« Ruth Libermann, un parcours d’engagement professionnel »

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Ruth Libermann, une assistante sociale qui fut apatride et réfugiée  : La Revue Française de Service Social publie l’histoire remarquable de Ruth Liberman, cette assistante sociale qui fut la première présidente de l’Association Nationale des Assistantes Sociales Diplômées d’Etat (ANASDE).  Sa trajectoire personnelle illustre un aspect peu souvent mis en lumière  précise la revue : celui des assistantes sociales issues de milieux populaires. Sa biographie et quelques-uns de ses textes, présentés ont pour objectif de montrer sa place et ses apports dans l’histoire de la profession.

Mais auparavant, 2 mots sur son parcours : en 1930 Ruth est avec sa sœur dans une pension de famille à Berlin. Les deux sœurs sont logées seules, leur mère vient les voir de temps en temps. la suite nous est racontée par Henri Pascal qui préside le groupe de recherche et d’étude de l’histoire du service social et les publications du dictionnaire biographique du service social : « En janvier 1933, Adolf Hitler devient chancelier et ouvre le temps de la répression politique et antisémite. Craignant ces mesures, les deux sœurs reviennent en France, peu après l’incendie du Reichstag en février 1933. Étant apatrides, elles sont détentrices d’un passeport  créé par une réunion intergouvernementale à Genève en 1922 ; elles obtiendront la nationalité française à leur majorité, c’est-à-dire en 1934 pour Ruth et 1935 pour sa sœur Esther. Pendant deux ans, les deux sœurs travaillent dans une famille bourgeoise de Paris, Ruth comme cuisinière, Esther comme femme de chambre ».

Ruth Libermann intègrera l’École normale sociale en octobre 1935. « Par l’intermédiaire d’un prêtre suisse, les deux sœurs obtiennent un prêt d’honneur d’un pays latino-américain qui leur permet de financer leurs études. Dans son livret de scolarité, il est précisé qu’elle est externe et non boursière ». « De janvier à juillet 1936, elle effectue des «visites ouvrières», suit des cours de soins médicaux pour obtenir le diplôme de l’Union des Femmes de France. »

En 1937, elle achève ses études en produisant un mémoire d’examen d’État. Il est intitulé : «Le service social en France. Sa technique, ses tendances actuelles. Les moyens d’action dont dispose une assistante de service social». Après un chapitre consacré à la présentation du «service social en France», le deuxième chapitre aborde «les moyens d’action dont dispose une assistante de service social». Quelles sont, pour elle, les qualités nécessaires à l’assistante sociale ?

«Pour aller aux autres, agir judicieusement et éduquer, l’assistante sociale devra posséder certaines qualités. Tout d’abord qualités de dévouement, de bonté et de sympathie qui lui feront faire le premier pas et lui permettront de gagner les cœurs ; mais il ne suffit pas d’aimer, il faut encore agir, c’est ici qu’interviennent le sens pratique et la persévérance, tandis que l’intuition qui rend de tels services dans la vie, devra toujours être contrôlée par un jugement sûr et doublée de bon sens ; enfin, pour éduquer, l’assistante sociale doit être compréhensive, capable de se mettre à la place des autres, se mettre pour ainsi dire «dans sa peau», de ne pas avoir de préjugés, c’est ainsi qu’elle respectera la personnalité de son client lui donnant ce qu’il est à même de recevoir, lui demandant ce qu’il est à même de donner.»

« Pendant l’occupation Ruth et sa sœur ne se feront pas enregistrer comme juives« ; « Ruth a utilisé les papiers d’identité de sa sœur mariée et toute la famille se réfugie par moments dans le Loiret chez le père du mari de sa sœur Esther. En 1942, 1943 et 1944, Ruth Libermann participe aux réunions du Comité d’entente et de liaison, initié par l’Association des travailleuses sociales (ATS) qui milite pour la constitution d’un ordre professionnel :

Elle participe  à des réunions des assistantes sociales du travail de la région parisienne. C’est de cette mouvance que naîtra l’Association nationale des assistantes sociales diplômées d’État (ANASDE) lors d’une réunion de 89 assistantes sociales le 2 décembre 1944.

Vous n’avez là que quelque éléments d’un rapide résumé de l’histoire de cette femme qui  mérite d’être connue pour son rôle central dans la construction de l’identité professionnelle des assistantes sociales. Cette identité qui demeure encore une réalité aujourd’hui.

Henri Pascal qui a dirigé ce numéro le présente en 2 partie. Il y a d’abord l’histoire de cette femme et les rebondissements de sa vie. Mais ce sont surtout ses écrits qui attireront votre attention : des écrits d’une étrange modernité qui parle des réfugiés allemands en 1936, de son mémoire en 1937, de ce qu’est l’association nationale des AS en 1947 ou encore de son engagement international au sein de la Fédération Internationale des travailleurs sociaux en 1851. Vous trouverez aussi 2 articles qui traitent pour l’un de la responsabilité des assistantes sociales (1960), pour l’autre de la polyvalence de secteur (1962).

Un beau travail de mémoire qui nous permet d’éclairer le présent. N’hésitez pas à vous procurer cet ouvrage qui vous fera vive cette grande époque de la construction d’une profession dans cette période de l’histoire qui fut si tourmentée.

Vous pouvez acheter ce numéro en cliquant sur ce lien ou encore mieux vous abonner !

Au sommaire de ce numéro 268 de la Revue Française de Service Social intitulé

« Ruth Libermann, un parcours d’engagement professionnel« 

– L’Éditorial   (Cristina De Robertis, Henri Pascal)

1ère partie : Biographie

– Ruth Libermann, la première présidente de l’ANAS  (Henri Pascal)

2ème partie : ses écrits

– Note de présentation  (Henri Pascal)

– Les réfugiés allemands en France (extraits) (1936)

– Le service social en France : sa technique, ses tendances actuelles. Les moyens d’action dont dispose une assistante de service sociale (extraits)  (1937)

– Ce qu’est l’Association nationale des assistantes sociales diplômées d’État (1947)

– Le statut professionnel du service social (1949)

– La Fédération internationale des travailleurs sociaux (1951)

– Réalité du service social (1955)

– La responsabilité de l’assistante sociale (1960)

– Le service social polyvalent (1962)

– Liste des articles de Ruth Libermann publiés dans les Feuillets de l’ANAS

sans oublier les rubriques habituelles de la revue :

Communications :

– Quelle pauvreté rencontrons-nous en service social ?  Christophe Anché, Isabelle Boisard, Cécile Chiron, Fred Latajo, Mado, Rosa Pineda

– RSA : Le contrat en travail social  Sylvie Miaut-Kowalczuk

VIE DE L’ANAS

– Les communiqué de l’association (11 septembre, 09, 14, et 26 octobre, 5 et 9 novembre 2017 )

– Retour sur la journée nationale d’étude du 13 octobre 2017 :  » Numérique et pratiques professionnelles de l’assistant de service social, quels enjeux éthiques ? « . Synthèse générale de la journée d’étude de l’ANAS :  » Numérique et pratiques professionnelles de l’assistant de service social, quels enjeux éthiques ? « , Paris, 13 octobre 2017  Didier Dubasque

– Le courrier adressé au président du conseil départemental de l’Essonne…

 

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La photo de Ruth Liberman est  un extrait de la couverture de ce numéro 268 de la revue française de service social

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