Bonjour et bienvenue à cette revue de presse ! Aujourd’hui, nous vous proposons un tour d’horizon riche en réflexions : d’abord, un reportage à la veille de la rentrée scolaire. Les enseignants affrontent chaque jour la pauvreté silencieuse de leurs élèves. Retour ensuite dans l’éternelle polémique autour des allocations de rentrée scolaire. Du côté des travailleurs sociaux, c’est toujours la réforme de la formation qui inquiètent et soulèvent la colère des organisations professionnelles. Nous finirons sur une note inspirante en traversant l’Atlantique pour découvrir comment la nature et les animaux deviennent les alliés précieux des éducateurs spécialisés dans une ferme québécoise. Sans oublier les multiples liens susceptibles de vous intéresser… Bonne lecture !
Des enseignants bien seuls face à la pauvreté
Ce long reportage signé Malika Butzbach pour Politis nous plonge dans le quotidien des enseignants des établissements d’éducation prioritaire. Ils sont confrontés à la précarité grandissante de leurs élèves. Dans les écoles comme celle d’Ivry-sur-Seine, les galères des familles imprègne la vie scolaire. Beaucoup de professeurs, comme Chloé P. à Roubaix, apprennent sur le terrain à reconnaître les signes de misère cachée. Cela va de la fatigue liée au sommeil dans une voiture aux vêtements d’enfants abîmés dans des logements insalubres ou encore des poches remplies de pain à la sortie de la cantine. Le contact avec les familles reste délicat, la honte occultant souvent les difficultés, ce qui pousse les enseignants à développer des stratégies pour trouver les mots et les aides nécessaires aux élèves.
L’accompagnement repose souvent sur une solidarité informelle, l’aide sociale scolaire demeurant limitée et sous-dotée : Sarah B. souligne l’importance des assistantes sociales, confrontées à un taux important de non-recours aux droits parmi les familles. Louis C., principal à Nîmes, regrette l’amenuisement des fonds sociaux, désormais « variable d’ajustement », rognés par les réformes alors que la pauvreté augmente. Se débrouiller devient la norme : vêtements, fournitures, sorties scolaires sont parfois issus de collectes organisées par les enseignants eux-mêmes ou financés sur leurs fonds personnels. Romain P. tient un carton de vêtements à disposition de ses élèves, et Chloé P. offre chaque année à ses élèves une sortie au cinéma, sachant que beaucoup découvriront alors pour la première fois le grand écran. (lire l’article de Politis)
Allocations de rentrée : des pauvres dans le viseur
Dans son article pour Le Café pédagogique, Djéhanne Gani démonte une idée reçue ressassée chaque année : l’allocation de rentrée scolaire serait détournée par les familles les plus pauvres pour acheter des téléviseurs ou des consoles de jeux. Cette rumeur, popularisée notamment par l’ancien ministre Jean-Michel Blanquer, se confronte aux chiffres récents qui prouvent que la majorité des familles utilisent cette aide pour financer leurs fournitures et leurs équipements scolaires.
L’allocation, versée en août à plus de cinq millions d’enfants, a été revalorisée de 1,7% et oscille selon l’âge entre 423 et 462 euros. Les enquêtes de la Caisse nationale des allocations familiales montrent clairement que les achats d’écrans ou de consoles atteignent leur pic lors des fêtes de fin d’année, non à la rentrée. Les dépenses de restitution scolaire et d’équipement informatique dominent en septembre.
Au-delà de la polémique, l’auteure rappelle que la pauvreté progresse en France depuis le milieu des années 2000. Elle impacte lourdement le parcours scolaire des plus jeunes. Les travaux de Jean-Paul Delahaye démontrent que l’école française ne compense pas, voire accentue, les inégalités sociales. « L’école n’est pas faite pour les pauvres », note-t-il dans ses récents écrits. (lire l’article complet sur Le Café pédagogique)
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Réforme des diplômes de travail social : la colère n’est pas retombée
Les organisations professionnelles et syndicales, dont l’Anas, la Fneje, le SNPE, l’IRE, la CGT Santé sociaux et Sud, expriment une colère persistante contre la réforme des diplômes de niveau 6 du travail social, nous explique le Média Social. La pause estivale n’a nullement apaisé leurs revendications, exacerbées par le calendrier de concertation imposé pour les projets de référentiels de formation et de certification : les textes, envoyés le 22 juillet, exigeaient une réponse pour le 20 août, période de congé pour la plupart des professionnels.
Ces organisations pointent du doigt de nombreuses incohérences et imprécisions dans les textes transmis. Elles dénoncent la disparition du mémoire au profit d’un contrôle continu propre à chaque centre de formation, ainsi que l’abandon de l’épreuve conclusive externe au rectorat. Cette évolution représente pour elles la remise en cause de l’existence des diplômes d’État, et une perte du caractère national et clinique des métiers du travail social.lemediasocial
Les syndicats exigent une consultation véritable en prélude à une réunion prévue à la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS). Celle-ci, vise à garantir des conditions d’admission suffisamment exigeantes et crédibles. Ils demandent aussi des temps de formation théoriques et pratiques suffisants.(lire le Média Social)
Lire l’article et les communiqués de presse sur le site du média social
Quand zoothérapie et éducation spécialisée s’allient pour le bien-être des jeunes

La journaliste Melissa Blouin a visité la Ferme Résilience, située à Sainte-Mélanie au Québec, un lieu qui associe vie éducative et amour de la nature. Elle y a rencontré Jacinthe Paquette, une professionnelle qui a choisi d’unir sa passion pour les animaux à son métier d’éducatrice spécialisée. Son objectif est clair : améliorer la vie des jeunes en difficulté. Forte de plus de 25 ans d’expérience, elle utilise la zoothérapie comme modalité d’intervention, en s’appuyant sur le lien profond qui se crée entre les jeunes et les animaux. Pour elle, l’animal n’est pas un thérapeute, mais un médiateur essentiel entre le professionnel et la personne accompagnée. Avec Louis-Félix Tessier, son partenaire engagé dans la permaculture, elle a construit un lieu vivant, où bien-être, apprentissage et respect de la nature s’entrelacent au quotidien.
Les séances, d’environ une heure, se déroulent le plus souvent en individuel et visent à soutenir le développement émotif, social, cognitif et physique des jeunes. Chaque participant choisit l’animal avec lequel il souhaite interagir, et Jacinthe observe les comportements pour adapter son intervention. Des histoires touchantes illustrent l’impact de cette approche : une adolescente épileptique qui, lors de ses moments de crise, pense à Légo, le poney Shetland, et retrouve du réconfort dans les souvenirs de leurs rencontres. Ou encore un jeune garçon profondément marqué par la timidité maladive, qui trouvait apaisement auprès des poules, dans un moment de méditation silencieuse, avant de pouvoir enfin parler. Après deux ans de suivi, ce jeune a pu entamer une psychothérapie, terminer son parcours et devenir un adolescent confiant, impliqué et sportif — une réussite que Jacinthe attribue à cette entrée en relation par le biais des animaux.
La Ferme Résilience s’ouvre aussi à des initiatives éducatives plus larges. Elle accueille des ateliers Lecture nature. Ces journées complètes, ancrées dans la nature, permettent aux enfants de vivre des apprentissages en lecture, en sciences ou en mathématiques, de façon ludique et concrète. Jacinthe utilise aussi les jardins pour enseigner les parties des plantes, les semences ou le rôle des pollinisateurs. Dans les champs, Louis-Félix Tessier cultive des variétés oubliées — comme l’oignon-patate ou une vingtaine d’ails — dans une démarche de sauvegarde du patrimoine végétal, renforcée par sa participation à la bibliothèque de semences et au jardin collectif de Sainte-Mélanie. Ici, chaque être vivant, humain ou animal, est considéré comme un partenaire à part entière. (Lire l’article publié par L’Action, un média indépendant du Québec).
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Photo d’illustration : Julie Kertész Entree d’ecole octobre-23 Prise le 8 novembre 2007 Certains droits réservés
Une réponse
Merci pour cette revue de presse.
Et pour tout le travail et les réflexions que vous nous offrez au travers de vos articles.