Qui travaille dans les centres d’hébergement pour adultes et familles en difficulté sociale ?
La Direction de la Recherche et des Etudes Statistiques DREES vient de publier un dossier intitulé «Le personnel des centres d’hébergement pour adultes et familles en difficulté sociale». On y apprend que fin 2016, 3 000 établissements proposaient 140 400 places d’accueil permanent permettant d’héberger et d’accompagner des adultes et des familles sans domicile, soit 132 200 personnes.
30.190 personnes correspondant à 21 800 emplois en équivalent temps plein (ETP) travaillent fin 2016 dans ces établissements. La très grande majorité des personnes travaillant dans ces établissements relèvent d’un contrat de travail stable : fin 2016, 7 % sont fonctionnaires titulaires et 80 % sont en CDI. À l’inverse, 10 % du personnel a un contrat aidé ou un CDD.
Le taux d’encadrement s’est réduit partout : 27 personnes en ETP pour 100 places en centres d’hébergement et de réinsertion sociale CHRS fin 2008 contre 22 fin 2016, de 10 à 7 salariés en centres d’accueil pour demandeurs d’asile et de 52 à 45 en établissements d’accueil mère-enfant . La pression sur les salariés est donc bien là
Les femmes représentent deux tiers du personnel des centres d’hébergement pour adultes et familles en difficul-té sociale. Chez les éducateurs 8 % n’ont aucun diplôme relatif à l’intervention sociale. Si 87 % des éducateurs spécialisés ont le diplôme d’État relatif à leur profession, 5 % ont un autre diplôme relatif à l’intervention sociale . (Télécharger le rapport de la DREES)
Handicap : bien, mais peut mieux faire
Le 3e Comité interministériel du handicap (CIH) a dressé le bilan des actions menées en 2019 et s’est projeté sur 2020. Il s’est félicité des acquis : attribution à vie des principaux droits aux personnes dont le handicap n’est pas susceptible d’évoluer favorablement, droit de vote inaliénable et droit de se marier, se pacser ou divorcer, sans recourir à l’autorisation judiciaire pour les personnes majeures sous tutelle, obligation d’installation d’un ascenseur dans les immeubles collectifs neufs.
Pour ce qui est de la revalorisation de l’AAH, passée à 900 € le 1er novembre 2019, cette augmentation était prévue depuis 2017. De même pour la détection et le suivi des jeunes enfants autistes déjà programmée dans le plan Stratégie autisme 2018-2022. Quant à l’accès aux soins facilité par la révision de la liste des produits et prestations remboursables et à la gratuité ou accès aux tarifs sociaux dans les transports publics pour les accompagnants, ils ont été reportés à 2020. Vingt-deux nouvelles mesures sont annoncées à l’orée de la seconde décennie de ce siècle La gaztte des communes les détaillent en précisant que trois points «oubliés» des engagements passés y figurerent notamment le tarif préférentiel ou la gratuité dans les transports… (lire l’article de la Gzette des Communes)
D’où vient notre manie d’attendre des enfants qu’ils se taisent en public ?
« On ne tolère pas chez l’autre enfant ce que l’on tolère chez le sien. » explique l’anthropologue de l’enfance et de la jeunesse Julie Delalande. Un article de Slate présente de multiples témoignages de manque de tolérance des enfants dans des espaces publics. En société, les plus jeunes se doivent d’être sages comme des images sous peine d’être regardés de travers.
De la même manière qu’on ne tolèrera pas dans l’espace public qu’un parent terrorise son enfant et lui demande une totale soumission, car cela serait faire preuve d’«autoritarisme» et d’«abus de pouvoir». Le tapage ou de remue-ménage juvénile, est attribué à la relation de pouvoir, des parents perçue comme défectueuse.
On considère qu’être un bon parent consiste à faire en sorte que son enfant sache «bien se tenir» en public. On’suit un mouvement général. «Le modèle de normes éducatives dominant est porté par l’école, le rôle premier de l’enfant étant celui d’élève, qui rapporte des bonnes notes, fait ses devoirs…» (lire l’article de Sate.fr)
et aussi
Punie pour acte de solidarité ?
Relaxée en juin le parquet a fait appel. Chantal Raffanel a été rejugée à Nîmes jeudi 12 décembre. Son crime ? La bénévole RESF avait inscrit un mineur isolé originaire de Côte-d’Ivoire au lycée, en se faisant passer pour son représentant légal.
Plus précisément, elle avait oublié de barrer la dernière mention « représentant légal » dans le formulaire d’inscription. Seul le Conseil départemental pouvant prétendre à s’en prévaloir au titre de la tutelle qui lui a été attribuée.
On mesure la gravité de l’acte posée. On se demande s’il ne faudrait pas rouvrir le bagne de Cayennne pour de tels délinquants. Le Conseil constitutionnel avait pourtant affirmé le 6 juillet 2018 qu’une aide désintéressée au «séjour irrégulier» ne saurait être passible de poursuites, au nom du «principe de fraternité» (lire l’article du Figaro)
Cette revue de presse a été rédigée pour l’essentiel par mon collègue Tom Léducspé qui comme son nom l’indique est travailleur social… Merci à lui pour ce coup de main
Certains articles ont été sélectionnés par Michelle Verrier Flandre. Merci à elle aussi.
Photo credit: Rowena Waack on Visualhunt / CC BY-NC-ND
Une réponse
Il est de plus en plus difficile de maintenir une qualité d’accueil et d’accompagnement dans les CHRS. En effet les budgets, sans cesse revus à la baisse nous incitent à ne pas renouveler des emplois qualifier, et ce malgré une volonté « farouche » de garder pour ce type de mission une qualité de la réponse sociale.
La lutte pour nous associations reste dans une conviction profonde que des structures avec de petits collectifs restent pour certaines personnes le premier tremplin, et un étayage nécessaire pour retrouver, pour reconstruire une forme de lien social.
C’est un véritable « combat » face à la politique du logement d’abord, qui laisse sur le bord de la route des personnes et des familles sans solution. Les travailleurs sociaux donnent à ces espaces de vie, une forte identité, ils sont le maillon indispensable à la vie de nos structures.