pour que la prise en charge psychologique reste accessible, pertinente, et respectueuse de la complexité des parcours de vie.
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Derniers chiffres de la DREES sur les étudiants en formation sociale et les professionnels du travail social
Cet article publié par la Fédération des acteurs de la Solidarité nous présente les derniers résultats de la DREES. Ils ne sont pas fameux avec une baisse significative du nombre d’étudiants inscrits dans les formations aux métiers du social. Cette tendance s’inscrit dans la continuité des années précédentes. C’est inquiétant et bien évidemment cela ne peut qu’interroger l’attractivité de nos professions pourtant essentielles au bon fonctionnement de notre société. Les auteurs décrivent plusieurs facteurs expliquant cette désaffection : conditions de travail difficiles, précarité, et reconnaissance limitée. Tout cela, nous le savons déjà mais c’est bien confirmé par les chiffres 2024.
La Fédération des acteurs de la solidarité détaille également les conséquences concrètes de cette situation sur le terrain. Le recul des « vocations » ou du moins de l’intérêt pour nos métiers entraîne une tension accrue dans les équipes déjà en sous-effectif. Cela provoque aussi une reconfiguration des missions au quotidien. Les professionnels témoignent d’un sentiment de fatigue et d’usure, tout en restant attachés à la dimension humaine de leur engagement. L’article met en avant la parole des acteurs du secteur social, soucieux de préserver la qualité de l’accompagnement, mais désireux de voir leur métier davantage valorisé.
Enfin cet article insiste sur le rôle fondamental des statistiques officielles pour alerter les pouvoirs publics et guider les politiques sociales à venir. En relayant les chiffres fournis par la DREES, la FAS souhaite sensibiliser l’ensemble des parties prenantes à l’urgence de renforcer l’attractivité des formations et d’améliorer les conditions d’exercice des professionnels. Ce sujet appelle à une mobilisation renouvelée de tous ceux qui œuvrent pour le travail social. (lire l’article de la FAS) (lire le communiqué de la DREES)
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Vous êtes allé(e) au bout de cette revue de presse ? Bravo et merci ! Merci beaucoup à Michelle Flandre qui m’a aidé à la réaliser.
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