Bonjour et bienvenue à cette revue de presse ! Cette semaine, nous nous interrogeons sur la dématérialisation des services publics qui laisse trop d’usagers sur le bord du chemin, avec 61 % de Français en difficulté face à leurs démarches et un quart qui finissent par renoncer ! des chiffres qui en disent long sur le malaise administratif actuel. Dans un tout autre registre, l’histoire bouleversante de Mamadou Garanké Diallo, jeune boucher victime des suites d’une OQTF. Cela vient rappeler combien certaines décisions administratives peuvent parfois briser des vies. On parlera aussi des décrets de la réforme des études des travailleurs sociaux de niveau 6. Enfin nous terminerons avec cette belle initiative solidaires à Clermont-Ferrand, où dix-sept associations s’unissent contre la précarité. Sans oublier les multiples liens susceptibles de vous intéresser… Bonne lecture !
De plus en plus d’usagers galèrent dans leurs démarches administratives (61% contre 39% il y a 8 ans) et un quart abandonne.
Le constat est là et ce titre d’une info diffusée par BFM à de quoi inquiéter. Les difficultés auxquelles font face les usagers dans leurs démarches administratives ont considérablement augmenté au cours de la dernière décennie, selon une enquête du Défenseur des droits publiée le 13 octobre dernier.
Près de deux tiers des personnes sondées confient rencontrer des blocages, souvent liés à la dématérialisation des services publics. Elle était censée simplifier les interactions avec l’administration, elle révèle ses limites en générant de nouveaux obstacles pour de nombreux citoyens. En fait elle oblige certains à renoncer à exercer leurs droits. L’accès au numérique, loin d’être universel, laisse de côté les plus fragiles, comme les personnes âgées.
Le rapport souligne aussi la tendance à la “déshumanisation” des services publics, accentuée par la digitalisation générale des démarches : 82% se font aujourd’hui en ligne contre seulement 33% en 2011. Cela prive une partie des usagers de l’accompagnement humain qui facilitait autrefois leurs parcours. Si les difficultés progressent chez tous, les personnes défavorisées, sans emploi, handicapées ou issues de minorités ethniques sont particulièrement exposées.
L’enquête pointe la “double peine” subie par ces publics, avec une hausse dramatique des blocages dans les démarches et une part importante de recours avortés. Seulement la moitié des usagers parvient à effectuer seule ses démarches, et près d’un quart renonce tout simplement après avoir rencontré un obstacle. À chaque problème, la majorité des personnes interrogées tente tout de même de recontacter l’administration, parfois en se déplaçant sur place. La « numérisation forcée » provoque de réelles détresses. (Lire l’article de BFM TV)
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« C’est l’OQTF qui l’a tué » : Mamadou Garanké, boucher de 21 ans, est mort en voulant rejoindre l’Angleterre.
L’annonce de la mort de Mamadou Garanké Diallo, jeune boucher de 21 ans à Darnétal près de Rouen, a été médiatisée à juste titre. Cette histoire abominable justifie que l’on s’y arrête, car elle symbolise l’échec de l’intégration voulue par des décisions administratives liberticides. Que s’est-il passé ? Arrivé seul de Guinée Conakry à l’âge de 14 ans, ce mineur s’était intégré en France, épaulé par l’Aide Sociale à l’Enfance. Plus tard, il avait été embauché dans une boucherie où son sérieux et son engagement étaient unanimement salués par ses employeurs et la clientèle. Pourtant, malgré son parcours exemplaire, Mamadou a été visé à deux reprises par une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), mesure administrative qui a mis brutalement fin à son contrat de travail et à ses espoirs d’avenir en France.
La première OQTF, en 2023, avait pourtant suscité une mobilisation remarquable : pétition, intervention d’élus et témoignages appuyés du propriétaire de la boucherie avaient permis à Mamadou d’obtenir une carte d’identité consulaire, lui garantissant un répit et la possibilité de poursuivre sa vie en France. Cet équilibre fragile s’est effondré en juin 2025, lors de la seconde OQTF décidée par la préfecture de la Seine-Maritime. Précipité au bord du gouffre, le jeune homme a choisi de quitter le pays pour rejoindre l’Angleterre, emporté par la peur de se voir expulsé et la volonté d’un meilleur avenir.
Son décès, survenu tragiquement à Loon-Plage près de Dunkerque alors qu’il tentait la traversée, a laissé ses proches et ceux qui l’ont conne en état de choc. Deux familles l’avaient accueilli, chacune évoquant un jeune homme courageux, travailleur et désireux de s’intégrer pleinement en France. Elles dénoncent aujourd’hui les incohérences et fausses informations contenues dans le courrier de la préfecture ayant servi à justifier l’expulsion, insistant sur la légalité de son emploi ainsi que sur la stabilité de ses ressources. Témoignages des employeurs et des clients abondent dans le même sens, évoquant un jeune très apprécié, bien installé dans sa vie professionnelle et sociale.
Plus largement, ce drame nous montre l’injustice et l’impuissance que ressentent de nombreux habitants de Darnétal. La militante Catherine Marc évoque une politique d’accueil défaillante et une violence administrative malgré les élans de solidarité dans la commune. L’émotion reste vive alors qu’une autopsie et une enquête sont en cours, et que ses proches tentent désormais de rapatrier son corps en Guinée. (lire l’article de France3 Normandie)
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Réforme des diplômes de travail social : parution in extremis des arrêtés
Les arrêtés réformant les diplômes du travail social ont été publiés au Journal officiel du 14 octobre 2025, in extremis avant la clôture du calendrier de Parcoursup. Cet ensemble de textes entérine la refonte des cinq principaux diplômes de niveau 6 du secteur : assistant de service social (DEASS), conseiller en économie sociale familiale (DECESF), éducateur de jeunes enfants (DEEJE), éducateur spécialisé (DEES) et éducateur technique spécialisé (DEETS).
« La brêve » du Média Social rappelle le climat tendu qui a accompagné cette réforme : la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) s’est heurtée à de fortes réserves syndicales et associatives tandis que les fédérations d’employeurs et l’Unaforis y voyaient une modernisation nécessaire des référentiels.
Ces arrêtés marquent plusieurs évolutions majeures. Le texte adopte une architecture en quatre blocs de compétences, dont deux sont communs à l’ensemble des formations du travail social et deux spécifiquement liés au métier .
L’arrêté introduit aussi de nouvelles passerelles de formation. Elles permettront aux étudiants, durant leur première année, de se réorienter plus facilement vers un autre parcours du travail social sans tout recommencer. Cette mesure vise à favoriser la mobilité et à limiter les abandons précoces, souvent liés à une orientation initiale mal ajustée. En revanche, le DECESF bénéficie d’un calendrier différé : la réforme de ce diplôme ne s’appliquera qu’à la rentrée 2027, contre septembre 2026 pour les autres. Les professionnels et futurs étudiants devront cependant attendre l’année prochaine pour disposer de l’ensemble des modalités précises de mise en œuvre. (lire la brève du Média Social)
Télécharger les arrêtés
- diplôme d’État d’assistant de service social (DEASS) ;
- diplôme d’État d’éducateur spécialisé (DEES) ;
- diplôme d’État de conseiller en économie sociale familiale (DECESF)
- diplôme d’État d’éducateur de jeunes enfants (DEEJE) ;
- diplôme d’État d’éducateur technique spécialisé (DEETS).
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Coup de chapeau aux premières rencontres solidaires de Clermont Ferrand
dix-sept associations du Puy-de-Dôme s’unissent pour organiser deux journées consacrées à l’humain, au dialogue et à la lutte contre l’exclusion. C’est aujourd’hui et demain. Cette initiative collective, inédite par son ampleur dans le département, s’inscrit dans le cadre de la Journée mondiale du refus de la misère. Elle vise à rendre visibles les personnes frappées par la précarité et à changer le regard porté sur elles, en déconstruisant notamment certains préjugés persistants.
La journée du 18 octobre s’articulera autour d’une quinzaine d’ateliers participatifs, ouverts à tous sans inscription ni frais d’entrée. Cuisine, fresque collective et jeux seront au rendez-vous, invitant chacun à s’impliquer à sa manière et à découvrir la diversité des actions menées par le collectif. À partir de 17h30, un temps festif réunira les participants autour de performances musicales et artistiques, pour valoriser l’engagement et insuffler énergie et espoir dans une lutte commune contre l’isolement social. Bravo les amis pour cette initiative !!!
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