Dans un rapport intitulé « Remettre de l’humain dans les territoires », Patrick Vignal, député, met en lumière l’importance du travail des médiateurs sociaux. Il propose des pistes pour son développement. Mais rappelons en deux mots à quoi sert la médiation sociale : elle cherche à recréer les conditions de confiance nécessaires pour faire progresser notre vivre-ensemble et éviter les situations de rupture. Elle se positionne comme un moyen de dialogue plutôt que de conflit. Elle cherche à garantir l’égalité pour tous dans l’accès aux droits et aux services. C’est une pratique qui s’est professionnalisée au fil des ans.
La médiation sociale dispose d’une définition clairement établie adoptée en septembre 2000, lors d’un séminaire européen organisé à l’époque par la Direction Interministérielle de la Ville et la communauté européenne. C’est « un processus de création et de réparation du lien social et de règlement des conflits de la vie quotidienne, dans lequel un tiers impartial et indépendant tente, à travers l’organisation d’échanges entre les personnes ou les institutions, de les aider à améliorer une relation ou de régler un conflit qui les oppose. » A cela s’ajoutent deux principes directeurs issus des métiers du travail social, « l’aller vers » et le « faire avec ».
Elle a aussi connu une structuration importante ces dernières années. Une norme métier expérimentale AFNOR « Médiation sociale » avait été élaborée en 2016. Elle a abouti en décembre 2021 à une homologation définitive. Cette professionnalisation permet à la médiation sociale de gagner en visibilité et en efficacité. Mais la médiation sociale n’est pas qu’une pratique, ce sont aussi des professionnels plutôt engagés, voire militants dans différents domaines.
Les 7 spécialisations des médiateurs sociaux
Ces profils sont distincts et ils nous montrent la diversité des situations dans lesquelles évoluent ces professionnels que l’on peut à mon avis considérer comme des travailleurs sociaux. Ils sont souvent qualifiés comme étant issus des nouveaux métiers ne relevant pas du travail social, mais ils ont les mêmes préoccupations éthiques et déontologiques et souvent le même public. Voici les sept spécialisations qui les caractérisent. Elles sont définies dans le rapport parlementaire.
1. Le médiateur social dans les espaces publics et/ou ouverts aux publics : Par sa présence de proximité visible, de jour comme de nuit, le médiateur social contribue à assurer un environnement apaisé aux habitants du quartier. Il intervient de façon préventive ou réactive face aux difficultés constatées sur les espaces publics, parcourant le quartier, répondant aux appels et allant à la rencontre des gens. Il joue un rôle essentiel dans la prévention et la résolution des situations conflictuelles, notamment des troubles de voisinage, en lien avec les bailleurs sociaux.
2. Le médiateur social et culturel : Celui-ci assure une fonction d’interface entre les familles, les intervenants sociaux (dont les travailleurs sociaux), les associations ou les institutions. Il vise à rompre l’isolement des personnes, renforcer leur autonomie et leur intégration dans la société et dans leur quartier ou leur commune. Son intervention est centrée sur les codes culturels, facilitant ainsi la compréhension et l’intégration des personnes dans leur environnement.
3. Le médiateur social en milieu scolaire : Travaillant dans les écoles et les collèges, ce médiateur vise à prévenir et gérer les conflits, prévenir le harcèlement scolaire, développer les comportements citoyens et renforcer les liens écoles/familles. Il intervient pour rétablir des relations entre les équipes éducatives et les familles ou les enfants en difficulté, favorisant ainsi le dialogue et la tolérance entre les élèves.
4. Le médiateur social dans le champ de la santé : Pratiquant ses activités de prévention, d’information individuelle et collective, ce médiateur facilite l’accès à la santé pour les personnes précarisées ou éloignées du système médical. Il travaille en étroite collaboration avec les patients pour les mettre en confiance et les orienter vers les structures de soins, en partenariat avec les professionnels de l’intervention sociale et médicale.
5. Le médiateur social dans les transports : Par sa présence, il contribue à humaniser les transports en commun, prévenant et apaisant les situations génératrices de conflits entre les usagers. Sa présence vise notamment à prévenir les situations de tension dans un espace clos, veillant au respect des usagers entre eux et à celui des règles communes d’utilisation des transports.
6. Le médiateur social dans les Maisons France Services et dans les Pimms Médiation : Il accueille et participe à l’animation d’un point d’accueil en vue de faciliter l’accès des habitants aux services publics marchands et non marchands. Il met les usagers en relation avec les services publics ou privés de gestion de droits ou avec les structures dédiées compétentes. Des départements ont recruté des médiateurs sociaux spécialisés sur la question des usages numérique et l’accès aux droits pour travailler en complémentarité avec les travailleurs sociaux de secteur.
7. Le médiateur social dans les squats, bidonvilles et en direction des publics en errance : Il intervient auprès des personnes en squats et bidonvilles et en errance sur les espaces publics. Son rôle est de maintenir le lien et lutter contre les ruptures dans les parcours, notamment dans le champ de la santé et de la scolarité. Il informe les personnes de l’existence des dispositifs de droit commun, des offres de soins et de prévention présentes dans les territoires, et crée les conditions de la relation de confiance avec les professionnels du soin et de l’accès aux droits.
On ne peut que le constater, la diversité des champs d’intervention font de ces professionnels des acteurs de plus en plus incontournables dans le champ de la cohésion sociale. Il me semble regrettable que ces professionnels ne soient pas rattachés directement au ministère des Solidarités comme c’est le cas pour la majorité des travailleurs sociaux. Ce serait fort utile tant dans le domaine de la coordination que das celui de la formation.
Un métier en constante évolution
La médiation sociale, en tant qu’outil de création et de réparation du lien social, joue un rôle important pour la cohésion des territoires. Les médiateurs sociaux, avec leurs différentes spécialisations, interviennent dans des domaines variés. Ils contribuent à apaiser les tensions, faciliter l’accès aux services et renforcer l’autonomie des personnes.
La professionnalisation de la médiation sociale, avec l’adoption d’une définition claire et l’élaboration d’une norme métier, renforce son efficacité et sa visibilité. Cependant, il serait essentiel de reconnaître pleinement le rôle des médiateurs sociaux dans la cohésion sociale et de les intégrer davantage dans le champ des solidarités. En rattachant ces professionnels au ministère des Solidarités, il serait possible d’améliorer les coopérations mais aussi la formation. Ainsi, la médiation sociale pourrait continuer à évoluer et à s’adapter aux besoins et aux évolutions de la société, contribuant ainsi à créer les conditioins d’un vivre-ensemble plus harmonieux et solidaire.
photo : pch.vector sur Freepik
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