Comment la protection de l’enfance a tenu grâce aux professionnels et au système D ?
Après les débuts chaotiques du confinement, marqués par la difficile coordination entre les institutions et par la non reconnaissance des professionnels du secteur comme prioritaires, la situation dans la protection de l’enfance se stabilise. Cependant, alors que le 119 enregistre une hausse inquiétante des appels, les acteurs sont épuisés et craignent une recrudescence des informations préoccupantes et des placements d’urgence après le déconfinement nous explique Rouja Lazarova pour la Gazette des Communes.
«A la mi mars, ce fut l’affolement général, quand tous les repères ont tangué, quand les principes se sont estompés», se souvient Christophe Anché, assistant social dans un service de milieu ouvert parisien et membre de la commission Protection de l’enfance de l’Association nationale des assistants de service social (ANAS).
Tous les secteurs prenant en charge les enfants sont impactés. Concernant les Actions éducatives en milieu ouvert (AEMO), la difficulté provient surtout du passage au télétravail. Même si les coups de fil permettent d’établir une relation plus informelle avec les parents, ils empêchent une appréciation objective de la situation… (lire l’article de la Gazette des Communes)
Je ne suis pas assistante sociale mais…
Zizanais tient un blog sur Médiapart et elle s’en prend aux conseilleurs qui nous parlent du social alors qu’ils n’y connaissent pas grand chose. Ça l’agace prodigieusement. Du coup, son article m’a donné envie de vous le proposer car il ne manque pas de sel.
« Des conseilleurs, nouveaux et nombreux, expriment une vocation sociale refoulée. Avec recul, je les observe progresser parce qu’en ces temps de confinement viral, eux, au moins, ne manquent pas d’air! Laissant les services sociaux à leurs occupations discrètes et mesquines, ceux là même qui, sur le terrain, ne sont qu’obstacles et embûches quotidiennes, vont nous expliquer leur satisfaction de « faire du social »…/…
« Ceux à qui le titre de conseiller, référent, formateur, confère une soudaine expertise sociale : « Je ne suis pas assistante sociale, mais… » Copieurs, imitateurs prétendent que « ce n’est pas sorcier de parler avec les gens ». Ils nous le concèdent: « C’est un beau métier » mais « Je ne le ferais pas toute une vie ». Et puis, « Entre nous, ç’aurait pu m’intéresser mais c’est trop mal payé ». Et déconsidéré. Alors, ils parlent pour nous, les sans grade. (lire l’article de Zizanais)
Créer et maintenir des liens en temps de pandémie : le défi des travailleurs sociaux
La distanciation sociale pose des défis de taille aux travailleurs sociaux, dont la profession consiste à créer et maintenir des liens avec les plus vulnérables de notre société nous explique Martin Lasalle sur le site des Nouvelles de l’Université de Montréal. «Le confinement nous fait tous et toutes prendre conscience à quel point les relations sociales sont importantes et façonnent notre quotidien, indique Céline Bellot, professeure à l’École de travail social de l’Université. Et à l’heure des mesures de distanciation physique, le travail social doit s’adapter tout en défendant ses positions pour entretenir des liens avec les populations isolées.»
«Actuellement, plusieurs s’activent par le biais de lignes d’écoute afin de garder le contact avec les populations qu’ils servent, mais l’écoute à distance ne peut pas remplacer tous les services qu’ils rendent en temps normal» . Malgré le risque d’infection, des travailleuses sociales et travailleurs sociaux doivent aller à la rencontre des clients qui n’ont pas accès aux outils technologiques pour être joints autrement qu’en personne ou encore se rendre là où il y a des enjeux de violence ou de maltraitance. (lire l’article complet sur UDEM Nouvelles)
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Dans les cités, le sentiment d’injustice s’intensifie avec le confinement
Dans les nuits du 19 au 22 avril 2020, plusieurs affrontements ont eu lieu entre jeunes des quartiers populaires et policiers, à Saint-Denis, Aulnay-sous-Bois, Nanterre, Villeneuve-la-Garenne, Rillieux-la-Pape et Asnières. Ces faits révèlent aussi, parfois avec cruauté, les inégalités sociales qui existent.
Le confinement perturbe l’espace social des cités nous explique Eric Marliere maître de conférences HDR en sociologie à l’université de Lille. Un sentiment d’injustice structure les représentations sociales des habitants des quartiers populaires urbains. Il se mêle aussi à des relents d’amertume et de suspicion, déjà constatés depuis quinze ans précise-t-il. Quinze ans après les émeutes de 2005, la situation entre jeunes et institutions s’est encore dégradée, à tel point que nous observons de nouvelles formes de violences et armes : fusée, fusils à pompes, etc. (lire l’article de cet universitaire publié par le site The Conversation)
Vers une aide pour les jeunes précaires, étudiants ou pas
Étudiants isolés, jeunes sans famille ou grandissant dans des familles pauvres… Les visages de la jeunesse dite précaire sont multiples. En France, un jeune de 18 à 29 ans sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, selon l’Insee. Rappelons que les moins de 25 ans, sauf s’ils ont travaillé à temps plein ou s’ils sont parents isolés, n’ont pas droit au RSA. En les privant des restaurants universitaires, des structures qui leur venaient en aide ou de leurs petits boulots, la crise sanitaire les a souvent enfoncés un peu plus dans la précarité explique le journal La Croix
Selon les informations recueillies et publiées par la journal La Croix, le gouvernement a pris conscience de la nécessité d’aider aussi les jeunes précaires non étudiants mais cherche le bon moyen de le faire. « C’est en cours de travail, mais effectivement, nous penchons en faveur d’une aide qui engloberait la précarité des jeunes en général, étudiants ou pas », confirmait-on vendredi au cabinet de Christelle Dubos, la secrétaire d’État chargée de la lutte contre la pauvreté. (lire l’article de la Croix)
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Photo : freepiK
Sélection des articles réalisée avec l’aide de Michelle Verrier Flandre