Bonjour et bienvenue à cette revue de presse de début de semaine. Revenons sur cette info qui interroge pour le moins : le rejet de la création d’un service public de la petite enfance lors de sa présentation à l’Assemblée Nationale. Elle est liée au mécontentement des oppositions et le fait qu’aucun moyen ne soit prévu. Mais quand même ! Nous parlons aussi d’une précarité méconnue, celle des autoentrepreneurs devenus des laissés pour compte. Nous n’oublions pas non plus le désarroi des étudiants avec un article qui parle de leur « honte » d’aller aux distributions alimentaires. Tout cela sans oublier les multiples liens sur des sujets aussi divers mais révélateurs des temps actuels. Bonne lecture !
Le service public de la petite enfance rejeté par les députés
Cet article du site Maire Info rédigé par le journaliste Franck Lemarc rapporte en détail les éléments du rejet par l’Assemblée nationale de l’article 10 du projet de loi Plein emploi, qui visait à instaurer un service public de la petite enfance. Ce rejet est le résultat d’une coalition d’oppositions venant de la gauche comme de la droite. Le gouvernement avait initialement intégré ce dispositif dans un texte sur l’emploi, arguant que la question de la garde des enfants constituait un obstacle majeur au retour à l’emploi pour de nombreuses femmes.
Plusieurs députés de différents bords politiques ont critiqué le dispositif proposé. Ils ont notamment souligné le manque de moyens alloués aux communes pour mettre en œuvre ce service public. Le député LFI William Martinet a par exemple déclaré que la commune serait chargée de « recenser la pénurie, informer de la pénurie, planifier la pénurie » sans avoir les moyens de résoudre ces problèmes. À droite, Thibault Bazin a également critiqué le manque de moyens et a suggéré que le dispositif aurait dû faire l’objet d’un projet de loi spécifique à la politique familiale.
Le rejet de cet article a suscité de nombreuses réactions, notamment de la part des professionnels de la petite enfance et des associations d’élus. La Fédération française des entreprises de crèches s’est dite « stupéfaite », tandis que l’Union nationale des associations familiales a exprimé sa « déception ». L’Association des maires de France (AMF) a appelé à une réévaluation des modalités d’action pour améliorer l’accueil des jeunes enfants. Il reste incertain si cet article sera réintégré lors de la navette parlementaire ou si un nouveau projet de loi spécifique sera proposé. (Lire l’article de Maire Info)
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Pauvreté 2.0 : comment les auto-entrepreneurs sont devenus les nouveaux laissés-pour-compte
Cet article de Louise Caron publié sur Mediavenir nous explique la vulnérabilité financière croissante des auto-entrepreneurs. Cette catégorie de professionnel(le)s choisit souvent le régime de la micro-entreprise en raison de sa simplicité et de ses formalités réduites. Cependant, cette simplicité ne garantit pas toujours un revenu suffisant pour vivre dignement.
Dans notre monde réel, le faible revenu moyen des auto-entrepreneurs est généralement à peine supérieur au seuil du RSA. Cela conduit à les installer dans des situations précaires. Cette vulnérabilité est fréquemment exacerbée par le manque de compétences en gestion et d’accompagnement de certains, ainsi que par des charges sociales et fiscales qui amputent leurs revenus.
Les auto-entrepreneurs sont également très affectés par des facteurs macroéconomiques tels que l’inflation et la hausse des prix du carburant. Environ un tiers d’entre eux travaillent dans le secteur des services à la personne, qui nécessite souvent l’utilisation d’un véhicule. Lorsque le coût du carburant augmente, leurs charges s’alourdissent, ce qui rend difficile la répercussion de cette hausse sur les prix de leurs prestations sans perdre des clients. Cette situation les conduit à rogner sur leurs marges et à voir leur revenu diminuer.
Face à cette réalité, la journaliste souligne la nécessité d’un accompagnement professionnel adapté pour aider les auto-entrepreneurs à trouver des solutions pour améliorer leur situation financière. Cela peut inclure un soutien dans la gestion de leur entreprise, des conseils pour optimiser leurs coûts ou encore des formations pour renforcer leurs compétences. Les pouvoirs publics doivent également être conscients de cette nouvelle réalité et adapter les dispositifs d’aide et d’accompagnement pour répondre aux besoins spécifiques de cette catégorie de travailleurs en difficulté. (Lire l’article de Mediavenir)
Précarité étudiante : « ils en ont parfois honte alors qu’il ne faut pas »
Ce reportage de France 3 Paris Île-de-France rédigé par Kévin Belbéoc’h-Dumarcet met en lumière la situation préoccupante de la précarité étudiante dans la capitale. Plus de 500 étudiants se sont rendus à une distribution alimentaire organisée par l’association Linkee, qui récupère des invendus ou des surplus des supermarchés pour les redistribuer aux étudiants.
Selon une enquête menée par l’association, près de 77 % des étudiants vivent avec un peu plus de 3 euros par jour. Cette situation s’est aggravée au fil des années, et l’association Linkee a doublé le nombre de ses distributions par rapport à l’année précédente.
Certains étudiants ressentent de la honte à l’idée de bénéficier d’aides alimentaires. Cette honte peut être un obstacle majeur à l’accès aux dispositifs d’aide existants. Elle peut également contribuer à isoler davantage les étudiants en situation de précarité, les empêchant de partager leur situation avec leur entourage ou de chercher de l’aide.
Cyrine, une bénévole et étudiante, souligne cette réalité en disant que les étudiants « se cachent et qu’ils ont honte de ça, alors qu’il ne faut pas ». La honte est souvent alimentée par la stigmatisation sociale associée à la précarité. Dans une société où la réussite matérielle est valorisée, être dans le besoin peut être perçu comme un échec personnel. Cette perception peut être d’autant plus forte dans le milieu étudiant, où la compétition et la comparaison avec les pairs sont fréquentes. La honte peut alors devenir un cercle vicieux, empêchant les étudiants de chercher de l’aide et aggravant leur situation de précarité.
L’association Linkee semble avoir pris conscience de cet enjeu en ouvrant ses distributions alimentaires à tous les étudiants, sans conditions de revenus. Cette approche inclusive peut contribuer à « déstigmatiser » la précarité et à réduire la honte associée à la demande d’aide. Il est logique que les institutions et les associations travaillent dans cette direction pour s’assurer que la honte ne soit pas un frein à l’accès aux aides nécessaires. La Ville de Paris a également débloqué près de 345 000 euros aux associations d’aide alimentaire destinée aux étudiants, telles que Linkee ou Cop1, lors d’un vote au Conseil de Paris le 3 octobre dernier.(Lire le reportage de France 3 Paris Île-de-France)
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