« On a peur d’être maltraitants » / Nord : alerte sur la protection de l’enfance / Pauvreté : des plans « à côté de la plaque »

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« On a peur d’être maltraitants » : en Seine-Saint-Denis, l’impuissance des travailleurs sociaux du 115 face à la détresse de la rue.

Voici un reportage sur le terrain tout à fait révélateur du stress que vivent non seulement les personnes à la rue, mais aussi les travailleurs sociaux en charge de les aider. Charlotte Oberti d’Info Migrants est allé à la rencontre des professionnel(le)s qui travaillent à la plateforme d’urgence 115. Ils reçoivent des centaines de demandes d’hébergement par jour. Des demandes difficiles, voire impossibles à satisfaire.

La grande majorité des appels provient de familles à la rue, par des températures désormais hivernales. Acteurs d’un système saturé qu’ils dénoncent, les travailleurs sociaux du 115 se retrouvent « en première ligne » d’une détresse contre laquelle ils ne peuvent rien. « On est obligé de faire de la priorisation dans les priorités. Maintenant, les situations prioritaires, ce sont les femmes enceintes et celles sortant de la maternité. » précise Valérie Puvilland, directrice opérationnelle du SIAO. « Les hommes seuls, bien que majoritaires à la rue, sont devenus des interlocuteurs rares : beaucoup ne prennent plus la peine d’appeler. « Ils savent qu’il n’y a pas de place. »

La tâche du travailleur social est lourde explique Charlotte Oberti. Entre plusieurs appels, elle interroge Omar un travailleur social, « dépité, sitôt le combiné reposé ». « Cette personne n’aura certainement pas de place non plus ce soir », prédit-il. À son échelle, son pouvoir réside dans la classification des situations auxquelles il est confronté : après avoir raccroché, il doit noter, de 5 à 1, l’urgence de la situation des demandeurs. Oumar, comme les autres écoutants que nous avons pu suivre, sélectionne toujours « 1 », le rang le plus élevé. « Ma force, ça se limite à ça. C’est moi qui les ai au téléphone, c’est moi qui connais leur situation, mais ce n’est pas moi qui décide. »

« Ils sont nombreux parmi cette équipe de seulement 24 salariés, couvrant les 24 heures de la journée, à faire de leur mieux dans ces locaux austères, alors que le système ne permet guère d’espoir ».  Imane, 36 ans, régulatrice des équipes mobiles d’aide prend aussi la parole : « Pour moi, c’est très compliqué, très dur de passer d’un appel à un autre. C’est atroce, surtout quand on n’a pas de réponse à apporter. J’ai la boule au ventre à chaque appel », affirme-elle. Ne manquez pas ce reportage (lire l’article d’Infomigrants.net)

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Alerte sur la protection de l’enfance : le Défenseur des droits mène l’enquête dans deux départements

Solange de Fréminville dans un article de la Gazette des Commune rappelle ce « coup de tonnerre », le 15 novembre dernier. La Défenseure des droits Claire Hédon annonçait dans un communiqué qu’elle s’était saisi d’office de « la situation alarmante » de la protection de l’enfance dans le Nord et la Somme. Une procédure lancée au nom de « l’intérêt supérieur de l’enfant », à la suite des alertes des juges des enfants de ces départements sur les difficultés de l’aide sociale à l’enfance.

Pourquoi les départements du Nord et la Somme ? demande la journaliste qui sait bien que la situation est tout autant alarmante ailleurs. C’est, pour elle, la tribune signée par trois syndicats, de la magistrature, des Avocats de France et la section Sud des personnels du département du Nord, le 15 octobre, qui a mis le feu de poudre.

Le département 59 prévoit d’augmenter les moyens dévolus à ce secteur en 2023. Car il a fait face à une hausse inédite du nombre enfants et jeunes de moins de 21 ans confiés à l’ASE (+ 800 en 2022 par rapport à 2021). « Cette augmentation de l’activité procède aussi d’avancées réelles : les violences conjugales, intrafamiliales, ou encore la prostitution des mineurs sont mieux détectées et prises en charge », estime Anne Devreese, directrice générale adjointe enfance, famille, santé du département du Nord. (lire l’article de la Gazette des Communes

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« L’idée que tout le monde puisse devenir pauvre est une vue de l’esprit »

Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités, est interrogé par le journaliste de Ouest-France François Vercelletto. Un entretien à l’occasion de la publications du troisième rapport de l’observatoire sur la pauvreté en France. C’est un état des lieux qui tord le cou à bien des idées préconçues, sur les réalités vécues par quelque 4,8 millions de personnes, et qui propose des solutions concrètes.

La pauvreté n’est pas une situation figée, on en sort, on y entre… explique louis Morin. Mais dit-il aussitôt, Il y a des gens qui ne seront jamais pauvres. L’idée qu’à un moment donné tout le monde puisse devenir pauvre est une vue de l’esprit. L’évolution du taux de pauvreté est souvent mal interprétée. Un taux stable peut masquer des mouvements d’entrée et de sortie dans la pauvreté de grande importance. En France, nous avons beaucoup de mal à décrire ces mouvements.

« N’oublions pas le rôle des travailleurs sociaux qui sont en première ligne. Ils font un travail remarquable et s’emploient au quotidien à trouver des solutions pour les personnes dans le besoin. Et je suis frappé par les capacités incroyables des jeunes et plus généralement de tous ces publics en difficulté ». Tout en reconnaissant que notre système de protection sociale limite la pauvreté, Louis Maurin estime toutefois qu’il y a un décalage entre la volonté politique et l’ampleur des mesures à prendre .  »

« Tous les plans pauvreté sont complètement à côté de la plaque » dit-il. « Il y a beaucoup trop de gadgets, comme l’opération petits-déjeuners gratuits dans les écoles… La dernière grande mesure, c’est la CMU (couverture maladie universelle). Mais, aujourd’hui, je ne vois pas d’élan, alors qu’il faudrait porter un projet transpartisan ». (lire l’article de Ouest France)

 


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Vous êtes allé(e) au bout de cette revue de presse ? Bravo et merci ! Merci aussi à Michelle Flandre qui m’a aidé à la réaliser

photo : « le 115 : un abri au bout du fil ». Web TV de la Ville de Nanterre. capture d’écran. reportage Virginie Esacalada et Patrick Meynié février 2019

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