Travailleurs sociaux : maintenir le lien
Malgré le confinement, les travailleurs sociaux restent au service des habitants pour maintenir le lien, conscients que la crise sanitaire risque fort d’engendrer une crise sociale explique la ville de Vitry sur Seine. Elle rend hommage au travail des intervenants sociaux.
Les contacts à distance, parfois, ne suffisent pas. Khoukha Zeghdoudi, cheffe du service d’Action éducative en milieu ouvert (AEMO), suit 230 enfants en danger, que la justice tente de protéger. “On a essayé le téléphone et Skype les premiers jours, mais face à la maltraitance, très vite les visites à domicile ont repris.” Dix-sept déplacements la semaine dernière, presque plus qu’en temps normal. “On a peur que ça explose pour nos familles, dans leurs petits appartements, ou hébergées à l’hôtel.” …/… “On savait déjà que ça allait mal dans la protection de l’enfance, car nous sommes trop peu nombreux sur le terrain. Vingt enfants sont sur liste d’attente. Là, avec le virus, c’est la catastrophe… Alors il faut inventer autre chose”.
Audrey Zabarel, la vice-présidente du centre social les Portes-du-Midi rappelle une évidence : “Les métiers du social, ce sont d’abord des contacts humains. Une femme battue pouvait passer chez nous pour parler, décompresser quand son mari était au travail, les enfants à l’école. À distance, en vidéo, ça ne marche pas”. Mohamed Benali conclut : “Nos centres sont perçus comme des repères, des abris à tous les niveaux : psychologiques, physiques. Alors, il faut être présents, malgré le virus”. Il retient le SMS d’une famille qui s’inquiétait de sa santé, à lui. Il a été ému. Réponse de la maman : “C’est normal que l’on prenne de vos nouvelles, vous vous occupez de nous toute l’année !” (lire l’article du site de la ville dr Vitry/Seine)
Le cri de détresse des mères isolées
Le confinement révèle toutes les difficultés auxquelles les mères isolées sont confrontées au quotidien. Entre instabilité professionnelle, précarité et charge mentale, elles ont le sentiment d’être abandonnées des pouvoirs publics. Nejma Brahim est allée enquêter pour le Bondy Blog. Les témoignages recueillis sont édifiants
« J’avais réussi à trouver un équilibre, mais là tout est figé », soupire Elisabeth, 42 ans. Alexia est mère de deux enfants en bas âge et vacataire dans l’enseignement supérieur depuis fin 2019. Confinée, elle n’arrive plus à suivre. Comme elle, un tiers des mères isolées vivent sous le seuil de pauvreté. Nadia et ses deux fils témoigne aussi. Il lui a fallu s’organiser pour faire face au virus et aux conséquences du confinement. «Tout a augmenté, je paie le filet de pommes de terre 4 euros au lieu de 2 avant. Et on a plus de frais puisque tout le monde est à la maison» alors qu’elle ne perçoit que le RSA.
Sarah, 33 ans, est à bout de souffle. Elle est à l’origine de la création d’un collectif de mères isolées qui a vu le jour début mars à Montreuil. « On voit combien il est utile aujourd’hui. La surcharge mentale devient insupportable, c’est difficile pour nous mais aussi pour les enfants qui ne voient plus personne d’autre »
Cet article nous rappelle qu’il y a 1 530 000 femmes isolées en France. Leur nombre a presque doublé en 30 ans. Elles représentent aujourd’hui 84% des familles monoparentales. Elles sont vtrès nombreuses à être en quelque sorte condamnée à la pauvreté au regard de leurs ressources alors qu’elles assument parfois seules la charge de leurs enfants…(lire l’article du Bondy Blog)
En Seine-Saint-Denis, les « sueurs froides » de la protection judiciaire de la jeunesse confinée
Chaque année, près de 140.000 mineurs délinquants sont confiés à la protection judiciaire de la jeunesse en France. C’est l’un des services publics méconnus qui a continué à fonctionner malgré le confinement. La radio Europe 1 s’est penchée sur le travail de ces éducateurs, dont les missions indispensables ont parfois du évoluer face à la crise.
Des retours en famille, mais strictement encadrés avec « comme boussole la conciliation de l’impératif sanitaire et le maintien de la mission éducative », tout a été réorganisé, grâce à une bonne dose « d’innovation et d’entraide », comme en est capable ce département par ailleurs si problématique. Structure par structure, les prises en charges ont été adaptées.
D’après le directeur territorial de la PJJ de Seine-Saint-Denis, les infractions au confinement sont, de manière générale, très faibles chez les mineurs. Il dénombre dans ses tableaux « une petite trentaine de mineurs déférés au parquet, un chiffre ridicule au regard du département ». Et de souligner que la plupart des jeunes concernés cumulaient par ailleurs d’autres infractions, comme le trafic de stupéfiants, au moment de leur arrestation. Pour l’essentiel, ils participeront à des stages de citoyenneté notamment en lien avec les hôpitaux.
Lui préfère retenir « le travail remarquable » de ses équipes. « A 20 heures, j’applaudis évidemment pour les soignants, mais personnellement j’ai aussi une pensée pour les éducateurs de la PJJ. » (lire le reportage de Salomé Legrand, pour Europe 1)
Dans un foyer de l’Aide sociale à l’enfance, loin de la classe, loin des parents
Certains mineurs qui relèvent de l’aide sociale à l’enfance ont vécu le confinement ensemble. Hors de leur famille, aidés par leurs éducateurs, ils ont continué leur scolarité. Stéphanie Combe est allée en reportage pour le magazine La Vie à Blanzy, près de Montceau-les-Mines, en Saône-et-Loire, dans une structure qu’il a fallu équiper en urgence.
La MECS accueille habituellement une trentaine d’enfants âgés de 5 à 18 ans, envoyés par l’Aide sociale à l’enfance (Ase). Dans le cadre du confinement, certains enfants sont retournés chez leurs parents, d’après une liste soumise à l’ASE et aux juges. Un soutien téléphonique a été instauré, quotidien ou bi-hebdomadaire, selon les situations. «Pour diminuer les risques de contamination, nous avons limité les va-et-vient, explique Audrey Kamzol, adjointe du directeur. Les droits de visite et d’hébergement ont été suspendus le temps du confinement.»
« Le truc qui m’a pas beaucoup plu, c’était de pas voir mes parents. Mais on s’est vu par Skype » dira Nala. Théo s’installe, épaulé par un éducateur, dans le bureau exigu où ont été installés trois ordinateurs ../.. La continuité pédagogique suppose toute une logistique d’impression et de distribution, a fortiori en collectif. Pour renvoyer les copies, Romain a téléchargé une application qui convertit une photo en document PDF : « Cela nous permet d’envoyer le flot de copies quotidien avec un minimum de manipulation », explique cet éducateur.
La structure a gardé le rythme : travail toute la matinée dès 9h30, prolongé l’après-midi pour ceux qui en ont besoin. « Ils gardent en mémoire qu’on n’est pas en vacances », précise l’éducateur de service (lire l’article de La Vie)
lire aussi
- Coronavirus : les assistantes sociales hospitalières méritent aussi des applaudissements ! Entretien avec Brigitte Tarasco, responsable du service social des patients du CHU de Nice (Opinion Internationale)
- Dans les cités, le sentiment d’injustice s’intensifie avec le confinement (The Conversation)
- Karima, confinée à l’hôtel avec sa fille : « Je n’avais pas mangé de viande depuis le début du confinement » (infos migrants)
- Confinement dans les Yvelines : l’association solidaire a doublé son activité d’aide alimentaire (Le Parisien)