Suite à l’annonce de la disparition de notre collègue éducateur de la SSPE, vous avez été nombreux à réagir sur vos conditions de travail, sur la violence et sur un certain manque de reconnaissance des professionnels du travail social. Voici ici une synthèse de vos réactions… Vos constats sont multiples… Ce sont des témoignages venus de toute la France
« Nous travaillons souvent tels des sous-marins pour protéger aux mieux les personnes les plus fragiles, nous sommes pacifistes, mais soumis à la loi, à des mandats judiciaires qui peuvent nous plonger au cœur de l’effroi, sans filets pour garantir notre sécurité… » nous indique d’abord Thomas, éducateur spécialisé. Et il a bien raison, ce travail est masqué, peu visible et l’on ne parle des travailleurs sociaux qu’à partir des faits divers ou des drames. Rien ou si peu sur nos réussites…
« Nous manquons de reconnaissance » :
Un étudiant qui a abandonné sa formation se déclare persuadé « que beaucoup d’éducateurs souffrent des mentalités et pratiques institutionnelles, du manque de soutien et reconnaissance ». Nadège est très agacée : « l’Anesm (L’agence nationale d’évaluation et de la qualité des établissements sociaux et médico sociaux) bien au delà de guider le professionnel, croit pouvoir donner des leçons, en éditant des fiches et des listes de recommandations réduisant le professionnel à un bêta qui ne pense pas, et qui doit devenir un mouton » Elle en appelle ainsi à la reconnaissance de la compétence des travailleurs sociaux. Un éducateur est particulièrement amer après avoir tenté, avec une quarantaine de ses collègues, d’alerter le Ministère et le Défenseur des Droits de dysfonctionnement importants : » La déception est grande pour toutes celles et ceux, à commencer par moi, qui ont eu la naïveté de croire que cette institution de la République allait se positionner et donner un éclairage objectif à nos préoccupation de professionnels soucieux de leur éthique et des valeurs qui fondent nos métiers. » Mais une collègue du Haut Rhin précise que « Les travailleurs sociaux ne savent pas très bien rendre audible et partager leur travail. Peut-être devrions nous nous inspirer de certains lobbyistes ! » Peut être faut il que nous nous prenions plus en main de ce coté là ?
« Nous manquons de moyens » :
Michel, directeur d’établissement est on ne peut plus clair « les moyens pour accueillir et accompagner diminuent, chacun se replie sur sa compétence alors que nous n’avons jamais autant parlé du travail de réseau » indique t il. « les budgets de la prévention baissent, les CHRS sont sous financés et le manque de place grandit » Alain, éducateur est amer : « Le dispositif de protection de l’enfance se réduit bientôt à sa plus simple expression et les travailleurs sociaux sont devenus une banale variable d’ajustement budgétaire… » vu comme cela c’est effectivement inquiétant. Ces restrictions budgétaires apparaissent aussi avec le témoignage d’un collègue de l’Isère « On vient de fermer notre association (école des parents et des éducateurs de l’Isère) qui travaillait depuis plus de 40 ans dans le domaine de la prévention, la coéducation et le soutien parental. On ne coûtait pas grand chose (convention collective de « l’animation ») mais on nous a dit qu’il fallait privilégier le protection de l’enfance qui pourtant ne voit rien venir en matière de soutien supplémentaire… Plus de médiation familiale dans mon département« . On marche sur la tête non ? » il conclue : « Les pauvres, ça finit par coûter cher et il n’y a pas d’actionnaires« .
« Nous faisons face à la violence » :
Une assistante sociale de la Martinique précise qu’elle » constate une nette progression des menaces injures envers les professionnels , travailler dans le social est un métier à haut risque au même titre que d’autres professions » Et les violences ne sont pas que verbales. Une assistante sociale témoigne : » En l’espace de 2 ans j’ai été frappé 2 fois, j’ai reçu 3 coups de pieds au visage et la deuxième fois j’ai été frappé avec des béquilles ! » Une autre assistante familiale fait aussi part de son inquiétude : « nous nous retrouvons seules à faire face à des parents parfois violents…!! il n’y a pas assez de sécurité au niveau de tous les emplois dans le social!! » Ce phénomène de violence toucherait bien toutes les professions. Alain confirme. Il travaille dans un foyer de l’enfance » nous sommes victime d’une constante violence de la part des adolescents que nous accueillons. Cela va de l’insulte aux coups en passant par les menaces, les crachats ainsi que multiples tentative d’humiliation surtout envers les éducatrices. » Gaelle confirme ce propo et précise : « Mais est ce normal de se faire agresser avec intimidation pendant 10 minutes et sentir que si je bougeais un coup pouvait partir ? «
Maéfa est en colère « Quand dirons-nous non officiellement à la violence? » demande t elle. » Quand dirons nous aux victimes et à leurs proches combien nous sommes agressés de leur agression autrement que par des mots et l’abandon juste derrière. Quand pourrons-nous apporter des chiffres sur les agressions de TS? Et quand les médias y trouveront-ils un intérêt ? ». Des questions qui bien sûr méritent d’être posées.. Sylvie elle aussi pose une question » « Comment pouvons-nous encore rendre compte de la pénibilité, voire de la dangerosité de notre travail de terrain ? »
Certaines personnes elles mêmes suivies ou accompagnées par des travailleurs sociaux ont fait part dans leurs messages de leur stress et colère face à des situations qu’ils considèrent comme injustes pour elles. Certains sont même allés jusqu’à justifier la violence extrême.( J’ai fait le choix de ne pas publier certains commentaires sur ce blog dès lors qu’ils justifiaient et cautionnaient cette violence à l’encontre des travailleurs sociaux qui « ne les comprennent pas »).
Laetitia nous rappelle que les violences faites aux femmes sont une réalité que l’on ne peut occulter. Elle témoignera du vécu d’une de ses amies frappée et obligée par le JAF de continuer de rencontrer son ex mari violent malgré plusieurs ITT, tout cela pour assurer un droit de visite qui sera ensuite médiatisé. Ce propos est aussi confirmé par Eléonore, assistante sociale qui fait état des sources de cette violence : « Les conditions d’activité des travailleurs sociaux sont extrêmement difficiles. Nous sommes « sur le front » avec en face de nous des personnes qui souffrent, des personnes dont le vécu dépasse l’entendement tant il est emprunt de violences, d’humiliations en tout genre ». elle dénonce » un système qui nourrit les exclusions… » mais Ubu fait « Juste une remarque : comme pour le viol, les discriminations de tous poils, les violences conjugales…etc. La victime doit prouver son innocence« .
Demain nous aborderons vos solutions et propositions…
…et je me permets de rappeler pour les travailleurs sociaux de Nantes et sa Région la réunion organisée ce mardi à partir de 18h00 à l’ARIFTS le centre de formation des travailleurs sociaux : Debout pour nos métiers, le collectif Etusocial et l’Association des Acteurs du Social vous invite ce mardi 31 mars à 18h à la Cité de la formation à Rezé pour une soirée débat sur l’avenir de nos professions.
Photo transmise par le Syndicat CGT des Personnels du Département à la Métropole : « le mur des Territoriaux » à la mémoire de Jacques Gasztowtt, alors que les agents dont les travailleurs sociaux de la métropole ont engagé un mouvement de grève important
Une réponse
Malheureusement, notre métier nous confronte de plus en plus à des situations difficiles au niveau sécurité. J’ai déjà vécu des situations où j’ai eu peur, j’ai été menacée,… Pas facile! A quand les supervisions gratuites, jamais, je pense! Ou subsidiée en tout cas??