Il n’y a pas que les services de l’État ni les Départements qui œuvrent pour faire vivre la solidarité. Les communes sont souvent en première ligne pour tenter de protéger leurs habitants les plus fragiles. Ce sont principalement les missions des CCAS qui leur sont rattachés. Les professionnels qui y travaillent sont très souvent sur le pont quand un drame survient. On pense par exemple aux communes touchées par les inondations dans le Pas-de-Calais. Mais c’est encore mieux quand toute une ville se mobilise en construisant un programme d’actions sur la durée, en mettant les moyens nécessaires pour aider les personnes qui vivent l’exclusion.
La ville d’Amiens n’en est pas à son premier essai. En 2023, elle a construit comme d’autres communes une part de son budget en faisant participer les habitants qui, non seulement ont proposé des améliorations dans les quartiers, mais ont aussi voté pour choisir ce qui était prioritaire à mettre en œuvre. (3.300 participants avec plus de 10.000 votants).
Une lutte contre la pauvreté en donnant la parole aux habitants.
La mairie d’Amiens a voulu aller plus loin. Les élus ont récemment dévoilé un ensemble de douze mesures destinées à lutter contre la pauvreté dans la ville. Elles ont été élaborées en collaboration avec trois citoyens engagés.
Louise Boyard, fondatrice de l’association anti-gaspillage Les Robines des Bennes fait partie du trio. L’une des initiatives notables de son association est la récupération d’aliments encore consommables, mais qui seraient jetés. Louise et son équipe travaillent en étroite collaboration avec des supermarchés, des restaurants et d’autres entreprises alimentaires pour collecter ces produits excédentaires. Ils veillent à trier et à redistribuer ces denrées aux associations caritatives locales, permettant ainsi de nourrir des personnes qui en ont besoin.
M’hammed El Hiba, le directeur du centre social interculturel Alco, et François Rongeon, professeur retraité de sciences politiques sont les 2 autres membres qui ont chacun une expérience particulière dans le recueil de la parole des habitants. Le premier dans le cadre de ses activités au sein du centre social. Le second avait été l’animateur du grand débat national à Amiens en 2017 après le mouvement des Gilets Jaunes.
Tous trois ont organisé des ateliers avec les habitants pour recueillir des propositions qui ont été synthétisées dans un rapport remis à la mairie en novembre dernier. Ces mesures visent à venir en aide aux habitants les plus précaires, parmi lesquels 36.000 personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté ou dans les 20% au-dessus, selon l’INSEE.
12 mesures retenues
Les douze mesures sont réparties dans quatre grands secteurs : l’alimentation et la santé, l’éducation et l’emploi, le logement, la mobilité, et les loisirs. Parmi les initiatives notables, la mairie prévoit d’installer dix frigos partagés dans la ville et de fournir au moins 1,5 tonne de fruits et légumes frais par semaine aux personnes aidées par le CCAS ou des associations caritatives.
Il est aussi prévu de faciliter l’accès à une mutuelle pour les plus précaires. Ajoutons à cela la mise en place d’un microcrédit municipal. Le journaliste François Sauvestre précise sur France Bleu qu’en 2024, une enveloppe de 30.000 euros est prévue pour proposer des prêts à taux zéro. Les demandes seront centralisées par le CCAS.
Ce n’est pas tout. Il est aussi annoncé l’ouverture de quatre nouveaux chalets de la solidarité. C’est un accueil de jour pour les familles sans abri. La question de l’accès au logement étant prégnante, un guichet d’information sur les dispositifs d’aides au logement sont également prévus tout comme une « conciergerie sociale offrant » près de 70 services ! Un autre service est annoncé pour la population avec le développement de « friperies solidaires » dans différents quartiers de la ville.
Des initiatives déjà existantes telles que « Pass ton permis » et l’aide à la location de vélos seront de leurs côtés reconduits. Enfin, les prêts et dons d’ordinateurs seront aussi maintenus en 2024.
Ces mesures s’inscrivent dans un plan global de lutte contre la précarité, avec un budget conséquent de 294.000 euros prévu pour 2024. et une allocation totale de plus de 900 000 euros jusqu’en 2026. La maire d’Amiens, Brigitte Fouré, souligne que ces douze mesures sont applicables à court terme, mais que d’autres propositions du rapport continueront d’être étudiées.
Franchement, la Ville d’Amiens et ses élus nous montrent là ce que la solidarité au quotidien veut dire. Ces multiples mesures démontrent ainsi l’engagement continu de la ville à lutter contre la pauvreté. Bien sûr, d’autres villes et agglomérations prennent, elles aussi, des initiatives. Cela me parait important de le souligner en ces temps troubles qui voient les adeptes du chacun pour soi refuser de soutenir celles et ceux qui en ont besoin. Tout cela au nom de la lutte contre ce qu’ils nomment « l’assistanat ».
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Bravo !!!