Vulnérabilité à la chaleur : sommes-nous tous égaux ?
Voilà un bel article d’actualité signé Dorothée Charlier Maîtresse de conférences en économie de l’énergie et de l’environnement. Elle nous rappelle d’abord que l’été 2022, avec ses vagues de chaleur record, a fait prendre conscience aux Français de l’urgence climatique. Un mois de juillet particulièrement torride avait enregistré une hausse de 16,7% des décès avec des températures dépassant les 42°C. Ces conditions ont mis en lumière la nécessité d’identifier les groupes de population les plus vulnérables face à l’augmentation de la fréquence et de l’intensité de ce phénomène. Des facteurs de vulnérabilité évidents comprennent l’âge et la localisation et les régions les plus exposées aux vagues de chaleur extrêmes.
L’âge joue un rôle crucial dans la vulnérabilité à la chaleur, les personnes âgées étant particulièrement à risque. Pendant l’été caniculaire de 2022, les décès chez les personnes de plus de 75 ans ont augmenté de 20,2% en raison de leur fragilité liée aux maladies chroniques. De plus, ceux qui vivent dans des logements mal isolés et difficiles à ventiler, souvent surpeuplés, déclarent également souffrir de la chaleur en été. La qualité du logement et la disponibilité des systèmes de climatisation peuvent influencer la vulnérabilité de ses occupants. Seuls 22,7% des ménages disposaient d’un système de climatisation en 2020, alors que 7 personnes sur 10 subissent chaque année des chaleurs intenses.
Des facteurs intangibles, comme la santé mentale, peuvent aussi affecter la vulnérabilité face aux vagues de chaleur. Les capacités cognitives d’une personne influencent son processus de décision, de réflexion et sa perception de certaines situations, y compris sa capacité à adopter des comportements adaptés en cas de chaleur extrême. Les individus souffrant de dépression sont moins susceptibles de réagir de manière appropriée, augmentant ainsi leur vulnérabilité. Ce facteur est d’autant plus préoccupant que les capacités cognitives diminuent avec l’âge et qu’environ une personne sur cinq souffrira de dépression au cours de sa vie.
Enfin, nous dit l’auteure, les vagues de chaleur mettent en évidence les inégalités croissantes entre les ménages. Les coûts de l’adaptation, tels que la rénovation thermique, l’achat de systèmes de climatisation et l’augmentation des factures d’énergie, creusent l’écart avec les ménages les plus modestes, qui sont particulièrement vulnérables aux conséquences sanitaires des vagues de chaleur. Les inégalités économiques et d’accès aux soins médicaux sont susceptibles de s’exacerber. Il est donc essentiel de trouver des solutions durables pour pallier ces vulnérabilités, en assurant un confort thermique sans creuser davantage les inégalités. (lire l’article de The Conversation)
La précarité énergétique d’été, nouvelle forme de mal-logement selon une étude de la Fondation Abbé Pierre
Ne changeons pas de sujet avec cette étude publié par la Fondation Abbé Pierre. Elle indique que plus de la moitié des Français (59%) ont souffert de la chaleur dans leur logement pendant au moins 24 heures en 2022. Ce phénomène, exacerbé par le réchauffement climatique et les vagues de chaleur de plus en plus fréquentes et intenses, est qualifié de « précarité énergétique d’été ». Les plus touchés sont les personnes vivant dans des conditions précaires dans les villes, notamment les jeunes adultes et les personnes âgées. Les 5,2 millions de « passoires thermiques », ces logements mal isolés impossibles à chauffer en hiver, se transforment en « bouilloires énergétiques » en été.
Selon la Fondation, cette précarité énergétique d’été a des conséquences sanitaires, sociales, économiques et environnementales. Par exemple, pour se rafraîchir, les gens ont recours à des douches ou des appareils de climatisation, ce qui peut entraîner des factures d’eau et d’énergie élevées. La Fondation souligne que la climatisation est une « fausse solution » à la fois économiquement et écologiquement. De plus, les fortes chaleurs peuvent entraîner des troubles du sommeil, le développement de maladies, des problèmes de circulation sanguine, une perte d’autonomie chez les personnes âgées et une déshydratation.
Paul Sertillanges journaliste à France Bleu explique aussi les critiques de la Fondation Abbé Pierre. Il existe une insuffisance de cadre réglementaire et législatif actuel. Il y a un manque d’incitations à la rénovation des logements existants pour améliorer le confort d’été. Elle propose plusieurs solutions, dont l’architecture bioclimatique, la végétalisation des villes, l’obligation pour les bailleurs sociaux d’installer des protections solaires, et l’assistance financière pour les ménages face aux coûts de refroidissement. La Fondation préconise également une meilleure prise en compte du confort d’été dans la législation française. (lire l’article d’ici France Bleu)
Une étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publiée le 14 juin 2023, dévoile que la mortalité infantile en France est supérieure à la moyenne européenne depuis 2015. Cela est principalement dû à une augmentation de la mortalité néonatale, c’est-à-dire des décès survenant avant 28 jours de vie. En 2021, 2.700 enfants de moins d’un an sont décédés en France, représentant un taux de 3,7 décès pour 1.000 naissances vivantes. Bien que le taux de mortalité infantile soit historiquement bas depuis 2005, il ne diminue plus et a même légèrement augmenté entre 2014 et 2017.La majorité de ces décès sont survenus durant la première semaine de vie de l’enfant. Une fois passé cette semaine, la mortalité de 28 jours à moins d’un an, continue de baisser. Pourtant les progrès de la médecine néonatale qui permettent une survie temporaire des grands prématurés. Mais il y a d’autres facteurs qui explique cette augmentation des décès : l’augmentation de l’âge des femmes à la maternité, les naissances multiples, la précarité sociale, le surpoids et le tabagisme maternel, ainsi que la décision de poursuivre une grossesse en dépit d’une pathologie grave du fœtus en font partie.
L’étude révèle également des disparités géographiques. En France métropolitaine, le taux de mortalité infantile moyen entre 2019 et 2021 est de 3,5‰, tandis que dans les départements et régions d’outre-mer (DROM), il atteint 7,7‰. En Seine-Saint-Denis, en Indre-et-Loire, dans le Jura et le Lot, le taux dépasse les 5‰. Par ailleurs, malgré une baisse de 20% en deux décennies, la mortalité infantile en France demeure supérieure à la moyenne de l’Union européenne, qui continue de diminuer. (Lire l’article de vie publique.fr)
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