Elena García est travailleuse sociale diplômée en 2016 de l’Université de Salamanque en Espagne. Dans un article publié par le site « nospensées » elle nous fait part de sa réflexion sur la place des travailleurs sociaux dans les situations de d’urgence face à une catastrophe. Son article est intéressant, car il décline dans un premier temps les différents types de crise auxquelles un travailleur social peut être confronté. Elle distingue ainsi 3 typologies : L’urgence, la catastrophe et le désastre.
- L’urgence : c’est un signal tiré de l’alphabet morse qui signifie “à toutes les stations : appel de détresse”. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), une urgence correspondrait à “une situation dans laquelle l’absence d’assistance mènerait au décès en quelques minutes”. Un accident de la circulation est une urgence.
- La catastrophe : étymologiquement, ce terme provient du grec antique katastrefein (abattre, détruire). Selon l’OMS, une catastrophe correspondrait à “tout phénomène provoquant des dégâts, des dommages économiques, des pertes humaines et une détérioration de la santé et des services sanitaires si importants qu’ils suscitent l’assistance extraordinaire de populations étrangères à la communauté ou à la zone affectée. Les incendies en Gironde sont des catastrophes.
- Le désastre : ce terme provient du latin des (négatif, malheureux) et astre (astre, étoile). Un désastre correspondrait donc à un malheur envoyé par les astres ou les dieux, un malheur qui va au-delà du contrôle humain. Selon l’OMS, il correspondrait à une situation imprévue qui représente une menace immédiate pour la santé publique. Ainsi, un désastre est une situation de santé publique qui met en danger la vie ou la santé d’une grande quantité de personnes et qui suppose une action immédiate. On pense alors à une pandémie mettant en péril des millions de personnes.
Quel peut être le rôle des professionnels du travail social lors de catastrophes ?
Il faut d’abord estimer qu’une intervention multidisciplinaire est nécessaire à cause du caractère imprévisible et des lourdes conséquences qu’imposent ces situations. Il faut pouvoir faire appel à notre intelligence collective, et pour cela entendre différents points de vue afin de trouver rapidement des solutions adaptées. En fait, tout problème devient plus facile à résoudre dès lors qu’il est élucidé à plusieurs. Le travailleur social sait dans sa pratique quotidienne que « l’on est plus intelligent à plusieurs ». Cela vaut aussi dans des circonstances exceptionnelles.
Face à la gravité d’une crise, l’entraide est nécessaire tout comme la mutualisation des compétences. La personne victime d’une catastrophe sait ce qui est bon pour elle et surtout ce qui est prioritaire. Il faut pouvoir continuer de lui faire confiance, mais ne pas accepter qu’elle prenne des risques inconsidérés. Ainsi, par exemple, dans un incendie, vouloir à tout prix récupérer son animal de compagnie peut s’avérer trop risqué même si celui-ci est très important pour la victime.
La catastrophe oblige à dépasser les schémas « classiques » du travail prescrit. Cela conduit le professionnel à agir rapidement sur ce qui est évalué comme essentiel du côté des victimes : héberger pour le soir même, trouver de la nourriture dans de brefs délais, et plus largement trouver des solutions avec les personnes concernées dans une logique d’efficacité et de moindre coût humain à payer.
La catastrophe exige aussi de « garder raison ». À ne pas se laisser emporter par ses émotions. Le stress émotionnel peut annihiler la logique de protection, mais il faut tout autant pouvoir le prendre en compte. C’est un exercice difficile et délicat. Il faut sans cesse pouvoir évaluer les risques en mettant en parallèle les bénéfices et les pertes que provoque telle ou telle action.
Au-delà ces considérations, quel est le rôle du travailleur social selon ElenaGarcía ? (Je me permets de compléter son texte initial)
- Informer, conseiller et aider à la prise de conscience des institutions sur les solutions possibles, face aux problèmes à résoudre ou face aux conséquences de tel ou tel acte demandé.
- Fournir l’information nécessaire, organiser et préparer à l’impact des possibles répercussions de la situation sur les personnes concernées
- Former et aider à l’organisation d’équipes de professionnels et de bénévoles en tenant compte des compétences de chacun
- Accueillir et accompagner les personnes impliquées directement ou indirectement sans distinction de leurs origines et de leurs parcours.
- Communiquer continuellement avec les familles. Donner des informations sur les blessés, les victimes, etc. Accompagner à la reconnaissance des victimes.
- Administrer les ressources existantes et contribuer à mettre en œuvre les services détériorés ou même en créer de nouveaux
- Faire l’inventaire des dégâts afin de demander de l’aide et de l’argumenter
- Mettre en place un dispositif permettant une écoute systématique des victimes par des personnes formées. Cela en préalable à toute action future de réparation psychologique.
- Élaborer des rapports sociaux permettant de témoigner de la réalité et des impacts de la catastrophe. Tenir un journal de bord permettant de prendre du recul.
- Encourager la participation communautaire et la formation de groupes d’entraide en les soutenant et aidant à les organiser dans le respect de valeurs éthiques et démocratique.
J’ajouterai aussi
- Ne pas décider seul
- co-construire les solutions, mais aussi les diagnostics
- intégrer le facteur temps dans l’évaluation des priorités
On le voit, la pratique du travail social peut apporter des aides efficaces dans des situations extrêmes. Les travailleurs sociaux, bien qu’ils soient parfois oubliés, sont essentiels pour aider les individus affectés par des catastrophes ou des situations d’urgence. Pour cette raison, le travail social coordonné de différentes équipes reste essentiel dans ce type de situations. Ce serait une faute de vouloir s’en passer.
Une réponse
C’est exactement ce qui s’est passé durant, notamment le premier confinement. Durant ce désastre nous (ass de l’hôpital, je parle de mon expérience) avons continué en présentiel d’exercer notre métier. Si nous n’étions pas au front, nous étions en arrière ligne…Sans nos interventions, quid des sorties rapides, des prises en charge…