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Réforme des minima sociaux : « pas question de faire des économies sur le dos des pauvres »

La ministre des Solidarités et de la Santé refuse de « remettre en cause le bien-fondé » des prestations sociales mais dit-elle, notre modèle social est grippé. Interrogée par le JDD et Europe 1 sur la singularité de sa position au sein du gouvernement, Agnès Buzyn  affirme qu’ « il n’est pas question de faire des économies sur le dos des pauvres ».  Elle s’inscrit « dans la priorité de réduction des déficits publics », tout en précisant qu’il n’y aurait « pas de coupes budgétaires sur les plus pauvres ».  mais précise le Figaro, «Toutes les allocations peuvent être discutées». La défense des aides sociales s’accompagne de certaines exigences.

Attention, il ne faut laisser personne de côté rappelle le Collectif Alerte : les associations de solidarité du  collectif sont d’accord pour qu’il y ait une réforme des minima sociaux, à la condition que celle-ci ne soit pas un prétexte à la diminution des aides sociales qui demeurent essentielles pour les 9 millions de personnes en situation de pauvreté. Le collectif dans un communiqué rappelle que notre système de gestion des minima souffre aujourd’hui de nombreux dysfonctionnements, rendant nécessaire une réforme : trop compliqués à demander et à obtenir, d’un montant souvent trop faible, ils laissent des catégories entières de personnes, principalement les jeunes de moins de 25 ans, sans ressources. Le vrai problème ne tient donc pas au fait qu’il y aurait trop d’aides sociales aujourd’hui, mais trop de personnes pauvres, laissées sans solution suffisante pour vivre décemment et s’insérer dans notre société.

Le versement automatique des minima sociaux est en chantier précise le journal les Echos.   Il devrait être mis en place à partir de 2019. Des économies sont attendues à court terme, en calculant les prestations sur la base du revenu de l’année en cours et en supprimant les indus. Mais l’automaticité des versements pourrait à l’inverse coûter cher en réduisant le non-recours aux droits.  Il n’y aura pas de chasse aux minima sociaux. En dépit des propos ambigus du ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin – « Il y a trop d’aides sociales » -, le gouvernement n’a pas prévu à ce stade de s’attaquer aux minima sociaux (RSA, AAH, etc.). Si la prime d’activité reste dans le viseur et pourrait être rabotée, l’exécutif espère surtout enregistrer des gains de productivité en rationalisant et en simplifiant l’accès à ces droits.

France Infos de son coté dévoile une part de ce que contient le plan anti-pauvreté qu’Emmanuel  Macron prévoit d’annoncer début juillet. Il se décline en 5 points :

  1. Les différentes aides sociales seraient versées en une seule fois dès 2019. Les modes de calcul de certaines prestations devraient en plus évoluer.
  2. Les allocations seraient automatiquement versées dès 2020 notamment les minima sociaux à qui de droit afin de lutter contre « le non-recours aux aides » (des personnes ne demandent pas les aides sociales auxquelles elles ont droit), « qui s’élève à 30% », annonce le Journal du Dimanche. Cette mesure pourrait fonctionner grâce à « l’échange automatisé de données entre administrations ».
  3. L’accès aux modes d’accueil (crèches, halte-garderies, structures multi-accueil…) pourrait être rendu obligatoire de la naissance à 3 ans, assure le Journal du Dimanche.
  4. un petit-déjeuner gratuit pourrait être proposé aux enfants des écoles primaires, et peut-être du collège. Cette décision fait suite à la remise d’un rapport qui révèle qu’en moyenne  « trois élèves par classe ne prennent pas de petit déjeuner le matin« . La tarification des repas dans les cantines serait progressive et calculée selon les ressources des parents.
  5. Une période de formation obligatoire (et non de scolarisation) pourrait être instaurée jusqu’aux 18 ans de chaque jeune.

Bref, on le voit, le débat est plus conséquent qu’il n’y parait même si à la clef, le gouvernement compte bien faire des économies en rationalisant les coût de gestion de l’ensemble des aides sociales. Au regard de la complexité de celles-ci et des règles administratives en cours, est-il possible de rappeler que si le RSA est devenu une usine à gaz sous l’ère de Nicolas Sarkozy et de Martin Hirsch, le RMI de Claude Evin était bien plus simple et pouvait être facilement calculé. Il a d’ailleurs été prouvé depui que les allocataires du RSA y ont perdu notamment financièrement par rapport à l’ancien RMI : un tableau publié par l’Express est tout à fait explicite sur ce sujet.

Il va falloir sans doute repenser l’ensemble de ces allocations qui, rappelons le, car certains semblent l’oublier, sont des droits inscrits dans différentes lois. Or de  telles modifications des lois ne s’opèrent pas en quelques semaines ou quelques mois. Ce sont des sujets plus complexe qu’il n’y paraissent et qui plus est, soulèvent des passions. Ce n’est pas toujours la raison et la rationalité qui l’emporte malheureusement dans ce type de débat.

 

Revue de presse réalisée avec le concours de Michelle Verrier Flandre

photo : Pixabay

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