Les travailleurs sociaux sont régulièrement confrontés à des injustices sociales notamment dans le cadre de l’accès aux droits : logement, vie décente, accès à l’emploi, mais aussi à des ressources permettant de vivre dans la dignité. Ils sont particulièrement démunis face aux personnes qui n’ont pas la nationalité française et qui sont déboutés du Droit d’asile.
Vous pouvez voir ici comment une expulsion peut se dérouler dans notre pays.
Quand « l’injustice sociale » devient insupportable : les personnes demandeuses d’asile « sans papier » confrontés à la « non-citoyenneté »
Les dispositifs d’aide et d’insertion sont dans leur très grande majorité réservés aux citoyens français. L’universalisme n’est plus de rigueur et l’on peut se poser la question de savoir si finalement une forme de « préférence nationale » tant décriée à une époque récente n’est pas désormais mise en œuvre. Ainsi un étranger demandeur d’asile ne pourra pas accéder à un logement, ni à un travail. S’il a pénétré le territoire en dehors des cadres prévus, il ne pourra non seulement pas se loger mais il ne pourra plus à terme être domicilié par les associations et les CCAS. Tout cela conduit à rendre encore plus difficile l’accès aux aides sociales des familles non régularisées.
Et que dire des centaines d’expulsions qui s’opèrent dans un silence assez assourdissant ? Des associations comme le réseau « éducation sans frontière » dénoncent et tentent d’alerter l’opinion sur des manquements importants aux droits de l’homme avec par exemple des séparations familiales assez dramatiques où des pères se voient séparés de leurs conjoints et enfants qui eux ont la nationalité française. Mais ce réseau a aussi dénoncé des « abandons » de mineurs par les services sociaux .
Certains diront qu’il est nécessaire d’agir face à un flux important d’immigration. Nous n’ouvrirons pas là ce débat. Constatons simplement que ces faits contreviennent à la Convention internationale des droits de l’enfant notamment à son article 9 qui stipule que « ../.. Les États parties veillent à ce que l’enfant ne soit pas séparé de ses parents contre leur gré, à moins que les autorités compétentes ne décident, sous réserve de révision judiciaire et conformément aux lois et procédures applicables, que cette séparation est nécessaire dans l’intérêt supérieur de l’enfant ».
Les travailleurs sociaux ne peuvent rester indifférents et se soumettre à des législations contraires aux droits essentiels
Comme le rappellent fort justement les principes éthiques de la fédération internationale du travail social, les travailleurs sociaux ont la responsabilité de promouvoir la justice sociale par rapport à la société en général et aux personnes avec lesquelles ils travaillent. Cela signifie :
« 1. Contester la discrimination négative : Les travailleurs sociaux ont la responsabilité de contester cette discrimination sur la base de caractéristiques comme les capacités, l’âge, la culture, le genre et le sexe, le statut matrimonial, le statut socio-économique, les opinions politiques, la couleur de la peau, les caractéristiques raciales ou autres caractéristiques physiques, l’orientation sexuelle ou bien les croyances spirituelles.
2. Reconnaître la diversité : Les travailleurs sociaux doivent reconnaître et respecter la diversité ethnique et culturelle des sociétés dans lesquelles ils travaillent, en tenant compte des différences individuelles, familiales du groupe et de la communauté.
3. Distribuer les ressources de façon équitable : Les travailleurs sociaux doivent veiller à ce que les ressources mises à leur disposition soient distribuées de façon équitable, selon les besoins.
4. Contester les règles et pratiques injustes : Les travailleurs sociaux ont le devoir d’attirer l’attention des employeurs, des responsables, des politiques et du grand public sur les situations où les ressources sont inadéquates ou bien où la distribution de ressources, les règles et pratiques sont abusives, déloyales ou nocives.
5. Travailler dans un esprit de solidarité : Les travailleurs sociaux ont l’obligation de contester les conditions sociales qui contribuent à l’exclusion sociale, à la stigmatisation ou à la subjugation et de travailler à une société inclusive. »
Ces deux derniers points 4 et 5 sont assez essentiels : nous ne pouvons nous satisfaire d’être des agents exécutants de politiques sociales qui dans certains cas excluent des catégories de population tout simplement parce qu’elles n’ont pas la possibilité de posséder la carte nationale d’identité française. Nous avons la nécessité d’interpeller nos institutions sur ces questions.
Photos : LALLA – ALI : SANS PAPIERS Certains droits réservés