Violences conjugales, un «confinement sans fin»
Marion Tillous, est géographe. Elle intervient à l’université Paris-VIII et coordonne un projet de recherche «Spatialité des violences conjugales et Covid-19» auquel participent Eva San Martin, Julie Bulteau et Pauline Delage. Le journal Libération lui donne la parole et ce qu’elle nous dit est intéressant.
« L’assignation à résidence et les restrictions de déplacement ont renforcé l’auteur de violences conjugales dans ses exigences de contrôle. En retour, le fait pour la femme victime de ne pas pouvoir sortir n’a pas seulement restreint la possibilité pour elle de trouver des relais et des témoins aux violences qui lui étaient faites, elle a aussi réduit les interactions dans lesquelles elle était considérée comme une personne à part entière ».
Marion Tillous rappelle aussi que la violence conjugale n’est pas soudaine ou ponctuelle. Elle s’inscrit dans une stratégie d’emprise de l’un sur l’autre. Dans son article seuls les hommes en sont les auteurs. « Si le confinement a donné des oreilles aux murs, il a aussi ôté des yeux aux institutions et aux professionnels de la protection, comme le souligne Edouard Durand, juge des enfants au TGI de Bobigny… » (lire l’article de Marion Tillous sur Libération)
Le confinement, un risque de mort relationnelle
Le journal La Croix vient de publier une tribune signée par de nombreux soignants. Ils s’inquiètent d’un possible reconfinement des personnes âgées en EHPAD même si Emmanuel Macron exclut pour l’instant cette hypothèse.
La mort relationnelle est–elle moins grave que la mort biologique ? demandent-ils. Les signataires s’interrogent : « La fin justifierait-elle tous les moyens même les plus maltraitants ? ». Car le confinement est une véritable maltraitance qui ne dit pas son nom. Quand on reste plusieurs semaines à ne rencontrer personne si ce n’est « furtivement » une aide soignante, le goût et la volonté de vivre disparaissent.
« La pire des maltraitances est de croire qu’on est bienveillant » expliquent les auteurs de cette tribune. « L’humain est essentiellement un être né de la relation, vivant grâce aux liens qui le tissent et héritiers des fruits des relations passées qui le nourrissent. Comment ne pas comprendre que, couper les liens, mettre en réclusion, est non seulement indigne mais destructeur et inhumain. Et de plus, les réponses hygiénistes qui voudraient faire croire que la réclusion des personnes fragiles est efficace, sans tenir compte de la transmission du virus par les soignants eux-mêmes ! » (lire cette Tribune sur le site de La Croix)
Pauvreté : Matignon et la majorité ouvrent la porte à de nouveaux gestes
Jean Castex a reçu vendredi les associations de lutte contre la pauvreté. « L’explosion des files d’attente devant les banques alimentaires avec l’arrivée de nouveaux précaires, est un constat que de très nombreux maires ont fait lors du confinement et à son issue ». Avec une crise sanitaire qui s’aggrave, le sujet de la lutte contre la pauvreté remonte dans les rangs du mouvement LREM pour que des moyens soient engagés pour soutenir les plus pauvres dont le nombre augmente.
La journaliste Isabelle Ficek rappelle que ce ne sont pas les alertes qui manquent. Le Secours populaire avaient donné des chiffres sur « l’explosion de la précarité pendant le confinement (1,27 million de personnes ont alors sollicité une aide auprès de ses permanences d’accueil) ». De son côté, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, sur RMC, a demandé « dans le plan de relance, un volet de prise en compte de la paupérisation d’une partie de la population », une hausse des minima sociaux et l’ouverture du RSA aux moins de 25 ans. (lire l’article du journal Les Echos)
et aussi
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Les départements PS portent plainte contre Eric Zemmour et ses propos sur les mineurs isolés. (Après la Loire-Atlantique qui a pris l’initiative, le Gers, les Landes, la Haute-Garonne les Pyrénées-Orientales, La Gironde et le Finistère (tous à majorité PS) ont porté plainte contre le polémiste d’extrême droite). (20 Minutes)
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A Marseille, l’appel à l’aide de travailleurs du social ( Des salariés de l’Association d’Aide aux Jeunes travailleurs (AAJT) racontent leurs conditions de travail qui selon eux, se dégradent sous les impératifs économiques d’un secteur qui accueille toujours plus de jeunes mineurs isolés mais « rogne » sur leur accompagnement). (La Marseillaise)
- Petite enfance : “Protéger les enfants, ça passe par mieux accompagner les parents”. (L’allongement du congé paternité n’est pas la seule proposition du rapport de la commission des 1000 premiers jours, chargée de plancher sur l’amélioration du bon développement des enfants. Des parents ont rencontré le secrétaire d’État chargé de l’enfance et des familles, pour évoquer avec lui leurs difficultés, leurs attentes, et les autres mesures prônées par la commission. (Télérama)
et… Haute-Garonne : les Maisons des Solidarités au bord de l’implosion (La Dépêche)
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La sélection des articles a été réalisée avec l’aide de Michelle Verrier Flandre. Merci à elle