Accès aux soins : qui sont ces patients qui renoncent ?
Alors que la population française vieillit, Le droit d’accès aux soins est de plus en plus difficile à garantir. La crise de l’hôpital qui s’étend et qui dure et d’insuffisance des effectifs en médecine de ville sont deux composantes de cette difficulté d’être soigné dans des délais raisonnables. Face à cette situation, de nombreux Français commencent à renoncer aux soins. Qui sont-ils et pour quelles raisons le font-ils ? Des travaux de recherche permettent d’éclairer ces questions.
« Renoncer aux soins » peut ne pas avoir la même signification selon les personnes considérées explique Iñaki Blanco-Cazeaux. Ce doctorant en santé publique à l’Université de Bordeaux vient de publier un article sur le site The Conversation. L’analyse du phénomène repose sur des enquêtes déclaratives, rappelle-t-il. Il existe donc une part de subjectivité qui doit inciter à la prudence lorsque l’on analyse ce phénomène.
On sait par exemple que les femmes renoncent davantage aux soins que les hommes. Cela pourrait être dû aux différences de rapports à la santé et aux soins entre les hommes et les femmes, qui poussent ces dernières à avoir davantage conscience de leurs besoins : contrairement aux hommes, moins à l’écoute de leur santé, elles s’apercevraient davantage qu’elles ne peuvent accéder aux soins nécessaires.
On sait également que c’est durant les âges de la vie active que l’on renonce le plus. C’est potentiellement lié au manque de temps à consacrer à sa santé. Le fait de fumer est également associé à davantage de renoncement. De même, plus on est en mauvaise santé physique et mentale et plus on renonce. Ce qui est un sacré paradoxe.
Bien évidemment, le manque de ressources est une raison importante. C’est la première barrière. La littérature scientifique soulève logiquement le rôle des revenus (plus on est riche, moins on renonce) et de la précarité. Également, le fait de disposer d’une couverture maladie complémentaire diminue le risque de renoncer, a fortiori si cette couverture est de bonne qualité. La seconde barrière, bien connue, est géographique. Recourir aux soins suppose d’accéder physiquement à un professionnel de santé disponible. (lire l’article de The Conversation)
Mineurs étrangers non accompagnés : un dispositif de prise en charge saturé ?
Le site Vie Publique pose cette question et en profite pour nous fournir des données intéressantes sur la présence des mineurs non accompagnés qui entrent chaque année sur le territoire français. Plusieurs tableaux valent de longs discours.
On le voit, leur nombre est de nouveau à la hausse depuis 2020, année de la crise Covid. Mais leur nombre n’a jamais dépassé les 18.000 sur un an. Selon chacun, certains diront que c’est beaucoup trop d’autre estimeront que c’est raisonnable au regard du nombre d’habitants dans le pays. Des données sur la nationalité de ces migrants mineurs peuvent aussi interroger :
Constatons que les pays du Maghreb ne sont pas ceux qui fournissent le plus grand nombre de jeunes. Pour autant, plusieurs rapports expliquent ce qui ne va pas. Cet article apporte aussi de multiples précisions utiles pour celles et ceux qui veulent lutter contre la désinformation. Il explique notamment comment l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) intervient. Les étudiants, les formateurs et les professionnels ont intérêt à se baser sur cet article qui propose là une excellente synthèse de la situation actuelle.
Tous les rapports expliquent que l’on assiste à une saturation du dispositif de mise à l’abri.( rapport de mission sur les MNA datant de 2018 et deux rapports du Sénat, l’un en 2017, rapport d’information sur la prise en charge sociale des mineurs non accompagnés, et l’autre en 2021 (rapport d’information sur les mineurs non accompagnés).
« La période d’évaluation et de mise à l’abri cristallise une grande partie des difficultés constatées ». Les Départements ont majoritairement recours à l’hébergement en hôtel pour la mise à l’abri, mais certains jeunes ne bénéficient d’aucune protection. Autre difficulté majeure, la fin de la prise en charge par l’ASE. Elle serait insuffisamment anticipée. En sortant de la minorité, les jeunes basculent dans la précarité et se retrouvent au cœur de problématiques liées à la qualification professionnelle, l’insertion sur le marché du travail et l’obtention d’un titre de séjour. Notre législation génère alors de l’exclusion malgré tous les efforts des services de l’ASE qui ont travaillé pendant plusieurs années pour leur insertion. Cherchez l’erreur (lire l’article de Vie Publique)
Cécile Duflot Oxfam : «Les inégalités sont devenues une maladie grave en France»
Savez-vous que « depuis 2020, les 1% les plus riches ont capté près de deux fois plus de richesses que le reste de l’humanité » ? Cela peut-il durer ? Le journal Libération donne la parole à l’ancienne ministre écologiste devenue depuis directrice générale de l’ONG OXFAM France. L’association publie chaque année un rapport qui compile des éléments clés sur les inégalités dans le monde. Celui qui vient d’être publié à de quoi nous interpeler. Il s’intitule « La loi du plus riche : La loi du plus riche. Pourquoi et comment taxer les plus riches pour lutter contre les inégalités »
Pour Oxfam, la contribution des ultrariches est indispensable et doit être mise en place très rapidement. Un impôt sur la fortune de 2 % sur les millionnaires du monde entier, de 3 % sur ceux dont la fortune dépasse 50 millions de dollars et de 5 % sur les milliardaires du monde entier permettrait de collecter chaque année 1 700 milliards de dollars. C’est assez pour qu’à la fois 2 milliards de personnes sortent de la pauvreté, pour combler le déficit de financement des appels humanitaires d’urgence des Nations unies, pour éradiquer la faim dans les dix ans à venir…
Actuellement, la taxation des plus pauvres s’accroît, de fait, par la TVA. Avec l’inflation qui progresse sur les prix de l’alimentation, les plus pauvres sont davantage mis à contribution que les autres. Sur les retraites, là aussi ce sont les plus fragiles qui travaillent qui sont le plus mis à contribution. Oxfam propose une solution qui à priori apparait logique et simple : « Pour trouver les 12 milliards d’euros qui correspondent au déficit anticipé du système des retraites, il suffirait de ne prendre que 2 % de la fortune des 42 milliardaires français. 2 % seulement ». (lire l’interview de Libération) (télécharger le Rapport Oxfam)
Bonus : Les récentes décisions de la CNIL apportent un peu de baume au cœur
Même si elles ne changent pas grand-chose sur le fond des pratiques des GAFAM, ces multinationales qui défient les lois, voilà qui fera un peu plaisir. La Commission Nationale Informatique et Libertés a sanctionné :
- TIKTOK le 15 janvier à hauteur de 5 millions d’euros : cela pour 2 raisons pour deux raisons : les utilisateurs de « tiktok.com » ne pouvaient pas refuser les cookies aussi facilement que les accepter et ils n’étaient pas informés de façon suffisamment précise des objectifs des différents cookies. Le montant de cette amende a été décidé au regard des manquements retenus, du nombre de personnes concernées – notamment des mineurs – et des nombreuses communications antérieures de la CNIL sur le fait qu’il doit être aussi simple de refuser les cookies que de les accepter.
- Sanction de 8 millions d’euros à l’encontre de APPLE Distribution International le 04 janvier : cela pour ne pas avoir recueilli le consentement des utilisateurs français d’iPhone (version iOS 14.6) avant de déposer et/ou d’écrire des identifiants utilisés à des fins publicitaires sur leurs terminaux. La CNIL a justifié ce montant par la portée du traitement limitée à l’App Store, par le nombre de personnes concernées en France et les bénéfices que la société tire des revenus publicitaires. Et aussi par le fait que la société s’est depuis mise en conformité.
- Sanction de 60 millions d’euros à l’encontre de MICROSOFT Ireland Operations Limited le 19 décembre 2022 : À la suite d’une plainte portant sur les conditions du dépôt de cookies sur « bing.com », la CNIL a effectué plusieurs contrôles sur le site web. Elle a constaté que lorsqu’un utilisateur se rendait sur ce site, des cookies étaient déposés sur son terminal sans consentement de sa part alors qu’ils poursuivaient notamment un objectif publicitaire. Elle a également constaté l’absence d’un bouton permettant de refuser le dépôt de cookies aussi facilement que de l’accepter.
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