Le gouvernement a reçu hier mercredi 90 propositions pour « mieux verser les aides sociales, mieux prendre en charge les allocataires et permettre un retour rapide vers l’emploi des bénéficiaires du Revenu de Solidarité Active ». RTL précise que « Cinquante de ces propositions ont pour thème l’insertion des bénéficiaires du RSA, issues d’une mission confiée depuis la mi-juin à Claire Pitollat, députée des Bouches-du-Rhône, et à Mathieu Klein, Président du Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle ». « Les quarante autres préconisations sont issues d’une deuxième mission sur « le versement de la juste prestation sociale », confiée à la députée d’Ille-et-Vilaine Christine Cloarec et au sociologue Julien Damon ».
Une cellule d’urgence pour les allocataires du RSA
Les travailleurs sociaux vont sans doute être mis à contribution une nouvelle fois : le rapport préconise « Qu’en une semaine – huit jours tout au plus -, une personne qui touche le RSA devrait avoir une cellule d’urgence qui se met en place, avec des conseillers qui déterminent les besoins de la personne en difficulté et personnalisent l’accompagnement ».
Une cellule d’urgence ! voilà qui pourrait prêter à sourire quand ont sait dans quelles urgences les travailleurs sociaux se trouvent déjà, notamment les assistants sociaux de secteur qui doivent se démener pour éviter les expulsions, intervenir dans les situations d’enfants en danger et rétablir les droits des personnes exclues des dispositifs pour ne pas avoir su ou pu gérer leur dossier sur les plates formes internet.
Les travailleurs sociaux interviennent auprès des personnes inscrites à Pôle Emploi dès lors qu’elles rencontrent des problématiques sociales dans le cadre de ce qui est appelé « l’accompagnement global ». Pôle emploi a eu la possibilité de créer des centaines de postes sur tout le territoire qui ont été budgétés grâce à ce dispositif. Les travailleurs sociaux des Départements n’en n’ont eu aucun ! Ce type de convention ajoute une mission à celles qu’ils ont déjà sans moyens supplémentaire. Parler de moyens semble être devenu un gros mot dans nos institutions qui fonctionnent « à budget constant » depuis plusieurs années.
Ajouter une couche de recherche de solution « en urgence » parce que a personne perçoit le RSA ne résoudra pas la question de l’offre d’emploi ni de formation qui manque tout comme les emplois aidés supprimés il y a quelques mois par le gouvernement. (même s’il en est resté pour les associations et entreprises d’insertion). Pourtant ces emplois aidés qui permettent de tenter de remettre les personnes dans les conditions d’un travail classique considérés à Bercy comme « peu efficaces ». apportaient une réelle dignité pour celles et ceux qui en bénéficiaient.
Le versement du RSA par l’Etat « pour améliorer les résultats » ?
On le sait le versement du RSA par les Départements est insuffisamment compensé. Il est proposé que l’Etat reprenne la main sur le versement de la prestation. En quoi cela va-t-il permettre un meilleur accueil sur le terrain puisque le volet insertion reste géré par les Départements ? Certes il faut le constater, certains Départements ne jouent pas le jeu : ils n’ont pas mis en place de réelle politique d’insertion ni de moyens à la hauteur des besoins. Mais ceux qui l’ont fait et qui continuent de le faire ne sont pas vraiment récompensés de leurs efforts, et pour cause : s’il n’y a pas d’emplois accessibles mais aussi disponibles il n’y aura pas une diminution du nombre d’allocataires du RSA qui aujourd’hui continuent d’être stigmatisés.
Certains Départements ont mis en place des Plans Territoriaux d’Insertion, ils agissent, missionnent des professionnels d’insertion : mais que faire si les employeurs choisissent de ne recruter que les salariés « performants » et adaptables à de multiples postes ? Nous en sommes encore et toujours à la lutte des places où, face à 10 candidatures, une seule est retenue et 9 personnes restent sur le carreau. lors évidemment quand on est allocataire du RSA et que l’on est en concurrence avec des personnes qui viennent juste de perdre leur emploi, il n’y a pas photo.
Certes il y a des emplois non pourvus, je m’en étais expliqué il y a quelques mois : les chiffres sont là . Les statistiques de Pôle Emploi font apparaître que 203.000 postes n’ont pas été pourvus en 2017, faute de candidats. Dans un même 5.621.000 personnes qui sont en recherche d’emploi et sont pour cela inscrites à Pôle Emploi. Faites la différence. ce ne sont pas les emplois non pourvus qui régleront le problème.
Il y a aussi des mesures intéressantes qui sont proposées : que les entreprises puissent mettre en place un système de tutorat, afin d’accompagner la personne dans son intégration sur son poste. Oui tout à fait une personne qui reprend un travail après avoir passé de multiples années sans emploi est souvent en risque d’échec, tout simplement parce qu’elle est traumatisée et ne croit plus en elle. Là aussi il y a du travail à faire mais cela demande des moyens avec des créations de postes.il va falloir attendre un peu pour savoir si le gouvernement prévoie une dotation significative pour cela. Nous aurons la réponse le 13 septembre prochain.