Didier Dubasque
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Une travailleuse sociale tuée lors d’une visite à domicile à Virey-sous-Bar dans l’Aube. Élus et travailleurs sociaux du Département sont sous le choc

L’AFP a publié une dépêche reprise par  plusieurs médias qui nous apprend la mort d’une assistante sociale dont l’identité n’est pas précisée. (il s’avère depuis lors qu’elle était conseillère en économie sociale familiale CESF). Elle a été tuée dans le cadre de son travail par la personne qu’elle connaissait et accompagnait. Le drame est survenu mercredi après midi. La collègue a été découverte devant la maison d’un octogénaire à Virey-sous-Bar (Aube), alors qu’elle  s’était présentée là plus tôt dans la journée dans le cadre de ses fonctions.  Elle « est décédée de tir d’arme à feu »  a indiqué  la procureure de Troyes.

Le journal l’Est éclair est plus précis et diffuse une vidéo sur son site :

Un véhicule du conseil départemental de l’Aube stationné à proximité immédiate a permis rapidement de comprendre  que la victime pouvait être une assistante sociale. Mère de deux enfants, âgée de 36 ans, elle rendait visite mensuellement à l’occupant de la maison à Virey-sous-Bar. Et ce mercredi, elle avait effectivement rendez-vous avec lui précise l’Est Éclair.

Les travailleurs sociaux du Département sont sous le choc

La collègue ne faisait que son travail et aspirait à apporter de l’aide indiquent les journalistes Sylvie VIREY et Albane WURTZ. Elles ont recueilli la réaction de Bernard de la Hamayde, président de la commission « action sociale, santé et solidarité » au Département. « C’est épouvantable et inattendu. C’est une épreuve terrible pour sa famille mais aussi pour ses collègues et le conseil départemental. C’est déjà un métier très difficile, si on y laisse la vie, c’est pire que tout », a-t-il déclaré, visiblement ému.

Effectivement, c’est épouvantable. Certains commentaires en réaction à aux articles publiés dans différents médias ne sont pas vraiment dignes. Certains demandent ce que faisait l’assistante sociale, d’autres récupèrent cette information pour développer leur idéologie sécuritaire et réclamer plus de répression.

Ce n’est pas la première fois qu’un travailleur social meurt dans l’exercice de ses fonctions. En mars 2015 Jacques Gasztowtt, éducateur, avait trouvé la mort à Nantes en tentant de protéger une femme victimes de violences.  Sa disparition avait créé une immense émotion chez les travailleurs sociaux.

La mort de notre collègue assistante sociale du Département de l’Aube nous rappelle combien les professionnels sont démunis face à des personnes qu’ils aident ou protègent alors qu’elles basculent dans la violence. Dans certaines situations, c’est insoupçonnable alors que dans d’autre des signes sont donnés.  Mais comment prévenir de tels risques ? Il est certain que nous recevons parfois des personnes qui ne trouvent que la violence pour exprimer leurs colères ou leur haine de la société et de ses représentants. Bien sûr, il ne faut pas généraliser, mais nous voyons bien que les tensions sont vives notamment après la période de confinement.

Le nombre de personnes qui ont des troubles psychiques est en augmentation. Toutes ne passent pas à l’acte, d’autres s’en prennent à elles-mêmes ou à leur famille. Mais cette violence se tourne aussi contre les professionnels qui assument des missions de service public. Les travailleurs sociaux sont en première ligne, faut-il le rappeler ? L’auteur du meurtre qui s’est suicidé était âgé d’environ 80 ans ». Il était décrit comme « colérique et en voulant à la terre entière ». Nous en connaissons beaucoup qui en « veulent à la terre entière ». C’est bien là le problème.

Dans son commentaire publié sur Facebook, Yves Faucoup, chroniqueur social nous rappelle les morts violentes de travailleurs sociaux victimes des personnes qu’ils rencontrent :

  • Jacques Gasztowtt, éducateur spécialisé du Service Social de Protection de l’Enfance de Nantes, tué lors d’une visite médiatisée par le père d’une enfant,
  • Marina Fuseau, éducatrice spécialisée, tuée de plusieurs coups de couteau dans un foyer éducatif de Poitiers,
  • Morgane Nauwelaers, psychologue à Annecy, tuée par l’homme qu’elle soupçonnait d’inceste dans un signalement,
  • Cyril Pierreval, chef de service d’un CADA, tué par un pensionnaire le 19 février dernier à Pau.

« Il est à peu près certain que le gouvernement et le chef de l’État ne verront pas la nécessité d’une cérémonie nationale en hommage ou minute de silence à cette professionnelle exécutée dans l’exercice de sa mission » écrit-il. Ces disparus ne sont pas des policiers, mais de simples travailleurs sociaux…

Mais ce drame, comme les autres, pose la question de la sécurité des travailleurs sociaux qui sont en contact avec des personnes déséquilibrées qui basculent en un instant dans la violence. Les professionnels réclament depuis longtemps d’être soutenus. Il faut aussi leur apporter des formations sur le repérage des risques sinon ce sera la peur qui dominera au détriment de la confiance et du vivre ensemble.

En tout cas, nos pensées vont vers notre collègue assistante sociale disparue dans des circonstances si dramatiques. Nous pensons aussi à ses enfants, sa famille et ses collègues de travail notamment du centre médico-social de Bar-sur-Seine. Courage à vous.

 

photo : capture d’écran vidéo de l’Est éclair

Lire les articles de l’Est Eclair

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8 réponses

  1. Oui les travailleurs sociaux jamais mis en avant malheureusement on en parle lorsqu’il y a un drame….le gouvernement semble ne pas connaitre le réel travail fait au quotidien.
    Et rien aux infos comme si, presque il fallait ne pas en parler de peur que les travailleurs sociaux à leur tour se réveillent !

  2. Pour info, notre service (Maison Départementale de la Solidarité dans l’Aude) a observé ce matin, une minute de silence en hommage à notre collègue. Un courrier va être adressé prochainement à nos élu(e)s et notre Direction. Ce serait bien qu’un site relaie les initiatives locales à défaut d’hommage national.

  3. Cela ne change rien à la situation mais elle était Conseillère en économie sociale familiale (CESF) et non pas Assistante sociale.

  4. Comment signifier notre solidarité devant ce drame qui touche la famille de notre collègue et tous les travailleurs sociaux ?
    On peut aussi remarquer le silence de notre ministre et de ses secrétaires d’Etat, les présidents des assemblées départementales et régionales.
    Encore une fois le travail social apparaît aussi invisible que ses ayants droits !

  5. A défaut d’hommage national, ne pourrions nous pas porter ce lundi un foulard à notre bras d’une même couleur pour rendre hommage à cette défunte collègue ?!

  6. J’ai le cœur lourd et la peine grande ! C’est une collègue qui part et qui laisse derrière une incompréhension totale ! Sa famille, ses amis, ses collègues, peut être ses voisins vont la regretter, mais que fait l’État ? Que font nos dirigeants ? Fermeront ils encore et toujours les yeux sur le réel état de notre contexte professionnel ? Une chose est sûre, les martyres ne montrent pas l’exemple aux décideurs, mais renforcent notre conviction inébranlable et notre foi en l’autre ! Mais à quel prix, au regard de nos salaires, pas grand-chose !

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