Stéthoscope en compote : attention risque d’addiction !

Le « Stéthoscope en compote« , c’est celui d’un médecin de PMI Kristell Guével  qui nous raconte à travers des chroniques douces-amères les heurts, bonheurs et malheurs de sa profession si particulière et si bien connue des assistantes sociales de polyvalence de secteur. Son livre publié par les presses de l’EHESP se lit très facilement. En effet il est construit de telle façon que vous pouvez en lire quelques pages ça et là sans trop vous soucier du sommaire. Kristell Guevel n’en est pas pas à son coup d’essai. En effet elle anime un blog  qui porte le même titre que le livre vous y trouverez là le prolongement de son ouvrage qui mérite que l’on s’y arrête.

Je passe rapidement la première partie « la PMI c’est quoi ce truc ? »  qui intéressera surtout les néophytes.  Notre médecin aborde des sujet très partagés dans les centres médico-sociaux : l’accompagnement, la protection de l’enfance, mais aussi le secret professionnel. (« ça n’a l’air de rien de détenir un secret, mais ça peut être lourd de  conséquences »). Tout cela avec des mots simples qui nous parlent directement surtout si on est du métier. Mais si vous souhaitez mieux connaitre la PMI, sachez qu’il y a aussi un autre ouvrage dont je vous ai déjà parlé. Il est complet et très bien documenté.

Arrêtons-nous à la seconde partie intitulée « médecin de PMI, le travail au quotidien » . Un quotidien qui n’est pas triste, il faut s’attendre à tout, même à faire des gaffes face à des parents pas toujours sympathiques, mais souvent provocateurs ou  bien dépassés. Oups ! pourra dire notre médecin qui n’hésite pas à nous livrer ses réflexions face à telle ou telle situation. Réflexions que l’on garde généralement pour soi, histoire de ne pas prendre de risque de choquer.

ça se gâte avec la partie 3, avec ces « histoires de vie, parfois graves ». Il faut savoir s’endurcir dans ce métier et rien du genre humain ne peut nous étonner (c’est d’ailleurs une réalité partagée avec les travailleurs sociaux). Que dire quand on est médecin et que le diagnostic est vital pour le nourrisson ? Il y a des familles qui semblent abonnées aux malheurs. Des malheurs terribles dont on se remet difficilement. Il y a aussi ces situations sociales faites de violences, de dominations et d’attitudes qui marquent les enfants durablement. L’auteure tout en y étant confrontée nous raconte avec des mots simples ses espoirs et ses regrets. Elle nous parle de ces familles endeuillées, des moments de « panique à bord » et de ces accidents ménagers qui mettent la vie en péril des tous petits. C’est raconté simplement avec pudeur, sans voyeurisme.

On respire un peu mieux avec la 4ème partie : ces « histoires de vie, souvent douces »  fort heureusement. Notre médecin de PMI s’offre quelques diversions en commentant des situations qu’elle rencontre. Elle se rappelle aussi sa propre jeunesse et la « dame des poux » dans les années 80. Cela lui permet de relativiser. Cette 4ème partie mériterait d’être un peu plus développée. Elle est vite « avalée ».

La cinquième partie nous parle de puériculture. Son introduction un peu sérieuse nous alerte : chaque chapitre ou si vous préférez chaque chronique sera là pour répondre à certains « commandements »  en réponse à ces questions qui reviennent si fréquemment aux oreilles des puéricultrices : « Cinq fruits et légumes par jour ? »  » quand va-t-il aller à la selle ? » « il peut rester assis combien de temps ? » « la tétine oui d’accord mais jusqu’à quand ? »  « l’addiction aux écrans ? ».. Bref toutes ces questions qui font le quotidien des parents qui se questionnent (rassurez vous il y en a aussi qui ne se questionnent pas du tout et là ça peut devenir inquiétant!) sont traitées ici avec humour. Tous ces sujets et d’autres encore sont agrémentés de commentaires qui nous montrent combien ce médecin reste les pieds sur terre centré sur sa tâche sans trop se préoccuper du qu’en dira-t-on.

Ceci à peine dit que nous en arrivons à l’épilogue. De très belles phrases nous éclairent et nous permettent de comprendre ce qui fait la richesse et la beauté de la PMI.

On a envie là de dire encore, encore et surtout merci.