Bonjour et bienvenue à cette revue de presse, où l’urgence de la situation entourant la santé mentale des jeunes filles se révèle avec une gravité inédite dans un article de Médiapart. C’est un témoignage poignant d’une mère confrontée au combat de sa fille contre l’anorexie et les tentatives de suicide qui montre aussi un système de soins en crise. Nous parlerons ensuite du tragique destin d’un assistant social, victime de harcèlement. Ce drame soulève des questions sur le harcèlement au travail dans un milieu où cela devrait naturellement être proscrit. Ensuite, nous revenons sur les contours de la réforme controversée du RSA, promettant un accompagnement renforcé, mais suscitant toujours des débats et des interrogations. Chaque sujet vous invite à comprendre les enjeux actuels qui vont la santé mentale des jeunes à la complexité de l’insertion professionnelle, sans oublier le soutien nécessaire à apporter aux travailleurs sociaux. Une dizaine de liens vous invitent à découvrir d’autres sujets. Bonne lecture.
Santé mentale des jeunes filles : il y a urgence
Le journal Médiapart nous parle d’une « hausse affolante des tentatives de suicide des jeunes filles, dès l’âge de 10 ans » que l’on ne peut attribuer à la crise du Covid. Qu’en est-il exactement ? La journaliste Caroline Coq-Chodorge est allé enquêter. Ce qu’elle nous dit est assez inquiétant.
Tout part d’une lettre adressée à Mediapart, par Lily Anders. Cette mère partage le douloureux parcours de sa fille Yaël, confrontée à l’anorexie mentale et à plusieurs tentatives de suicide. Âgée de 15 ans, Yaël peine à trouver un soutien efficace au sein du système de psychiatrie publique, ayant perdu confiance dans les professionnels de santé après une série d’expériences traumatisantes et de changements fréquents d’interlocuteurs. Cette situation a laissé la jeune fille et sa mère dans un isolement total, face à une maladie mal identifiée. Les conditions d’hospitalisation décrites par sa mère, notamment une fugue et une tentative de suicide au sein d’un service de pédopsychiatrie, soulignent un système de soins où le manque de communication et la rigidité des protocoles semblent prévaloir sur l’écoute et le soutien nécessaires aux jeunes patients.
L’article révèle également une hausse alarmante des hospitalisations pour des gestes auto-infligés parmi les jeunes, particulièrement les filles. C’est une tendance qui reflète la crise existentielle profonde à laquelle est confrontée cette génération. En 2022, 75.803 personnes de 10 ans ou plus ont été hospitalisées pour un geste auto-infligé. Cette statistique est particulièrement alarmante chez les filles et les jeunes femmes, avec une augmentation de 63 % chez les filles de 10 à 14 ans et de 42 % chez les adolescentes de 15 à 19 ans entre 2021 et 2022.
Les ressources limitées, les longs délais d’attente et les débats autour des approches thérapeutiques compliquent l’accès à des soins efficaces. La nécessité d’une réforme en profondeur du système de psychiatrie pour enfants et adolescents est ainsi mise en exergue, dans un contexte où les enjeux de santé mentale gagnent en urgence. Dans un livre qui vient de paraître, « Le Silence des symptômes – Enquête sur la santé et le soin des enfants » on apprend une incroyable augmentation de la consommation de médicaments psychotropes administrée aux enfants et aux adolescent·es entre 2014 et 2021 : + 48,54 % pour les antipsychotiques, + 62,58 % pour les antidépresseurs, + 78,07 % pour les psychostimulants, + 155,48 % pour les hypnotiques et sédatifs, etc. Les médicaments remplacent les thérapies et même les accompagnements socio-éducatifs. C’est dire l’ampleur du désastre. (lire l’article de Médiapart – abonnés)
De nombreuses questions autour de la mort brutale d’un assistant social de Laon, une plainte déposée pour harcèlement
Un article publié sur le site du journal l’Union aborde un sujet tragique, celui de la disparition brutale de Stéphane, assistant social. Ce drame soulève une multitude d’interrogations, notamment sur les circonstances ayant conduit à cet acte désespéré. Stéphane, décrit comme dévoué à sa profession, se percevait comme humilié et harcelé dans le cadre de son travail. Cette situation insupportable l’aurait poussé à mettre fin à ses jours, un geste qui a provoqué une onde de choc au sein de la profession et parmi ceux qu’il aidait.
La famille de Stéphane, ses amis, ainsi qu’un médecin et plusieurs bénéficiaires de son aide, ont témoigné de l’impact de son travail et de sa personnalité bienveillante. Leur témoignage éclaire les conditions de travail parfois difficiles que rencontrent les travailleurs sociaux. Une plainte pour harcèlement a été déposée, soulignant la gravité des accusations et la nécessité d’une enquête approfondie pour faire la lumière sur cette affaire.
Cet événement tragique ouvre le débat sur l’importance du soutien psychologique et professionnel pour les travailleurs sociaux. Ils sont souvent confrontés à des situations de grande détresse. Il rappelle également la nécessité de créer un environnement de travail sain et sécurisant, où le respect et la bienveillance sont primordiaux. La communauté et les institutions doivent reconnaître les signes de détresse psychologique chez les professionnels dédiés à l’aide aux autres, afin de prévenir de telles tragédies. (lire l’article de l’Union)
Toutes nos condoléances à sa famille. Lire aussi sur ce sujet :
Le RSA lié à la réalisation de 15 heures d’activité dans 47 départements d’ici mars 2024
Vous le savez, le gouvernement a annoncé une extension significative de l’expérimentation associant le versement du RSA à la réalisation d’activités hebdomadaires. D’ici fin février 2024, le nombre de départements y participant passera de 18 à 47, avec pour objectif une généralisation du dispositif en 2025. Cette mesure s’inscrit dans une volonté de favoriser le retour à l’emploi des allocataires en leur proposant un accompagnement social et professionnel personnalisé. (Ce qui ressemble étrangement à ce qui était déjà existant depuis longtemps dans plusieurs Départements ). Les activités proposées, d’une durée de 15 à 20 heures par semaine, sont conçues pour être en adéquation avec les besoins et les projets professionnels des allocataires, excluant ainsi le travail bénévole hors du cadre légal du code du travail. C’est le site Service Public.fr qui le précise.
L’expérimentation, qui s’effectue à « droit constant », ne prévoit pas de sanctions pour les allocataires ne respectant pas l’obligation des 15 à 20 heures d’activité. Le ministère du Travail souligne que l’objectif n’est pas de conditionner l’accès au RSA mais de proposer un accompagnement renforcé vers l’emploi pour les personnes les plus précaires. Cette approche qui se veut inclusive, exempte certaines catégories d’allocataires en raison de leur situation personnelle, comme les personnes souffrant de handicap, d’invalidité, les parents isolés sans solution de garde pour leurs enfants de moins de 12 ans, ou ceux confrontés à des difficultés particulières.
En fait, la loi pour le plein emploi introduit cependant une nuance pour l’avenir : à partir du 1er janvier 2025, une fois le dispositif généralisé, les présidents des conseils départementaux pourront décider de suspendre partiellement ou totalement le versement du RSA aux bénéficiaires ne respectant pas les engagements de leur contrat, sans motif légitime. Cette disposition soulignerait la volonté de responsabiliser les allocataires dans leur parcours d’insertion, tout en prévoyant un cadre d’évaluation et d’adaptation du dispositif à la réalité de chaque territoire. (Là aussi rien de bien nouveau puisque ce type de disposition existait déjà par le passé). (lire l’article de service-public.fr)
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