Revue de presse : Une « répression sociale » en marche / Coupes budgétaire pour les asso. féministes / Handicap : la Région IDF se retire.

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Bienvenue à cette revue de presse ! Aujourd’hui, nous plongerons dans trois sujets qui touchent directement au quotidien et font état de réalités plutôt difficiles : d’abord, La Quadrature du Net révèle comment la CAF est sollicitée par la police pour déclencher discrètement des centaines, voire des milliers de contrôles. C’est un dispositif opaque qui fait planer de lourds soupçons d’atteintes aux libertés. De son côté, la Fondation des Femmes tire la sonnette d’alarme quant aux coupes budgétaires qui menacent l’existence même des associations féministes. Cela met en danger des milliers de femmes laissées sans soutien. Enfin, nous irons en Île-de-France, là où la région met fin aux subventions destinées aux Maisons Départementales pour Personnes Handicapées. C’est une décision aux conséquences concrètes pour de nombreuses familles… Vous trouverez d’autres infos avec les multiples liens susceptibles de vous intéresser. Bonne lecture !

 


Répression sociale : des milliers de contrôles CAF déclenchés sur demande policière

La Quadrature du Net  revient sur les contrôles réalisés par la CAF à la demande de la police. L’association décrypte leur usage en tant qu’outil de répression sociale et politique. Il est fait état du parcours de « Jean », arrêté lors d’une manifestation et ensuite contrôlé par la CAF sans explication transparente. En fait on apprend que des milliers de contrôles similaires sont menés chaque année, suite à « signalements » policiers, sans justification ni encadrement strict. L’opacité du dispositif rend l’accès aux informations difficile pour les personnes concernées, favorisant ainsi des risques d’abus et le sentiment de harcèlement.

Les CODAF (Comités opérationnels départementaux anti-fraude), créés en 2010, contribuent à cette instrumentalisation des institutions sociales. La coopération accrue entre police, CAF, et autres organismes via des échanges réguliers d’informations vise explicitement les fraudes aux prestations. Mais cela s’accompagne de pratiques discriminatoires, en particulier à l’égard des habitants des quartiers populaires et des mères célibataires. L’article détaille la mise en place progressive du protocole entre CAF et police et dénonce la « rationalisation administrative » qui prive les personnes contrôlées de toute transparence et recours efficace.

La Quadrature du net  souligne enfin le manque d’efficacité globale du dispositif puisque seuls 17% des contrôles déclenchés sur signalement aboutissent à la détection d’un trop-perçu. La plupart des erreurs sont non intentionnelles. L’absence de données ouvertes sur les personnes ciblées ne permet pas d’évaluer pleinement l’ampleur des discriminations. Mais selon plusieurs témoins elle existent.  L’association précise d’emblée qu’elle ne connait qu’un moyen de savoir avec certitude que c’est le cas : accéder au rapport de contrôle établi par le ou la contrôleur·se et chercher, sur sa première page, s’il est écrit « Cible: 922 signalements reçus police/gendarmerie/préfecture ». Ce rapport de contrôle est communicable à toute personne ayant fait l’objet d’un contrôle à domicile. Vous trouverez dans l’article en ligne un guide pour obtenir l’accès à ce rapport via une demande d’accès aux documents administratifs.. (lire l’article de La Quadrature du Net)

 


Coupes budgétaires : la survie des associations féministes compromise, des milliers de femmes en danger

La Fondation des Femmes avait publié fin août une enquête exclusive sur l’impact des coupes budgétaires concernant l’accompagnement des femmes victimes de violences et j’avais oublié de vous le signaler. Elle a été réalisée auprès de 148 associations féministes, dont la très grande majorité accueille directement des femmes. Cette enquête révèle qu’en 2025, plus de 70% d’entre elles se disent en difficulté financière, principalement en raison de baisses ou de retards de versement des subventions publiques. Les collectivités départementales sont identifiées comme premières responsables de ces amputations, devant l’État, les communes, les conseils régionaux et intercommunalités.

Ce recul budgétaire, alors que la loi intégrale contre les violences faites aux femmes est au cœur de l’actualité politique, entraîne une hausse du nombre de femmes non protégées, exposées à des dangers parfois vitaux. Pour Anne-Cécile Mailfert, présidente de l’association, la diminution du soutien public représente une faute politique grave. Les conséquences peuvent se mesurer en vies humaines. La fondation rappelle que sans financement stable et pérenne, aucun progrès ne sera envisageable, mettant en péril la survie des dispositifs d’accueil et d’accompagnement existants.

Face à cette urgence sociale, la Fondation des Femmes lance une grande campagne nationale d’appels aux dons pour garantir la continuité et la pérennité des structures associatives venant en aide aux femmes victimes de violences. Elle insiste sur l’importance de chaque geste solidaire, soulignant qu’un don peut permettre la réouverture d’une permanence, l’accueil en centre d’hébergement ou le maintien des services d’écoute et de protection. (Lire l’intégralité du communiqué) (accéder à l’enquête) (Soutenir les associations)

 


Handicap : la région d’Ile-de-France supprime ses subventions aux Maisons Départementales pour les Personnes Handicapées

La région Île-de-France a pris la décision de supprimer ses subventions aux huit Maisons Départementales pour les Personnes Handicapées (MDPH) à compter de 2025. En 2024, cette aide représentait une somme de 2 053 388 euros, soit en moyenne 230.000 euros attribués à chaque département. À titre de comparaison, le budget total de la région s’élève en 2025 à 4,5 milliards d’euros. L’opposition de gauche dénonce une mesure prise « en catimini » qu’elle considère comme un « bras d’honneur » envers les 7% de Franciliens administrativement reconnus en situation de handicap.

Pour les départements concernés, l’impact est immédiat et risque d’accentuer les inégalités territoriales. En Seine-Saint-Denis, par exemple, la quasi-totalité des bénéficiaires n’avaient plus qu’un reste à charge de 6 euros grâce à ce fonds. D’après Stéphane Blanchet, vice-président autonomie du département, la décision régionale aura des répercussions sur le pouvoir d’achat des familles, alors que la région revendiquait encore il y a peu le handicap comme « grande cause régionale ». La majorité régionale justifie ce retrait par une baisse de 5% de ses recettes, estimée à 321 millions d’euros pour 2025, et par le choix de concentrer l’action sur ses compétences prioritaires, notamment l’accessibilité des transports.

Pierre Deniziot, délégué régional au handicap, affirme que les départements n’ont pas été mis devant le fait accompli et que l’effort régional se poursuit à hauteur de 150 millions d’euros annuels dans ses domaines de compétence. Toutefois, les élus départementaux, comme dans les Hauts-de-Seine, actent le renoncement à la participation régionale et réajustent leur propre soutien pour absorber la perte. L’opposition espère toutefois faire plier la majorité et obtenir un retour sur cette décision qui fragilise les dispositifs d’accompagnement en faveur des personnes handicapées. (lire l’article de France 3 Paris, Île-de-France)

 


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Vous êtes allé(e) au bout de cette revue de presse ? Bravo et merci ! Merci aussi à Michelle Flandre qui m’a aidé à la réaliser.

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