Pourquoi les aides sociales ne sont pas des trappes à inactivité ?

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Pourquoi les aides sociales ne sont pas des trappes à inactivité ?   Le journal « Alternatives Economiques » nous explique cela très bien. Il rappelle d’abord que ce type de débat n’est pas nouveau :

« toute une littérature s’est développée en économie autour de cette fameuse « trappe à inactivité » des aides sociales. Ces travaux réduisent généralement l’individu à la figure d’un calculateur préoccupé par son seul intérêt personnel, n’entreprenant une action qui si les gains (monétaires en premier lieu) qu’il en tire sont supérieurs aux coûts qu’il supporte en la réalisant ». Or ce n’est pas si simple.

« Beaucoup de chômeurs acceptent un emploi, alors même que cela se traduit dans l’immédiat par une dégradation de leur situation financière ». Gérald Darmanin déplore que le nombre de bénéficiaires de la prime d’activité augmente. Or, c’est précisément le signe de son efficacité. Cela veut simplement dire que le non-recours aux droits diminue.

Le journaliste Martin Anota nous rappelle aussi 2 évidences non prises en compte par les élus qui condamnent un peu trop facilement les aides sociales :

  1. S’il est peu rentable financièrement de retrouver un emploi, c’est peut-être parce qu’il y a trop d’emplois qui rapportent trop peu. Cette réalité est complètement occultée. Or le temps partiel qui conduit à mobiliser toute une journée une personne pour 3 à 4 heures de travail par jour avec un SMIC rend les conditions de vie d’une personne tout autant difficile qu’une personne avec un minima social. La situation évolue dès lors que le temps de travail augmente ou que le coût horaire de celui-ci est mieux rémunéré.
  2. Il n’est pas tenu compte de l’offre réelle d’emploi  :  l’économie a basculé dans la récession en 2008 et n’a par la suite connu qu’une faible reprise, les embauches se sont taries et les revenus des ménages ont stagné. S’il n’y a pas suffisamment d’offres d’emplois, fatalement les retours à l’emploi sont difficiles. C’est une autre « trappe » à inactivité dont personne ne parle. Et personnellement je trouve cela particulièrement malhonnête de faire comme si cela n’existait pas.

Pourtant, il existe des offres d’emploi notamment dans l’aide et l’assistance aux personnes. Oui mais,  Aider les autres, c’est un vrai métier particulièrement mal rémunéré. Le journal Ouest-France pose la question :   Comment se fait-il qu’une filière si riche en emplois, qui prévoit 70 000 embauches par an et 350 000 créations de postes en vingt ans, soit aussi une de celles qui ont le plus de mal à recruter ? Que des métiers si porteurs soit tant boudés ? L’explication est assez simple précise le quotidien : ce sont des métiers mal payés, peu qualifiés, éprouvants, avec beaucoup de temps partiels, des horaires morcelés. Féminins, à 90 %, les services à la personne comptent plus d’accidents du travail que le bâtiment.  Quant au salaire, sortez vos mouchoirs, celui d’une aide à domicile dépasse rarement les 7,83 € net par heure. pour des temps morcelés souvent à temps très partiel. C’est fréquemment au salarié de se débrouiller pour payer ses déplacements et le parcmètre.  Au final, il ne reste pas grand chose.

Bref, ces métiers si mal payés, éprouvant et très féminisés n’attirent pas les éventuel(le)s candidat(e)s : que faire alors   ? obliger les demandeurs d’emploi à y aller ? Pas sûr que la qualité des services rendus soit alors  au rendez-vous, car ces métiers sont aussi des métiers où la relation humaine est importante.

Il faut tout simplement les revaloriser. Comment ? et avec quel argent ? Toute la question est là.

 

 

 

Photo : PRO TimOve « Sucked into the ground » Prise le 4 mai 2008 «  Certains droits réservés

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