Revue de presse | 2.822 enfants à la rue / RSA : des profiteurs et des paresseux ? / Étudiants : d’horribles crises d’angoisse

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Bonjour et bienvenue à cette revue de presse de ce lundi 6 novembre. Nous avons sélectionné pour vous (avec Michelle Flandre) les infos susceptibles de vous intéresser. Ces articles vont vous plonger au cœur des enjeux sociaux actuels. De l’alarmante situation des enfants sans-abri en France à la précarité étudiante exacerbée par l’inflation, chaque article est un appel à la réflexion et à l’action. Découvrez les analyses critiques sur la conditionnalité du RSA et les effets psychologiques des réseaux sociaux sur les jeunes. Ne manquez pas l’entretien inspirant avec Cynthia Fleury sur la dignité humaine. Installez-vous confortablement…  Bonne lecture !

 


« Des chiffres jamais atteints » : près de 3 000 enfants dorment dans la rue en France, selon l’Unicef

Jérémy Puech du site Parents.fr, met en lumière dans son article la situation alarmante des enfants sans-abris dans notre pays. Selon un baromètre de l’Unicef et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), le nombre d’enfants dormant dans la rue a atteint un niveau sans précédent. Le 2 octobre, 2.822 enfants, dont 700 de moins de trois ans, se sont retrouvés sans abri alors que leurs demandes d’aide auprès du Samu social n’ont pas pu être satisfaites.

Ce chiffre représente une augmentation de 42 % par rapport au mois précédent et ne prend pas en compte les mineurs non accompagnés ou ceux vivant dans des squats ou bidonvilles. La directrice générale de la FAS, Nathalie Latour, exprime son inquiétude face à l’augmentation des familles monoparentales, en particulier des femmes seules avec enfants, vivant dans la rue de manière durable.

L’article rappelle que l’engagement de l’État qui avait promis de ne plus laisser d’enfants dans la rue n’a pas été tenu. Malgré l’objectif de maintenir 203.000 places en hébergement d’urgence pour 2024, l’Unicef considère que les efforts de l’État ne sont pas suffisants.

Pour remédier à cette situation, les associations suggèrent deux mesures principales. À court terme, elles préconisent de maintenir un niveau élevé de places d’hébergement tout au long de l’année pour mieux répondre aux besoins. À long terme, elles recommandent d’améliorer l’accompagnement des familles de l’hébergement vers le logement, en renforçant la coordination entre les services de l’État, les collectivités territoriales, les associations et les bailleurs sociaux. Nathalie Latour  insiste sur la nécessité d’une politique pluriannuelle qui permettrait de sortir de la logique court-termiste actuelle, qui est non seulement inefficace mais aussi coûteuse. (lire l’article de Parents.fr)

 


RSA sous conditions : « Désormais, les classes laborieuses apparaissent profiteuses et paresseuses »

Cette tribune publiée par Marianne mérite que l’on s’y arrête. Frédéric Farah, économiste, critique vivement la conditionnalité du Revenu de Solidarité Active (RSA) à l’exercice d’activités, une mesure récemment adoptée par le gouvernement. Il fait un parallèle historique avec l’abolition de la loi sur les pauvres au Royaume-Uni en 1834, qui visait à exposer les pauvres à la concurrence du marché du travail pour fournir une main-d’œuvre bon marché. Cette approche, selon lui, est fondée sur une vision négative et discriminatoire des pauvres, perçus comme paresseux et abusant des aides publiques, et nécessitant un contrôle social.

L’auteur explique que cette vision libérale a été temporairement mise de côté après la Seconde Guerre mondiale grâce au keynésianisme, à la présence d’un communisme fort et à la régulation de la finance suite au krach de 1930. Cependant, avec la révolution conservatrice de la fin des années 1970, la critique de l’État-providence et la stigmatisation des pauvres comme peu travailleurs ont refait surface, notamment avec l’introduction du terme « workfare » par Richard Nixon en 1969. Frédéric Farah souligne que cette idéologie a conduit à des politiques telles que l’allocation unique dégressive en France en 1992, qui a été un échec, et à la transformation de l’ANPE en Pôle emploi, renforçant le contrôle sur les chômeurs. La récente réforme de l’assurance chômage, qui réduit la durée et le montant des allocations, est vue comme une continuation de cette tendance, exacerbant la stigmatisation des chômeurs comme paresseux, profiteurs et fraudeurs.

L’auteur met en garde contre l’oubli de l’histoire et des préjugés qui sous-tendent la conditionnalité du RSA.  C’est pour lui  une manifestation de défiance et de condescendance envers les classes laborieuses, désormais perçues comme profiteuses et paresseuses, plutôt que comme dangereuses. On n’est pas sorti de l’auberge ! (Lire la tribune publiée par Marianne)

 


« Faire des crises d’angoisse parce que tu ne peux pas manger, c’est horrible »: la précarité étudiante, une réalité encore prégnante.

Cet article de La Dépêche signé Marine Lion  met en lumière la précarité étudiante en France, exacerbée par l’inflation des prix alimentaires. Les étudiants, confrontés à des difficultés financières croissantes, se tournent vers des distributions alimentaires pour subvenir à leurs besoins. C’est l’association Linkee qio s’en charge chaque lundi à Toulouse.  Cette initiative répond à un besoin urgent, comme en témoigne l’augmentation significative du nombre de repas distribués depuis le début de l’inflation.

Le témoignage des étudiants fait état de situations désespérées. Je vous passe les détails qui sont à lire dans l’article. Certains doivent sauter des repas ou se restreindre à des aliments peu coûteux pour gérer leur budget. La Banque Alimentaire de Toulouse et sa Région soutient également les étudiants en proposant des produits à des prix très inférieurs à ceux des grandes surfaces. Cette aide est cruciale pour de nombreux étudiants.

Face à cette réalité, le syndicat Union étudiante Toulouse plaide pour des mesures pérennes, telles que la mise en place du repas à 1 euro pour tous les étudiants, une initiative efficace pendant la crise sanitaire. La précarité étudiante ne se limite pas à l’alimentation ; le logement reste aussi un problème majeur, avec des loyers qui représentent une part disproportionnée du budget étudiant. Cette situation appelle à une réflexion plus large sur les politiques de soutien aux étudiants et sur les moyens de garantir leur bien-être et leur réussite éducative. (lire l’article de la Dépêche)

 


Bonus :

Les réseaux sociaux, un espace qui crée des complexes chez de nombreux jeunes, révèle une nouvelle étude

Cet article de Sud Ouest traite de l’impact des réseaux sociaux sur la santé mentale des jeunes. Il  se base sur une étude réalisée par l’institut BVA pour la Fondation Jean-Jaurès. L’enquête révèle que de nombreux jeunes adultes développent des complexes et des troubles alimentaires en raison de leur utilisation des plateformes telles qu’Instagram, TikTok et Snapchat. Ces réseaux sociaux, qui véhiculent des codes esthétiques spécifiques, poussent les utilisateurs à avoir une conscience accrue de leur apparence, ce qui peut conduire à une volonté de perdre du poids après avoir vu des images de jeunes de leur génération considérés comme attractifs.

L’étude met en évidence que l’exposition constante à des images de corps, parfois retouchés, provoque l’apparition de complexes chez une partie significative des jeunes, en particulier chez les jeunes femmes. Cette exposition peut également engendrer un sentiment d’infériorité et chez certains, l’envie de recourir à la chirurgie esthétique. Les résultats de cette enquête font écho à une étude interne d’Instagram de 2021, qui avait déjà identifié le lien entre l’utilisation de l’application et l’apparition de troubles du comportement alimentaire ou de dépression, surtout chez les jeunes femmes.

L’article souligne par ailleurs le phénomène d’addiction sans substance lié aux réseaux sociaux. Il compare l’effet des likes, partages et commentaires à celui des jeux de hasard ou de la consommation de drogues. Cette addiction est due à la libération de dopamine dans le cerveau, qui incite les utilisateurs à revenir régulièrement sur ces plateformes. La prise de conscience de ces effets néfastes est cruciale pour aborder la santé mentale des jeunes dans notre société numérique actuelle qui crée des illusions et s’éloigne du réel. (lire l’article de Sud Ouest).

 


Lire aussi

  • Comment faire de la dignité de tous une réalité ? | Union Sociale UNIOPSS (Dans cette interview, Cynthia Fleury discute de la notion de dignité et de son importance dans la société moderne. Elle aborde les défis posés par les institutions censées garantir la dignité des individus et propose des moyens pour améliorer la situation, notamment à travers une politique du soin. Elle souligne également le rôle crucial des associations de solidarité dans la pratique de la dignité et les obstacles à surmonter pour parvenir à une société du care. Enfin, elle relie la crise écologique à la nécessité d’élargir le concept de dignité au-delà de la condition humaine.)

 

et ensuite…

 


Vous êtes allé(e) au bout de cette revue de presse ? Bravo et merci ! Merci aussi à Michelle Flandre qui m’a aidé à la réaliser.

Photo de drobotdean – www.freepik.com

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