Soulagement et perplexité au nouveau Ségur de la santé
Pour tous les professionnels invités le 18 février à la conférence des métiers du social et du médico-social, il était temps de revaloriser leurs métiers difficiles. Mais pour Pauline Todesco auteure de cet article publié par Politis ces annonces gouvernementales, tardives, restent floues. Pourquoi ?
- Jean Castex a récusé toute responsabilité dans le fait que ces filières aient été les grandes oubliées du premier Ségur de la santé. Cela résulte, selon lui, « de l’éclatement du secteur, multipliant les statuts d’emplois, les structures, les employeurs, et de toute cette complexité ». Une affirmation contestée par Ali Laazaoui, vice-président de la Fédération Santé Sociaux (CFTC), et Ramon Vila, secrétaire fédéral de la Fédération Sud-Santé-Sociaux qui explique que la complexité des conventions a bon dos alors qu’il s’agit d’abord d’un manque de moyens.
- « Le diable se niche dans les détails, peut-être qu’il y aura des points problématiques, mais j’y vois de la bonne volonté » dit le président de la Fédération CFE-CGC Santé-Social, Xavier Deharo. Pour lui la première enveloppe de 500 millions sont « un prérequis [qui] va permettre d’envisager l’ouverture de négociations de manière plus sereine. Pour autant les futures négociations risquent d’être délicates.
- Conséquent, ce budget de 1,3 milliard d’euros d’aides ne concerne donc que le secteur socio-éducatif, continuant d’exclure le secteur socio-médical et certains métiers sociaux. En effet, à deux reprises, Jean Castex a estimé à 200.000 les personnes concernées par ces mesures. « De qui parle-t-on ? » s’interroge Xavier Deharo (CFE-CGC) « Si cette annonce ne concerne pas tout le monde, c’est inadmissible. » dit-il.
lire l’article de Politis (accès libre)
lire aussi :
- l’analyse du syndicat unitaire du personnel des administrations parisiennes FSU sur son site « Le SUPAP FSU partage (une fois n’est pas coutume) le diagnostic de Jean Castex sur l’état critique du secteur social, mais pas l’ensemble de ses propositions » .
- Conférence des métiers sociaux : le rapport Piveteau propose une approche complémentaire de la revalorisation | Localtis (excellent article de Jean-Noël Escudié sur un rapport qui m’apparait essentiel)
Dématérialisation des services publics : trois ans après, où en est-on ?
La Défenseure des Droits remet la question sur la place publique. Trois ans se sont écoulés depuis la remise d’un précédent rapport sur ce même sujet. La transformation numérique de l’administration et des services publics s’est poursuivie à marche forcée, entrainant une évolution profonde de la relation à l’usager.
Les délégués et les juristes du Défenseur des droits continuent de recevoir des réclamations toujours plus nombreuses, preuve que le mouvement de numérisation des services ne répond pas aux besoins des usagers. Les personnes âgées et celles qui ont un handicap sont particulièrement mises en difficulté. Claire Hédon n’oublie pas pour autant la situation des jeunes.
Pour la Défenseure des droits, le numérique est devenu un obstacle sur le chemin des droits sociaux. Les citoyens sont en droit d’attendre des services humains en réponse aux situations spécifiques. Son rapport apporte un certain nombre de propositions pour améliorer la situation. Il est à craindre qu’elle soit écoutée poliment, mais que ses propositions n’aillent pas plus loin, car elles ont un coût non négligeable et le « quoi qu’il en coute » ne fonctionne pas dans ce type de situation. (lire le rapport de Claire Hédon)
lire aussi : Dématérialisation des services publics : un quart des 18-24 ans en difficulté | Europe 1
« Avec 414 € de RSA, je compte sans cesse » : à 58 ans, Laurence rêve de travailler
Ce témoignage publié par Ouest France fait partie d’une série qui s’inscrit dans un projet éditorial qui vise à donner la parole aux citoyens dans le cadre de l’élection présidentielle. Il donne à voir une réalité occultée. Celle d’une part nn négligeable de la population qui vit avec un minima social tel le RSA. Loin de tomber dans le misérabilism, cet article donne à voir le travail de l’association ATD Quart Monde.
Retravailler, Laurence Drouin, 58 ans, en rêve.« Ça fait plus de dix ans que je n’ai pas eu un emploi », confie-t-elle. Alors quand des bénévoles de l’association ATD Quart-monde, où elle s’investit depuis 32 ans, lui parlent d’une candidature de La Flèche (Sarthe) à l’expérimentation Territoire zéro chômeur de longue durée, son sang ne fait qu’un tour. « J’ai foncé tout droit. Je me suis dit : “Wahou, chez nous !” ». Elle participe au projet avec d’autres chômeurs de longue durée volontaires. Ils se retrouvent pour « construire le projet » avec le chargé de mission.
« Ça me redonne confiance, je n’ai plus peur » dit-elle. Elle attend des candidats qu’ils proposent « des solutions pour stopper la hausse du coût de la vie. Et que l’on cesse de parler des immigrés à mettre dehors : j’ai envie de bondir ». Des amis à elle lui disent que « la politique, c’est de la foutaise ». Laurence n’approuve pas. « Je joue mon rôle de citoyenne, j’ai aussi besoin de l’État », dit-elle. Ce serait bien si elle pouvait être suivie par celles et ceux qui vivent avec les mêmes conditions de vie. (Lire l’article de Ouest France)
Témoignage lucide d’un enfant placé, « n° 53 »
Mon ami Yves Faucoup a interwievé Ben-Amar Delzaghère, ancien enfant placé, qui a publié un livre sur son parcours à l’aide sociale à l’enfance. C’est un témoignage sincère et lucide, émouvant pour ce qu’il dit de ses souffrances et pour l’hommage qu’il rend aux adultes qui l’ont aidé. Yves estime qu ce livren’a pas rencontré le succès médiatique car la presse « friande de misérabilisme », ne l’a pas entendu. En effet l’auteur de N°53 exprime aussi parfois sa gratitude envers l’institution, souvent à des éducateurs qui l’ont accompagné. Et ça, ce n’est pas vendeur.
La lecture de ce livre est particulièrement émouvante : « pas seulement par les drames qu’il décrit mais par la lucidité de Ben enfant, et sa capacité, adulte, à s’adresser à nous, sans ostentation, sans prétention, en toute humilité. Il nous donne à voir et à entendre ce que d’ordinaire on ne sait jamais, en tout cas jamais avec une telle précision, une telle acuité. Il n’est pas larmoyant, et c’est bien pourquoi son texte est sans cesse poignant ».
L’auteur égratigne au passage certains « psys ». Avec honnêteté, il nous confie que ce qui marche, c’est de « leur renvoyer ce qu’ils veulent entendre, leur vanité fait le reste. Deux minutes de larmes, trois salades et « ça fait du bien de parler » suffisent et ils vous foutent la paix ». Ben-Amar Delzaghère décrit un éducateur qui lui a parlé en toute franchise, s’engageant « à l’épauler ». Décelant de la sincérité, il a alors fait confiance et décidé d’accepter sa nouvelle vie. Quitte à fuguer encore un peu. S’il évoque un prof tortionnaire, un éducateur alcoolisé (indulgent, il concède que « même saoul il nous donnait des leçons de vie », les jeunes se montraient prévenant à son égard), et un autre raciste, la plupart des personnels éducatifs décrits ont été de véritables soutiens…. (lire l’article d’Yves Faucoup) (vous procurer le livre N°53)
lire aussi :
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Vous êtes allé(e) au bout de cette revue de presse ? Bravo et merci ! Merci aussi à Michelle Flandre qui m’a aidé à la réaliser