Que penser de l’augmentation significative des pétitions en ligne qui traitent du travail social et de l’accès aux droits pour tous ? C’est une question que l’on peut légitimement se poser quand on réalise un rapide tour d’horizon des appels à signatures à travers les lettres ouvertes et les pétitions. Voici un premier recensement qui révèle de sérieux malaises pour ne pas dire plus :
- La colère de nombreuses assistantes et assistants de service social ! Cette lettre ouverte initialement diffusée sur facebook s’est transformée en pétition. Elle vise à alerter le président de la République Emmanuel Macron sur les conditions de travail des assistantes sociales et les difficultés qu’elles rencontrent face à la détresse des usagers. J’en avais fait écho ici. elle est publiée par les membres du bureau syndical des Assistants et Assistantes de Service Social du SNUASFP-FSU de l’Académie d’Amiens et rencontre un écho qui va au delà l’audience locale du syndicat. Le texte est fédérateur et aborde la situation des assistantes sociales et des personnes qu’elles rencontrent tous secteurs confondus.
- Une place digne pour chacune et chacun: c’est un droit ! Cette pétition est organisé par « l’appel du 7 » : elle réclame une place digne pour chaque personne en situation de handicap, de précarité, de fragilité et rappelle que c’est un droit. C’est Agnès Buzyn ministre des solidarités qui en est destinataire. « Aujourd’hui, beaucoup trop de personnes en situation de handicap n’ont pas de solution de prise en charge adaptée à leurs besoins. Tous les secteurs sont touchés, de la petite enfance au secteur adultes, du social au secteur du médico‐social et de la psychiatrie. Des centaines de personnes, enfants et adultes, ayant pourtant une notification pour intégrer un établissement n’auront pas de places et très peu d’espoir d’en trouver rapidement ».
- « Lettre ouverte à qui refuse le secours aux plus vulnérables » : C’est Anne Hidalgo maire de Paris ainsi que le Préfet de Paris et d’Ile-de-France qui sont interpellés. « Des migrants vivant à la rue, plusieurs centaines, adultes, jeunes et mineurs isolés, sont exclus du plan grand froid. De nombreux témoignages, photos à l’appui, articles et reportages (AFP, Libération, Le Point…) attestent de cette mise à l’écart. Le secours n’est plus conditionné par le devoir élémentaire de protection. La loi, pourtant intangible sur ce point, précise :“Toute personne sans-abri et en situation de détresse médicale, psychique et sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence.”CASF, article L. 345-2-2 … « Toute protection doit être apportée sans délai à qui vit à la rue, indistinctement français ou étranger, famille, jeune ou adulte » conclue cette lettre ouverte.
- M.Macron: stop à la circulaire sur la traque des étrangers dans les centres d’hébergement : « Monsieur le président, Militant des droits humains, ancien dirigeant d’associations humanitaires, j’ai voté pour vous, notamment sur la base de l’orientation sociale de vos promesses électorales.Votre programme sur la question des migrations se différenciait de ceux des autres candidats …/… Et pourtant, des membres de votre gouvernement, au premier rang desquels le ministre de l’intérieur, ont signé une circulaire qu’aucun autre gouvernement avant eux n’avait osé signer. Cette circulaire crée un corps d’agents de l’administration pour se rendre dans les centres d’hébergement d’urgence afin d’y traquer les personnes en situation irrégulière, et plus spécifiquement ceux qui font l’objet d’une obligation de quitter le territoire français »…
- Dites NON au démantèlement du Service Social Personnes Âgées du CCAS de Grenoble ! Cette pétition est organisée par une intersyndicale CFDT -CGT. Le Service Social Personnes Âgées (SSPA), quasiment unique en France, a été créé au début des années 70 à Grenoble. C’est un service social polyvalent de catégorie. Ce service social est aujourd’hui remis en cause car le Département de l’Isère qui a décidé de reprendre l’accompagnement social des personnes âgées au sein de leurs SLS (Services Locaux de Solidarité) qui sont déjà débordés par leur public habituel. Il n’y aura plus de « guichet unique » mais des interlocuteurs multiples, ce qui va entraîner une perte de repères pour la personne âgée en situation de fragilité et sa famille.
Voici pour les quelques pétitions en cours que j’ai pu trouver. Il y en a d’autres encore mais plus localisées sur des questions précises. Je ne mets pas en ligne les pétitions qui s’en prennent aux travailleurs sociaux. Il y en a. Ce sont celles qui les accusent de retirer indûment les enfants des familles, Il y en a une petite dizaine sur ce sujet. Bref il y en a là pour toutes les révoltes. Mais tout cela m’amène à poser une question malgré l’intérêt des sujets abordés : Est ce que trop de pétitions ne tuent pas les pétitions ? Est-ce que cela ne dévalorise pas les causes défendues bien que certaine méritent vraiment de l’être ? C’est la question que je me pose. ( ma collègue me dit « tais-toi et signe ! », Bon ben vu comme ça effectivement… 😉
photo : Benjamin des Gachons – Directeur des campagnes de Change.org interviewé en 2014 par HelloAsso