Didier Dubasque

Quels leviers pour développer le travail social collectif ?

Mercredi prochain a lieu au ministère la 3ème réunion du groupe national sur l’intervention sociale « collective » (ISIC) mise en place dans le cadre des Etats Généraux du Travail Social. On y parlera de la question du sens mais aussi des freins et des leviers pour développer ce mode d’intervention. Je profite de cette occasion pour vous soumettre 6 leviers permettant à mon avis de mieux prendre en compte le travail social « collectif ». J’utilise ce terme de « collectif »  au lieu de celui de l’ISIC (Intervention sociale d’intérêt collectif) car visiblement ce terme inventé par le Conseil Supérieur de Travail Social en 1984 ne fait pas l’unanimité… Soyons pragmatiques et ne nous formalisons pas…

Le développement des interventions collectives peut être mis en œuvre si l’on s’appuie sur des leviers dont certains existent déjà mais sont peu ou insuffisamment activés. En voici 6 parmis d’autres….

1er levier : s’appuyer sur la loi du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale qui vise à donner une place aux usagers dans les conseil de vie sociale de quelques 34.000 établissements médico-sociaux répartis sur le territoire national. Ceux qui y participent sont inscrits dans un processus de représentation de leurs pairs. C’est une instance collégiale qui instaure un processus démocratique de représentation et de décision. Son appropriation par les personnes dans un processus collectif de représentation est un levier qui, permet d’enclencher des dynamiques collectives au sein des établissement. Dynamiques susceptibles d’aller au delà la simple participation et représentation au sein des conseils.

2ème levier : Se saisir des interventions collectives des travailleurs sociaux en tant que moyen de développement territorial. La mise en œuvre de projets territoriaux rencontre parfois des difficultés à cause d’oppositions.  L’association des administrés à un projet territorial est toujours délicate. Aussi la compétence des travailleurs sociaux peut être sollicitée en vue de permettre l’expression citoyenne des groupes sociaux les plus fragiles, que l’on n’entend peu, et qui, pourtant, sont susceptibles d’apporter des contributions très positives.

3ème levier : s’appuyer sur les solidarités de proximité existantes mais qui demandent à être soutenues et valorisées. La France compte 1,1 million d’associations, 15 millions de bénévoles Les associations culturelles, sportives, de loisirs et de solidarité proposent des services concrets de proximité et il est peu fait appel à leur compétences pour intégrer et associer les personnes exclues.

4ème levier : Les élus des communes et des départements peuvent être des facilitateurs d’actions collectives. Les élus ont une place prépondérante dans la hiérarchie de ceux qui prennent des décisions d’actions collectives. Par le passé ils pouvaient parfois s’approprier le droit de décider seul, sur leur territoire et sans concertation. Mais cette pratique tend à s’effacer. De décideur quasi exclusif, le rôle de l’élu a évolué pour devenir celui de facilitateur, de catalyseur, d’accompagnateur de projets et des savoir-faire locaux. Il leur faut pour cela reconnaitre les compétences des travailleurs sociaux

5ème levier : la formation initiale et continue des professionnels. Les formations à l’intervention collective existent déjà dans les formations initiales. . C’est donc d’abord la pratique sur le terrain qu’il est nécessaire d’encourager et de valoriser en faisant par exemple appel au dynamisme des étudiants qui ont un regard neuf sur les enjeux et les pratiques de travail social. Les formations continues traitant du travail collectif ne sont pas nombreuses malgré leur importance stratégique. Il faudrait les développer.

6ème levier du temps et des espaces à retrouver. Les initiatives pourront se développer à plusieurs conditions. Il restera nécessaire que des institutions valorisent des pratiques spécifiques qui associent les usagers dans des actions collectives mais aussi et surtout qu’elle reconnaissent ces actions en accordant du temps aux travailleurs sociaux pour les développer ce qui est loin d’être le cas sur l’ensemble des départements et des communes.

Il  existe d’autres leviers permettant de développer les interventions collectives en travail social mais ces 6 là pourraient être mises en oeuvre rapidement et chaque proposition mérite d’être appronfondie pour éviter les « fautquons et les yaka » . C’est bien sur des actions concrètes et opérationnelles que les pratiques pourront évoluer. Oser l’ISIC comme je l’ais écrit par le passé, c’est du concret qui ne peut s’appuyer que sur du réel ! Alors n’hésitez plus à vous lancer….

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