Profession : réparateur de lien social
« Remettre de l’humain dans les territoires » : dans un rapport remis au Premier ministre, le député Patrick Vignal propose un plan de déploiement de 7.100 médiateurs sur la durée du quinquennat, financé à parité entre l’État et les collectivités. Il avait été chargé fin octobre de dresser un état des lieux de la « médiation sociale » en France, en particulier dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) où les médiateurs interviennent en grande en majorité. Il est notable de constater que ce rapport précise les sommes et le budget à mobiliser pour l’État et les collectivités territoriales.
Malgré des besoins croissants, la médiation est aujourd’hui confrontée à un « assèchement des ressources » explique le journaliste Michel Tendil qui reprend pour Localtis les éléments clés de ce rapport. « Cette baisse continue des financements de la prévention spécialisée a eu pour conséquences une diminution de sa présence dans certains départements, voire sa disparition dans certains autres », constate le député.
Ce rapport décline les différents profils et domaines d’intervention du médiateur : 1. Le médiateur social dans les espaces publics et/ou ouverts aux publics 2. Le médiateur social et culturel 3. Le médiateur social en milieu scolaire 4. Le médiateur social dans le champ de la santé 5. Le médiateur social dans les transports 6. Le médiateur social dans les Maisons France Services et dans les Pimms Médiation 7. Le médiateur social dans les squats et bidonvilles et en direction des publics en errance. (lire l’article de Localtis) (télécharger le rapport « Remettre de l’humain dans les territoires »)
Mes-Allocs.fr, un site privé qui tire parti de la complexité du système de prestations sociales
Isabelle Rey-Lefebvre du journal Le Monde est allée enquêter du côté du site mes-allocs.fr. L’ANAS a récemment porté plainte contre ce site et dénonce l’illégalité de ses pratiques commerciales. La journaliste présente le point de vue de toutes les parties concernées.
On apprend dans cet article que La Mutualité sociale agricole, seule institution, jusqu’ici, à avoir réagi à l’alerte de l’Anas sur l’illégalité de ce site, dit partager l’analyse de cette dernière : « Je vous confirme que l’accompagnement proposé par le site Mes-Allocs.fr, exploité par la société Expertaide, pour l’obtention de prestations sociales moyennant rémunération, en l’espèce sous la forme d’un abonnement, paraît illégal au regard de l’article L.725-13 du Code rural et de la pêche maritime, s’agissant du régime agricole », argumente François-Emmanuel Blanc, son directeur général.
La Caisse nationale d’allocations familiales, sollicitée, par la journaliste, déclare connaître ce site et lui avoir récemment adressé une mise en demeure, rappelant les articles L554-2 et L845-6 du code de la Sécurité sociale, qui prohibent « l’intermédiation moyennant émoluments en vue de l’obtention de prestations sociales », tandis que les caisses d’allocations familiales (CAF) prodiguent ces conseils gratuitement. Mais pour elle, « l’activité de la société de conseils et d’études ne serait pas illégale puisqu’elle n’agit pas au nom et pour le compte d’internautes auprès des CAF ». (manquerait plus que cela !) (Ne manquez pas cet excellent article du Monde)
Salaires : les «derniers oubliés du Ségur» montent au créneau
Cet article de l’AFP publié par le Figaro que rien n’est vraiment acquis pour tous les métiers de la filière médico-sociale. En clôture de la Conférence sur les métiers de l’accompagnement social et médico-social, le premier ministre Jean Castex annonçait une «revalorisation de 183 euros nets par mois aux professionnels de la filière socio-éducative», cofinancée par les départements. La mesure, qui concerne notamment «30.000 personnels sous statut de la fonction publique», doit rétablir l’«équité avec les personnels soignants» qui ont bénéficié d’augmentations similaires lors du Ségur de la santé en 2020.
Mais il y a une «iniquité de traitement». Dans une lettre à la secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées Sophie Cluzel, plus de 100 directeurs et directeurs adjoints d’établissements sociaux et médico-sociaux publics s’étonnent de l’«absence de reconnaissance» pour certains métiers. « Les personnels des services généraux (cuisine, atelier, agents de maintenance, chauffeurs, agents d’entretien) et des services administratifs ont assuré, eux aussi, la continuité du service pendant toute cette période difficile» liée à la pandémie de Covid-19, soulignent-ils. « Comment comprendre alors (…) leur exclusion » du dispositif de revalorisation, s’interrogent les directeurs.
Il y a aussi près de 6300 agents des services pénitentiaires d’insertion et de probation (Spip) dans le périmètre du dispositif qui sont oubliés. Dans les établissements médico-sociaux, ce sera aussi selon la volonté des employeurs. «Une prime, c’est volatil», soupire Pascale Paris de l’Unsa Territoriaux. «Tout le monde s’accorde à dire que ces métiers sont dévalorisés, pas assez rémunérés, en manque d’attractivité, mais personne ne veut financer leurs augmentations», déplore pour sa part Interco CFDT (lire l’article du Figaro)
Rien ne va plus du côté de la fonction publique territoriale (FTP) alors que c’est dans champ que la mis en oeuvre de la prime semblait la plus simple à mettre en oeuvre : au final, le versement des 183 euros devrait se faire sous forme de prime sans obligation des employeurs, nous apprend le Média Social qui parle de « douche froide » pour les syndicats. L’Assemblée des départements de France (ADF), et les syndicats ont tous rejeté le projet de décret du Gouvernement. Mais selon la CFDT, cela donne la possibilité aux Départements de refuser d’accorder la prime de revalorisation aux agents. Seule une loi devrait être votée. Or ce n’est pas possible en cette période d’élection électorale. (lire l’article du Média Social – abonnés)
La commission de Mobilisation du Travail Social Ile-de-France a de son côté publié le document transmis aux syndicats concernant le projet de transposition de la prime Ségur dans le champ social et médico social du secteur privé non lucratif. Elle fait le constat que « certains métiers seraient finalement concernés comme les surveillants de nuit et les maitresses de maison. La question des « faisant fonction » semble également traité avec la prise en compte du personnel exerçant « une fonction principale », c’est à dire à 50% du temps de travail, d’accompagnement ».
Voici sur ce sujet les documents provisoires transmis aux syndicats à la date du 31 mars 2022 :
- Page 1 avec la liste des professionnels admissibles à la prime
- Page 2 avec la liste des secteurs d’intervention concernés par la prime
Ne manquez pas non plus :
- Cet article détaillé de Thomas Beurey : « Métiers de l’accompagnement social et médico-social : une revalorisation incertaine » | Localtis
- Revalorisation : les travailleurs sociaux ne veulent pas être les oubliés | Le Progrès
N’hésitez pas à lire aussi :
- Contrôles discriminatoires : « Nous demandons le démantèlement des pratiques illégales des CAF » | BastaMag (Contrôles abusifs des allocataires, suspension des versements, harcèlement des plus précaires… La CAF oublie ses missions initiales de protection et de soutien pour devenir un outil de police numérique, estime le collectif « Changer de cap ».)
- L’intérim ouvre une brèche dans la protection de l’enfance | Le Média Social (Face à la pénurie de personnels, le secteur de l’intérim se voit confier la gestion d’établissements en protection de l’enfance. Des acteurs syndicaux et des militants dénoncent les risques d’un accompagnement « low-cost ». Les départements financeurs assument leur choix au nom de l’« urgence ».
- Gironde : la ruée vers les conseillers conjugaux après deux ans de crise Covid | Actu Bordeaux (Alors que les confinements ont durement éprouvé les couples, les demandes de rendez-vous chez les thérapeutes augmentent au même rythme que les entrées en formation de conseillers)
- Politique managériale – Gros malaise à l’UTPAS de Lille-Vauban | Lien Social (À Lille-Vauban, les assistants de service social reprennent le travail après trois semaines de retrait. Dans un contexte de pression managériale et d’épuisement professionnel, une réunion a révélé l’état du malaise. Et entraîné trente-huit personnes à exercer leur droit de retrait). Rozenn Le Berre a rencontré les ass concernées.
- « Je sais où tu habites, je vais te butter » : une travailleuse sociale menacée de mort | Ouest France (L’homme auteur de ces propos a été interpellé dans le quartier de Chantenay, à Nantes et placé en garde à vue avant de passer devant le tribunal en comparution immédiate.)
- Pourquoi le dispositif de remboursement de séances chez un psychologue ne fait-il pas l’unanimité ? | France Culture (une nouvelle usine à gaz)
Vous êtes allé(e) au bout de cette revue de presse ? Bravo et merci ! Merci aussi à Michelle Flandre qui m’a aidé à la réaliser.