Face à la montée de la pauvreté, répondre à l’urgence sociale
Dans l’attente des mesures sociales du gouvernement, le journal La Croix publie une tribune signée par Christophe Robert (Fondation Abbé Pierre) Pascal Brice (nouveau président de la Fédération des Acteurs de la Solidarité) et Laurent Berger (CFDT). Tous trois appellent à un soutien accru des revenus des plus précaires. « Le pays en prise à la crise sanitaire est confronté à l’urgence » sociale écrivent-ils
« Le nombre des allocataires du RSA, les impayés de loyers et la distribution de repas sont en forte et inquiétante progression. La hausse du chômage ne fera qu’accentuer ces fragilités sociales ». Dans les prochaines semaines et mois de nouvelles personnes vont rejoindre celles et ceux qui vivent depuis plusieurs années dans la pauvreté « y compris dans les parties de la population, comme parmi les indépendants, habituellement plus éloignées de ce risque. C est une perspective que le pays ne peut se permettre pour des raisons de dignité et du point de vue de son équilibre social, économique et politique ».
« Des mesures gouvernementales complémentaires sont indispensables » expliquent-ils. Les efforts actuels et passés du gouvernement qui tente de répondre à la crise sont encore insuffisants. Les mesures sociales doivent être à la hauteur de l’enjeu. Ils proposent plusieurs mesures:
- La hausse du RSA est indispensable,
- Les jeunes de 16 à 25 ans doivent pouvoir en bénéficier ou à défaut percevoir la garantie jeune qu’il faut améliorer
- Il faut une véritable service public de l’Insertion
- L’augmentation des APL est nécessaire et un effort en faveur du logement très social doit permettre réellement le « Logement d’abord »
(lire la tribune dans le journal La Croix)
Le collectif « travail social en lutte » appelle à manifester le 3 décembre prochain
« Des salarié.e.s du secteur social syndiqué.e.s non syndiqué.e.s, représentant.e.s de collectifs et syndicats se sont réuni.e.s lors des rencontres nationales du travail social en lutte les 3 et 4 octobre derniers ». Plusieurs département y ont participé notamment les Bouches du Rhône, de l’Essonne, de la Gironde, des Hauts de
Seine, de l’Île et Vilaine, de l’Isère, de la Moselle, du Nord, de Paris, du Puy de Dôme, du Rhône, de Seine Saint Denis et la Vienne. Ils représentaient les champs de la polyvalence de secteur, de la psychiatrie, du handicap, de la protection de l’enfance, de l’hébergement sans oublier des étudiant.e.s en travail social.
Le collectif dénonce depuis plusieurs années la mise en concurrence des associations, la marchandisation du secteur, la mise en pratique de l’austérité et l’évolution de nos métiers vers toujours plus de contrôle social… « On nous dit qu’il n’y a pas d’argent magique pour les hospitaliers ou notre secteur mais des milliards existent pour les entreprises privées ».
« Même en cette période de crise sanitaire, où les personnes accompagnées sont particulièrement fragilisées, nous demeurons les oublié.e.s du SEGUR, ne bénéficiant ni de reconnaissance ni de primes. C’est aujourd’hui une nécessité de s’organiser collectivement avec dates interprofessionnelles et sectorielles ». Le collectif appelle les travailleurs sociaux à préparer un mouvement d’ampleur le 3 décembre prochain, date nationale retenue pour manifester le mécontentement du secteur social avec l’ensemble des syndicats et collectifs. (lire l’appel du collectif « travail social en lutte »)
Quand la compassion rend malade
La compassion est une qualité attendue des personnels de soins dont les travailleurs sociaux qui en font partie. On attend d’eux qu’ils fassent preuve de sollicitude envers les gens dont ils ont la charge. Mais à force d’être appelée, elle use et fragilise aussi les personnels nous explique le magazine Sciences Humaines qui en apporte une définition de la compassion intéressante
Dans nombre de métiers – ceux du care notamment –, la compassion est devenue une compétence clé. Dans la littérature infirmière anglo-saxonne, la fatigue compassionnelle désigne une forme particulière d’usure professionnelle, conceptuellement proche du burnout, comme l’explique cet article qui relate la fatigue extrême d’un travailleur social anglais. « J’étais complètement grillé » avait-il écrit
La fatigue compassionnelle s’accompagne d’un sentiment d’impuissance, de confusion, et d’une sensation d’isolement voire d’abandon de la part des soutiens institutionnels. La fatigue compassionnelle résulterait ainsi à la fois d’un burnout et d’un traumatisme secondaire qu’il est nécessaire de bien connaitre pour s’en prémunir. Ce type de traumatisme « vicariant », qui agit par contagion émotionnelle, a été identifié dans nombre de professions : policiers et militaires, prêtres, travailleurs humanitaires, travailleurs sociaux, psychologues, vétérinaires… Nous sommes nombreux à être concernés… (lire l’article de Sciences Humaines)
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Photo : freepik @master1305
La sélection des articles a été réalisée avec l’aide de Michelle Verrier Flandre. Merci à elle