Revue de presse | RSA : la sanction, ça ne marche pas / Hommage à Christine Garcette / L’explosion de la précarité

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Bonjour et bienvenue à cette revue de presse. Dans cette édition, j’ai sélectionné pour vous les actualités qui me paraissent les plus intéressantes de ces derniers jours. Je suis triste après l’annonce de la disparition de Christne Garcette que de nombreuses assistantes sociales de ma génération ont connu. Mais l’actualité est avant tout politique en cette fin de septembre avec notamment le projet de loi dit de « plein emploi » actuellement en cours de discussion à l’assemblée. La rentrée est aussi difficile pour les associations caritatives qui, un peu partout en France sont débordées. L’exemple de Strasbourg est assez révélateur de la situation actuelle des personnes qui vivent la précarité. Je n’ai pas ooublié non plus la  liste des liens pour les infos sans résumés.  Installez-vous confortablement et plongez-vous dans ces infos et n’hésitez pas à les partager !


Un basculement dans l’extrême précarité : des députés dénoncent les effets des sanctions sur les allocataires du RSA »

Deux députés du Parti socialiste, Jérôme Guedj et Arthur Delaporte, critiquent les sanctions imposées aux allocataires du RSA dans le cadre du projet de loi « plein emploi ». Pour eux, ces sanctions sont « inefficaces et stigmatisantes ». Ils accusent le gouvernement de légiférer sur des bases idéologiques plutôt qu’objectives, sans avoir suffisamment étudié les impacts de ces sanctions sur les allocataires du RSA.

Des éléments de preuve :  Jérôme Guedj a réussi à obtenir des études sur les effets de ces sanctions auprès de la Caisse nationale d’allocation familiale (Cnaf). Selon cette étude, plus de 40 % des allocataires suspendus perdent totalement leur RSA et basculent dans la précarité. Arthur Delaporte ajoute que ces sanctions ne font que radier les personnes des fichiers sans favoriser leur réinsertion. Il souligne que la suppression du versement n’incite pas à retrouver du travail, mais exclut les allocataires.

En réponse, le ministre du Travail Olivier Dussopt a indiqué que la méthodologie de l’étude devait être approfondie. Cependant, les députés PS insistent sur le fait que le gouvernement fait légiférer « à l’aveugle », sans fournir d’éléments concrets aux parlementaires sur les effets des sanctions. Ils appellent à une réévaluation de cette approche, soulignant les risques de précarité accrue pour les allocataires du RSA. (lire l’article de l’AFP publié par Sud-Ouest)

Pourquoi la réforme du RSA fait-elle polémique ?

Un article du magazine Capital revient sur ce sujet. Selon le projet de loi « plein emploi », les allocataires du RSA seraient inscrits chez Pôle Emploi et devraient respecter un contrat d’engagement ainsi que des heures d’activités chaque semaine. Cette proposition suscite des réactions mitigées, notamment de la part de l’opposition qui y voit une incitation à des « activités non rémunérées » précise la journaliste

L’opposition, représentée notamment par le député Arthur Delaporte, affilié au Parti socialiste dans le Calvados, critique la nature des « activités » que les bénéficiaires du RSA devront accomplir. Selon lui, ces activités pourraient être dénuées de sens et ne pas contribuer à l’insertion professionnelle. De plus, il pointe du doigt les sanctions en cas de non-respect des heures d’activités, qui pourraient entraîner la suspension du RSA. Il s’interroge également sur le financement insuffisant pour mettre en place ces activités et un accompagnement renforcé.

L’article souligne par ailleurs les questions budgétaires liées à cette réforme. Selon les acteurs de l’insertion, un budget de 4 milliards d’euros par an serait nécessaire pour atteindre les objectifs d’accompagnement, tandis que le gouvernement prévoit un financement de 2,3 à 2,7 milliards d’euros entre 2024 et 2027. Cette différence soulève des inquiétudes quant à la faisabilité et l’efficacité de la réforme. (lire l’article de Capital)

Les agents de pôle emploi inquiets

Environ 150 agent-es de Pôle emploi se sont rassemblés aux abords de l’Assemblée nationale, afin de dénoncer le projet de loi Plein emploi débattu actuellement par les parlementaires.

Si cette loi était votée en l’état, elle renforcerait une nouvelle fois les contrôles des chômeurs et pénaliserait les allocataires du RSA. « Des régressions sans précédent que ce texte menace d’introduire dans le système de protection social français ». Le journal l’Humanité a tendu le micro aux acteurs de cette première mobilisation.

 


« Hommage à Christine Garcette »

L’ANAS et Lien Social nous ont appris la disparition 2 septembre dernier de Christine Garcette décédée à l’âge de 66 ans. Assistante sociale engagée et militante, elle a eu une carrière riche et diversifiée dans le champ du travail social. Elle a débuté en tant qu’assistante sociale dans le secteur des personnes âgées, puis en entreprise. En 1985, elle est devenue cadre pédagogique à l’École Normale Sociale (ENS) de Paris. Elle a également été présidente de l’ANAS de 1996 à 1999 et a contribué à la reconnaissance internationale de l’association. Elle a contribué à fonder le « Réseau histoire du travail social » et a publié plusieurs ouvrages sur la professionnalisation du travail social.

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Christine Garcette, que j’ai bien connu par le passé, a marqué la profession.  Ses articles et ses livres ont contribué à la professionnalisation et à la reconnaissance des assistants sociaux avec notamment l’ouvrage Assistante sociale aujourd’hui… (rédigé avec Brigitte Bouquet). Son engagement et son dynamisme ont été salués par l’ANAS, qui rappelle ses nombreux apports. Elle était brillante et ses réflexions toujours argumentées.

Elle avait aussi une forte personnalité. Elle avait souhaité lors de sa présidence transformer l’ANAS afin que l’association accueille en son sein tous les professionnels du travail social de niveau 6. Mais elle n’avait pas été suivie sur ce projet.  Celles et ceux qui ont côtoyé Christine se souviennent de son dynamisme, son engagement permanent pour la profession d’Assistante sociale, sa capacité à transmettre, accompagner et soutenir les plus jeunes professionnels. (Lire l’hommage rendu par l’ANAS) (Lire l’article de Lien Social)

 


« L’explosion de la précarité à Strasbourg met les associations de solidarité sous tension »

Cet article, signé Thibault Vetter, met en lumière la situation critique des associations caritatives à Strasbourg. Comme un peu partout en France, elles sont confrontées à une explosion de la précarité. Valérie Suzan, présidente de Strasbourg action solidarité (SAS), souligne que le nombre de repas distribués lors des maraudes a presque triplé, passant de 300 à près de 800. « C’est intenable, je ne sais plus comment alerter sur cette situation », dit-elle. Les associations comme les Restos du cœur et le Secours populaire constatent également une augmentation massive du nombre de personnes en besoin d’aide alimentaire. Patrick Gruber, président des Restos du cœur du Bas-Rhin, indique que l’association a vu son activité augmenter de 30% entre 2021 et 2022, et encore de 25% cette année.

Des profils diversifiés en détresse  :  Rue 89 Strasbourg qui publie cet article révèle que les profils des personnes en situation de précarité se diversifient. Outre les sans-abri, les étudiants, les retraités et même des travailleurs précaires sollicitent de plus en plus ces associations. Gautier Traber, de Caritas, note que même des personnes ayant un niveau de formation supérieur au baccalauréat demandent de l’aide, ce qui montre que « l’obtention d’un diplôme n’est plus un rempart contre la pauvreté ».

Pour couronner le tout, les associations sont en difficulté financière et manquent de bénévoles. Patrick Gruber s’inquiète d’un déficit de 400 000 euros entre mai 2022 et mai 2023. De plus, le nombre de bénévoles a diminué, passant de 750 à 650 en un an. La municipalité de Strasbourg a décidé d’apporter une aide financière d’urgence aux associations, mais la situation reste tendue. (lire l’article de Rue 89 Strasbourg)

 


Bonus :

« Le secteur social confronté à la question environnementale »

Cet article de Christelle Destombes  publié par la Gazette Santé Social, aborde la prise de conscience progressive du secteur social face aux enjeux environnementaux. Alors que le secteur sanitaire est déjà soumis à des contraintes liées au changement climatique, notre secteur commence à s’intéresser à cette question. Les crises du Covid-19 et des Gilets jaunes ont mis en évidence le lien entre les problématiques sociales et environnementales, notamment autour des thèmes de « fin du monde, fin du mois ».

Le gouvernement avait présenté en mai 2023 une nouvelle feuille de route pour rendre le secteur sanitaire et médico-social « plus sobre, plus soutenable et moins dépendant des énergies fossiles ». Cependant, le secteur social n’a pas encore complètement intégré ces objectifs. La « nécessaire écologisation du travail social » est présentée comme un argument d’attractivité pour le secteur, mais des défis demeurent, notamment en termes de financement et de mise en œuvre. Et là rien n’est acquis (lire l’article de la Gazette des Communes – abonnés)

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Photo : Wikimédia Plaquette du Revenu de solidarité active réalisée par le conseil départemental de l’Eure licence Creative Commons

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Une réponse

  1. Bonjour Didier, je partage ton hommage à Christine Garcette avec qui j’ai eu l’honneur de militer dans le cadre de l’association Education et Société et de la Conférence Permanente des Organisation professionnelles (CPO) à la fin des années 90. Son action témoignait de son souhait d’ouverture des métiers sociaux les uns par rapport aux autres, préoccupation que je partageais et que je pense toujours indispensable. Amicalement.

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