Revue de presse : L’État face à la justice / Un haut commissariat peu convainquant / Rien n’est possible sans les travailleurs sociaux !

[current_page_url]

Bonjour et bienvenue à cette revue de presse !  Au programme, des sujets qui vous interessent très certainement : l’État poursuivi en  justice pour le non-respect des lois sur l’hébergement des sans-abri, la création d’un haut-commissariat à l’enfance qui suscite des interrogations, et un rapport qui met en avant en l’importance des travailleurs sociaux pour soutenir la parentalité. Ces articles nous offrent un regard critique et éclairant sur les enjeux sociaux actuels. Sans oublier les multiples liens susceptibles de vous intéresser ! Bonne lecture !

 


L’État attaqué en justice pour non-respect des lois sur l’hébergement des sans-abri et le logement opposable

L’État est confronté depuis longtemps à de sérieuses critiques de la part des associations caritatives. Elles l’accusent de ne pas respecter les lois concernant l’hébergement d’urgence des sans-abri et le droit au logement opposable (DALO). Le Collectif des associations pour le logement, comprenant notamment l’ex-Fondation Abbé Pierre et la Fédération des acteurs de la solidarité, a déposé des recours en justice contre l’État pour dénoncer cette situation. En effet, malgré les efforts des associations, la situation se dégrade continuellement en raison d’un manque de places d’hébergement et d’un accès limité et conditionné aux services d’accueil.

Les associations rappellent avec insistance que le Code de l’action sociale et des familles garantit à toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique ou sociale un accès à un dispositif d’hébergement d’urgence à tout moment. Cependant, l’État maintient 203.000 places d’hébergement d’urgence, un nombre qui est certes important  mais devenu nettement insuffisant face à la demande et à la situation sociale qui se dégrade inexorablement. Les critères de priorisation ont été mis en place, privilégiant certaines catégories comme les femmes enceintes et les familles avec de jeunes enfants, ce qui exclut d’autres personnes vulnérables. Les témoignages présentés par la journaliste du Monde   sont accablants.

Elle rappelle aussi que les travailleurs sociaux sont confrontés à des difficultés importantes, avec des appels sans réponses et des personnes laissées sans solution. À Paris, par exemple, seuls 12 % des appels au numéro d’urgence 115 sont traités ! Ils laissent environ 600 personnes sans aide chaque jour. Les familles vivent dans des conditions très précaires, souvent dans des chambres d’hôtel, avec des conditions de vie difficiles et un stress constant lié à la crainte de ne pas obtenir le renouvellement de leur hébergement.

Le Collectif des associations pour le logement dénonce également la carence de l’État dans le relogement des personnes ayant obtenu leur droit au logement opposable. « Les chiffres officiels font état de plus de 95 000 personnes pour lesquelles l’État n’a pas respecté les trois mois de délai de relogement prévus », ça commence à bien faire. Non ? (Lire l’article du Monde -abonnés)

 


Enfance : en l’absence de ministère, l’exécutif crée un haut-commissariat qui ne convainc pas

La création d’un haut-commissariat à l’enfance, promis par Emmanuel Macron, a été mise en place le 11 février dernier. Ce poste, qui devrait être présidé par Sarah El Haïry, vice-présidente du MoDem, vise à apaiser les inquiétudes des spécialistes des droits des enfants qui ont été « choqués » par l’absence de ministre dédié dans le gouvernement Bayrou. Cependant, cette mesure n’a pas entièrement convaincu les militants, qui estiment qu’un ministère dédié serait plus efficace.

Le Haut-commissariat, est rattaché au ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles dirigé par Catherine Vautrin. Il aura pour mission de coordonner et de proposer des politiques en matière de protection de l’enfance, de santé infantile, de soutien à la parentalité et d’accueil du jeune enfant. Malgré ces objectifs ambitieux, des critiques soulignent que ce poste ne dispose pas de budget propre et ne sera pas rattaché à l’Élysée ou à Matignon, ce qui risque fort de limiter son influence.

Sarah El Haïry, si elle est confirmée, pourra se prévaloir d’une expérience précédente en tant que ministre déléguée chargée de l’enfance. Cependant, des voix s’élèvent pour souligner que son rôle pourrait être limité par son statut de haut-commissaire. Concrètement, elle sera sans pouvoir de signature de décrets. Elle devra convaincre sa ministre de tutelle pour agir. Parmi les dossiers urgents qui devraient atterrir sur son bureau figurent les recommandations de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise).

Les difficultés à régler sont considérables, souligne Mathilde Mathieu journaliste à Médiapart. Elle rappelle fort justement que notre pays a plus de 3 millions d’enfants qui vivent sous le seuil de pauvreté. Que plus de 2.000 d’entre eux sont à la rue. Il est aussi rappelé qu’il y a des milliers de mineurs en danger dans leur famille. Les moyens humains et financiers alloués au haut-commissariat risquent fort de ne pas être à la hauteur pour son efficacité. Pour l’instant, les acteurs de la protection de l’enfance attendent sans trop d’illusions la mise en œuvre concrète de cette nouvelle instance qui sera évaluée à ses résultats. (lire l’article de Médiapart – abonnés )

 


Soutien à la parentalité : « Rien n’est possible sans des travailleurs sociaux en nombre suffisant »

rapport parentalite hefezLa journaliste du Média Social, Noémie Collomb, nous résume un nouveau rapport qui vient d’être remis à la ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, Catherine Vautrin. Il formule 40 propositions pour améliorer le soutien à la parentalité dans notre pays. La commission auteure de ce rapport est coprésidée par le médiatique Serge Hefez et Hélène Roques. Elle avait a été créée suite aux émeutes urbaines de juillet 2023.

Surprise ! le rapport met en avant l’importance de valoriser le travail social et de faire des parents des « partenaires de la société », plutôt que de les stigmatiser. Il est souligné que la politique de soutien à la parentalité doit viser à fournir aux parents les outils nécessaires pour occuper pleinement leur rôle dans la société. Les recommandations incluent l’insertion du droit à la parentalité dans le Code de l’action sociale et des familles, ainsi que le développement d’une offre de services sociaux garantie dans chaque territoire. La commission propose aussi de créer un numéro vert pour orienter les parents en difficulté et de renforcer les dispositifs de pair-aidance et d’accompagnement social personnalisé.

Elle insiste sur la nécessité d’un plan de recrutement massif de travailleurs sociaux pour soutenir ces initiatives. Le rapport aborde également des questions spécifiques comme le soutien aux familles concernées par le handicap, avec des propositions pour aider les parents handicapés et lancer une campagne d’information sur le handicap. D’autres mesures visent à promouvoir la coparentalité en cas de séparation, en encourageant la médiation ou la coordination parentale. Enfin, il est préconisé une meilleure intégration des familles dans les établissements scolaires et la création d’une commission interministérielle permanente pour suivre la mise en œuvre de ces recommandations.ça, ça ne mange pas de pain ! (lire l’article du Média Social -abonnés ) (Consulter le rapport sur le site du Média Social)

Lire aussi

 


L’avez-vous vu comme ça ?

  • Avons-nous un État schizophrène ? : D’un côté, nous avons un rapport remis à la ministre des Solidarités qui demande à ce que la société soit partenaire des parents et de l’autre, nous avons des parlementaires qui viennent de voter une loi soutenue par le Gouvernement sanctionner les parents d’enfants dits « délinquants ». Le tout est justifié à partir d’un même évènement : les violences urbaines de l’été 2023. Cherchez l’erreur :  la main gauche de l’État ne sait pas ce que fait sa main droite.
  • Merci à Éric Heyer d’aider à ne plus dire n’importe quoi sur les chiffres du chômage : L’Unedic publie une interview très pédagogique de l’économiste Eric Heyer, directeur du département analyse et prévision de l’OFCE. Il rappelle que le concept du chômage au sens du BIT n’a rien à voir avec les statistiques de France Travail. Il nous explique que les catégories A, B et C de France Travail sont perturbées par la loi Plein emploi. On va inscrire 1,5 million de personnes que France Travail ne connaît pas : dans quelles catégories les classer ? il a été créé la catégorie G, qui est une catégorie d’attente, où le nouvel inscrit sera classé tant que l’on n’aura pas les informations permettant de le classer correctement. Même s’il ne recherche pas de travail voire même n’a pas la capacité de travailler… Bref la catégorie G comme « Génant ». Merci à Michel Abhervé pour son blog formidable qui nous dévoile beuacoup de choses
  • Ils sont forts dans le Département du Nord !  Le fichier des allocataires du RSA accompagnés par NordEmploi a été piraté. Je vous donne la liste de ce quelques éléments récupérés par les hackeurs : date de naissance, nom, nom de naissance, prénom, email, téléphone, adresse,  Numéro d’allocataire, clé primaire, n° de référence, Nom et prénom du conseiller Pôle Emploi, de multiples éléments de la vie personnelle dont le CV, la nature et les modalités de l’accompagnement, Les expériences associatives, les formations, métiers envisagés, savoir-faire et savoir être (!), les centres d’intérêts, et j’en passe. On en sait des choses sur les allocataires du RSA. La CNIL va-t-elle se saisir du problème face à cette atteinte à la vie privée ? On ne peut que l’espérer.
  • Bientôt la fin de Parcoursup pour les formations aux métiers du social ? Ce sont les ASH qui posent cette question après avoir pris connaissance d’une proposition de la députée LFI  Marianne Maximi. Parcoursup favoriserait des profils peu expérimentés, avec un faible niveau initial de rédaction, et des personnes peu motivées qui viennent là par défaut. N’en jetez plus ! Conséquence : un taux d’abandon de formation qui augmente et des formateurs qui s’arrachent les cheveux.

 


Lire aussi

 


Vous êtes allé(e) au bout de cette revue de presse ? Bravo et merci ! Merci aussi à Michelle Flandre qui m’a aidé à la réaliser. Michelle assure une veille sociale indispensable !

Photo : serezniy Auteur serezniy sur depositphotos

Articles liés :

Une réponse

  1. Je suggère à Sarah El Haïry, si elle devait être nommée comme Haut Commissaire, une première mesure essentielle pour la protection de l’enfance : rendre obligatoire le chant de la
    Marseillaise dans toutes les familles d’accueil et les foyers, comme elle l’avait courageusement fait elle-même lors des 10ème édition du réseau jeune, à Poitiers, en 2020. https://www.youtube.com/watch?v=cbK_sdi9-Eo
    Oserai-je rajouter une proposition complémentaire : la pratique de la levée des couleurs de notre beau drapeau tricolore. Ainsi, notre jeunesse placée retrouverait la voie des vraies valeurs patriotiques, seule à même de la sauver.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.