Pauvreté : voici venir la stigmatisation au détriment de la Solidarité

https://dubasque.org/pauvrete-voici-venir-la-stigmatisation-au-detriment-de-la-solidarite

Pascal Brice et Lou-Jayne Hamida, respectivement président et vice-présidente de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), tirent la sonnette d’alarme face à la fragilité sociale croissante. Ils mettent en lumière la menace que représente la stigmatisation des pauvres et des étrangers, alimentée par la précarité grandissante d’une partie des classes moyennes. « La tentation de la stigmatisation des pauvres et des étrangers, alimentée par la fragilisation d’une partie des classes moyennes, est de plus en plus manifeste », soulignent-ils

les deux auteurs lancent un appel sur le site de la Fondation Jean Jaurès. Le titre de leur essai vise à nous interpeler : « La solidarité ou le chaos : l’heure des choix ».  En effet, la société est à un carrefour dangereux. D’un côté, il y a le chaos, alimenté par l’égoïsme et la peur. De l’autre, il y a la solidarité, qui nécessite une refondation du pacte social. « Nous sommes à la croisée de deux chemins » écrivent-ils. « Soit nous cédons à nos peurs et à nos égoïsmes et nous détruisons l’héritage si durement gagné, arraché à coup de larmes et de sang par nos aînés, et les indignités et les désordres iront croissants »

La Pauvreté s’enracine

La pauvreté, loin de diminuer, s’installe durablement dans la société française. Les auteurs citent des chiffres alarmants : « Elle concernait en 2020 en métropole au moins 9,2 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté monétaire, soit un taux de pauvreté de 14,6% ». Ils insistent sur le fait que cette pauvreté s’inscrit désormais dans diverses couches de la société, notamment chez les jeunes, les femmes seules avec enfants, et les personnes âgées.

Les politiques publiques doivent donc aller au-delà de la simple réduction du chômage et s’attaquer aux causes profondes de la pauvreté disent-ils. Mais ce n’est pas cette direction qui est prise actuellement. Au contraire la stigmatisation augmente. La loi en cours de discussion à l’Assemblée Nationale laisse supposer que les pauvres sont par essence des personnes qui ne veulent pas travailler, vivent des minima sociaux et s’en satisfont.

Il nous faut une vraie politique sociale

Les contrôles systématiques et permanents des allocataires des minimas sociaux ne font pas une politique sociale digne de ce nom. Pour sortir de cette impasse, Pascal Brice et Lou-Jayne Hamida estiment qu’il est nécessaire de refonder le pacte social sur des bases de justice, de solidarité et de transformation écologique. « Le moment est venu de réinventer la solidarité en reconstruisant les bases de la coopération entre personnes libres et responsables ». Cela implique des engagements réciproques entre la société et les individus, en prenant en compte les besoins collectifs et les possibilités de chacun.

C’est très différent de ce qui se construit à l’Assemblée Nationale. La Solidarité devient « sous conditions ». L’appel récent des Restos du Cœur et de l’ensemble des associations caritatives montrent que la situation se dégrade. Tous soulignent l’urgence de la situation. Les distributions alimentaires montrent combien la réalité vécue par les personnes est lourde. Il est temps de passer de mesures ponctuelles à des solutions structurelles pour lutter contre la pauvreté. Et pendant ce temps-là, l’Assemblée vote des textes qui vont conduire les plus pauvres à travailler quasi gratuitement pour pouvoir espérer subvenir à leurs besoins essentiels.

La stigmatisation des pauvres est en marche

Pascal Brice et Lou-Jayne Hamida s’alarment de la tentation croissante de stigmatiser les pauvres et les étrangers. Il est souligné qu’elle peut être alimentée par diverses couches de la société, y compris les classes moyennes et populaires. La stigmatisation des pauvres et des étrangers est une réponse croissante aux fragilités sociales, identitaires et écologiques. Notons aussi également que cette stigmatisation peut prendre différentes formes, y compris la discrimination et la punition en suspendant des prestations essentielles pour vivre. Les enfants vont-ils être victimes des suspensions ou suppressions des allocations essentielles pour vivvre ?

Les Dirigeants de la FAS proposent de refonder le contrat social sur des engagements réciproques entre la société et les individus qui la constituent. Leur objectif est de sauver une solidarité devenue indispensable face à la persistance de la pauvreté et aux formes croissantes de précarité sociale et écologique. Ils appellent chacun à prendre sa part dans cette refondation du pacte social, basée sur des engagements à la hauteur des possibilités et impossibilités de chacun.

Ce n’est pas le chemin que prend actuellement le gouvernement. Celui-ci s’inscrit dans une surenchère, une course à l’échalote avec la droite et l’extrême droite qui vise à considérer que les pauvres le sont parce qu’ils le veulent bien. Les faits sont têtus, les travailleurs sociaux sont bien placés pour témoigner sur ce sujet. Et encore une fois, personne ne souhaite les entendre.

 

 


Photo : Pascal Brice, Président de la Fédération des Acteurs de la Solidarité (FAS) sur France 5 le 3 juin 2023 (capture d’écran)

Articles liés :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.