Travailleurs sociaux : mais où sont-ils ?

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Je me permets d’emprunter à Manuel Pélissié, membre du Haut Conseil du Travail Social et de la nouvelle Commission Professionnelle Consultative « Cohésion sociale et santé » ce petit argumentaire agrémenté d’une dose d’humour tant cette réflexion me plait et me parait pertinente.

Mais où sont les travailleurs sociaux ?

« Ils sont partout. On ne les voit nulle part » écrit-il sur Linkedin. « Un moyen de les voir ? Lancez devant vous une poudre constituée d’une mesure de respect, de deux mesures de considération, rajoutez-y un zeste d’attention avec quelques gouttes d’empathie et vous verrez apparaître juste devant vous, non pas Harry Potter, mais celui qui s’occupe de vous souvent au quotidien avec humilité, compétence, utilité et bienveillance.

Attention ! Cette poudre ne marche pas pour obtenir la prime oubliée lors du Ségur de la Santé… Conclut-il de façon réaliste. Cette maxime n’a pas manqué de faire réagir nombre de collègues connectés au réseau professionnel. Plusieurs d’entre eux sont allés à la recherche de ces travailleurs sociaux oubliés de la crise sanitaire.

« Où sont-ils ? Ils sont submergés par le social business que des promoteurs de l’innovation sociale ont laissé se répandre au détriment des métiers et de l’État social, précisément » nous explique Sylvain qui est sociologue.  « Certains se sont noyés, d’autres se sont repliés sur la terre ferme (attention à la montée des eaux!), les derniers arrivent encore à naviguer au prix d’efforts considérables, mais pour combien de temps encore ? » demande-t-il

« Ils fuient ou on les fait sauter » répond Christophe, cadre socio-éducatif.  Il fait référence à la situation des cadres intermédiaires qui ont de moins en moins dans leurs rangs des travailleurs sociaux. « Les hiérarchies de certaines organisations ne sont pas du terrain, ils y mettent les pieds seulement pour montrer qu’ils sont responsables d’organisations accueillant des publics en souffrance « ça fait bien sur leurs CV », ils se font mousser, c’est cool, mais peu de reconnaissance envers leurs collaborateurs « terrain » explique-t-il. Heureusement qu’il reste des passionnés sinon on serait dans un monde encore plus triste, conclut-il un peu désabusé.

Francis Formateur et consultant en management précise qu’il ne faut pas oublier certaines compétences non citées : « Et si dans la poudre, on ajoutait quelques compétences, connaissances, expériences, construites dans un parcours de formation, initiale continue ou supérieure, on sortirait de l’image exclusivement vocationnelle….. et donc de la Comtesse de Ségur » explique-t-il. (à défaut du Ségur de la santé ?)

De quelle histoire de la comtesse fait-il référence ? De la sœur de Gribouille ce petit garçon qui se mettait dans l’eau pour ne pas être mouillé par la pluie ? Ou encore des malheurs de Sophie, cette petite fille qui torturait des animaux après avoir elle-même été maltraitée ? Je ne pense pas qu’il s’agisse des mémoires d’un âne qui, si on n’agit pas bien avec lui, ne se laisse pas faire et riposte. Je lui préfère un bon petit diable qui joue des tours pendables à celle et celui qui le maltraite.

Le travail social une histoire de maltraitances ?

La maltraitance est partout dans l’œuvre de la comtesse de Ségur, cette femme moraliste qui a marqué des générations d’enfants. C’est peut-être un point commun que nous avons avec elle. Les travailleurs sociaux connaissent la maltraitance. Leur travail les invite à permettre à celles et ceux qui les subissent de s’en dégager. Mais comme le précise l’adage qui veut que les cordonniers soient les plus mal chaussés, les travailleurs sociaux ne sont-ils pas aussi les plus « mal » traités ?

Je laisse conclure Patricia, conseillère sur la garantie jeune : Encore faudrait-il que nos propres responsables prennent conscience de nos actions, de notre métier. Quand la politique du chiffre et le manque de moyen ne nous permet plus d’intervenir avec décence. n’oubliez pas que comme dans beaucoup de secteurs ce sont « les petites fourmis travailleuses  » qui agissent dans l’ombre toujours et pour le bien d’autrui…

Voilà ce que dit notre intelligence collective.

 

 

Photo réalisée par asierromero – fr.freepik.com

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